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La situation des jeunes des banlieues est notre problème à tous

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Rien de surprenant à ce que le gouvernement n’ait rien trouvé de mieux pour répondre à la colère et au désarroi des jeunes que la répression et une loi liberticide datant de la guerre d’Algérie. La « fracture sociale » qu’il faut éviter, c’est bon pour les discours à la veille d’élections. Mais traiter réellement le problème des injustices sociales, nos dirigeants en sont bien incapables parce que la société qu’ils défendent est une société qui génére des pauves et des laissés pour compte, pour le plus grand profit des plus riches. Et le non respect du droit et des règles, ils sont mal placés pour le reprocher aux jeunes défavorisés car ils sont les premiers à en donner l’exemple à tous les plans, au plan intérieur où la délinquance financière règne au plus haut niveau, comme dans leurs relations amicales avec des gangsters et des criminels qui pratiquent le terrorisme d’Etat en Irak ou en Palestine.
Il n’est pas simple de coordonner les luttes de tous ceux qui sont indignés par cette politique, en l’absence d’un grand parti qui ait la volonté de le faire. Mais nous devons essayer de travailler ensemble, banlieues ou pas, chômeurs et travailleurs, pour construire une alternative à cette société dégénérée que l’on veut nous imposer.
Ci-joints plusieurs textes que nous avons reçus et qui soulèvent les vrais problèmes.


Par Badia Benjelloun :

La banlieue, lieu jadis de ban-nissement et maintenant de relégation d’une population mise hors-loi, s’est déprise de son anémie et a repris de son ancienne couleur. Elle rougeoie de mille feux. Les murs des cités et les cages d’escaliers des tours et barres en cloisons de quelques misérables millimètres, faites de matériau inflammable et asphyxiant, se tiennent dorénavant seuls.
Tant pis s’ils s’effondrent.
Les jeunes qui étaient dévolus à les maintenir debout se sont échappés de ce lieu d’incarcération.
Brûlant les objets agités sous leur nez comme le bien suprême, et pour eux inaccessibles , ils rompent avec le rôle qui leur était assigné et font irruption dans le discours dominant avec une nouvelle identité à conquérir.
Inintégrables, asociaux, malfaiteurs, chômeurs patentés, profiteurs, antisémites, violeurs, dealers, caïds, islamistes, intégristes,terroristes, il n’y a eu de répit ces deux dernières décennies dans leur qualification.

Les politiques et les merdias, dans leurs liens vitaux d’interdépendance, se sont employés à qui mieux-mieux à les enclaver dans une définition de sous-humanité appuyée sur le socle idéologique poursuivi dans la continuité sans hiatus aucun érigé depuis la conquête impérialiste des colonies.

Quelques milliers de voitures calcinées. Un feu de baptême?
Un petit symptôme exprimé par les Sans-Droits vus jusque-là comme coupables d’être victimes d’un système qui les exclut par essence.
Le chômage structurel les affecte plus. La structure de l’école inégalitaire leur fait croire à leur inaptitude génétique au savoir.
Cette véritable violence qui consume leur vie, ils y ont répondu par une révolte qui leur restitue une dignité simplement par refus pour une fois d’une passivité devant une provocation éhontée de la puissance répressive.

Pendant ce temps, s’exercent de véritables hold-up au dépens du peuple français, passés sous silence.
Les privatisations des autoroutes , d’EDF , du transport urbainmarseillais, de la SNCM (etc…) sont des vols du bien public, payé et engrangé par nous tous.
Pendant ce temps, se prennent des mesures qui vont entériner que le droit de grève est suspendu à des décisions de « justice » qui va prononcer son illégalité.

Une jonction entre les revendications de ceux qui subissent directement l’application des mesures recommandées par le capitalisme financier international et les bannis des périphéries des grandes villes. Saura-t-elle se faire pour la naissance d’une nouvelle chose publique ?

****

Par Jean Baumgarten :

Le soulèvement de la jeunesse oubliée des banlieues françaises et les tâches du mouvement politisé .
Depuis les évènements de Clichy sous Bois de la fin octobre, les émeutes de jeunes se sont déclenchées dans toute la France, et ont pris au dépourvu :
– La presse écrite et audiovisuelle,
– le gouvernement : le chef de l’Etat Jacques Chirac, qui a communiqué le 6 novembre à la presse « qu’il s’exprimerait quand il aurait quelque chose à dire » montrant son culot et son incompétence!

Depuis il a laissé à Villepin le soin de le représenter pour mettre en avant sa nouvelle politique sécuritaire
scandaleuse ( on s’appuie sur une loi datant de la guerre d’Algérie -1955 – et de nouveau on gomme les banlieues « chaudes » de la carte et on en fait des zones de non-droit : comme l’était bien entendu l’Algérie à l’époque!!! )

Ne parlons pas des mesures sociales et économiques annoncées pour les dites banlieues : ce ne sont que promesses creuses et « communication » ( promesses non-chiffrées et aléatoires) dont on a l’habitude avec ce gouvernement d’incapables !

– Les syndicats ( qui ont d’autres chats à fouetter…)
– Et enfin la gauche officielle, celle qui a voté « oui » le 29 mai dernier et qui ne sait plus à quels saints se vouer : elle essaie de trouver des justifications à l’absence de … sa politique en direction de la jeunesse « défavorisée » qu’elle a conduite sous le règne de Mitterrand et sous celui de Jospin !
– Même le parti communiste français, dans un tract sorti le 7 novembre, se sent obligé de mettre les jeunes des
banlieues de côté, comme des pestiférés ! Et oublie de réclamer la première des choses : la démission immédiate de
Jacques Chirac !

Personne n’attendait, dans la situation actuelle marquée par une crise rampante des institutions, par une lassitude
et une colère des chômeurs, des pré-retraités des petites gens, des enseignants, et de toutes les catégories
sociales menacées soit par des licenciements soit par la privatisation de leur lieu de travail, que survienne cette
explosion de la jeunesse mal aimée dans ce pays!

Et s’il est vrai que cette jeunesse inexpérimentée, sans soutiens majeurs, en proie à une colère et une rage
immenses, se laisse aller quelque fois à des gestes « condamnables » , tous les objectifs fixés par elle :
– les écoles.( Oui je dis bien les « écoles »)
– les bus.
– les lieux publics.
– les entreprises.
– les restaurants ( Mac-do).
– les Mairies.
etc.etc.
sont des lieux qui à un degré ou à un autre représentent cet Etat qui a fait faillite dans la gestion de leur vie,
de celle de leurs parents, depuis une trentaine d’années.

En 2.002 j’ai fait paraître un livre aux éditions la Fabrique ( mais il est épuisé , suite à l’incendie des Belle Lettres où il était stocké.)
Je racontais, suite à une garde à vue de 23 heures que j’avais subie, ce qui s’était passé durant le réveillon de 1998 dans différentes banlieues, à savoir la mise à feu de centaines de véhicules par des jeunes survoltés …
Ce qui se passait donc déjà en 1998 ( sous le gouvernement de Lionel Jospin), nous le voyons encore plus fortement aujourd’hui.

A quand la jonction des luttes du mouvement des travailleurs, des lycéens, des étudiants, des chômeurs, des
travailleurs, avec ce mouvement des banlieues?

Quelques perspectives allant dans le sens d’une unification des luttes des jeunes des banlieues:
Je ne crois pas, bien entendu, que ce qui se passe aujourd’hui va permettre de  » casser l’Etat bourgeois » : mais ce mouvement des jeunes des banlieues apporte la preuve et l’exigence d’une solution radicale qui désormais s’impose dans notre pays. Il faut que les organisations, les groupes d’organisation, les comités, les syndicats et fractions de syndicats, les inorganisés qui se sont regroupés durant la préparation du vote « non » au referendum appellent tous clairement à la démission de cet incapable de Chirac, qui de toutes manières depuis le 29 mai a été déclaré illégitime !

Il faut que les luttes lycéennes, étudiantes, reprennent et tentent de faire la jonction avec les luttes des jeunes
de banlieue! Il est impossible d’attendre le printemps de 2007 ( les élections présidentielles) pour sortir le
pays de la crise dans laquelle il s’enfonce !
Il faut appeler dès maintenant à une candidature unique de la gauche, la vraie gauche du non au referendum pour se tenir prêts ( y compris dans une perspective d’élections présidentielles anticipées). Il faut comprendre que les petits jeux au sein du parti socialiste sont joués dès maintenant avant le congrès du 18-19 novembre, et que Hollande, Strauss-Kahn and co auront la majorité ! (Que les minorités du P.S.en tirent dès maintenant toutes les conclusions qui s’imposent…)
Il faut clairement comprendre que la voie d’une solution de grande ampleur à la crise de la société française ne
passe plus du tout par le parti socialiste ( à supposer qu’elle ait pu un jour y passer…)
Il faut faire comprendre aux jeunes des banlieues qu’ils ont leur place dans un grand mouvement de constitution
d’une force politique anticapitaliste qui seul pourra réellement régler des problèmes qui ne sont pas seulement
les leurs !

Ce mouvement est à l’ordre du jour dans toute l’Europe, mais le rejet du referendum par la France le 29 mai dernier
a donné un rôle moteur, un espace privilégié, à la France.

Il faut absolument que la gauche (la vraie) passe à l’offensive sur la question de la Palestine, une
question qui intéresse bigrement une grande majorité des jeunes des banlieues : il faut boycotter les produits
israéliens qui arrivent en France, il faut exiger l’arrêt des conditions d’entrée  » privilégiées » dans le marché
commun des produits israéliens, comme l’avait demandé le parlement européen en avril 2002, avec évidemment le non
respect des décisions du parlement européen par la Commission européenne!

Enfin il faut absolument que le non de « gauche » détermine dans les semaines qui viennent quel sera son candidat commun aux élections présidentielles françaises qui ne sauraient tarder : un tel candidat unique ( qui ne sera pas socialiste mais qui pourrait – par exemple- s’appeler José Bové ) aura la chance exceptionnelle d’arriver en tête au premier tour de l’élection présidentielle et de vaincre assurément au second tour.

***

Le communiqué de presse de l’Apeis :

Le slogan « Qui sème la misère récolte la colère » est bel et bien d’actualité suite aux déclarations incendiaires
de Sarkozy ; suite à la mort de Zyad Benna et Bouna Traoré dans des circonstances douteuses ; suite au déploiement
inconsidéré de forces de l’ordre en tenue de combat pour quadriller les quartiers populaires et en faire de fait
des ghettos ; suite, aussi et surtout, au fait qu’il y a 21% de chômage chez les jeunes des quartiers populaires,
chiffre qui atteint 43% quand ces mêmes jeunes sont issus de l’immigration.

On sait bien qu’en-dehors des coups nous n’avons rien à attendre de la droite, de « ceux d’en face », mais tout au
long des réactions dont nous abreuvent les hommes de gauche ayant volonté d’encadrer cette misère, les citoyens
redresseurs de torts se voulant compréhensifs, tout au long de leurs appels à la paix sociale, avez-vous remarqué
que la troisième personne (« ils », « eux ») est la seule utilisée pour causer d’une colère qui pourtant nous
concerne tous ? Une colère que nous partageons en fait dans notre grande majorité, nous les bannis des feux de la
rampe, les exploités, les abandonnés.

Le pétage de plomb n’est pas « jeune », il est généralisé, bien au-delà de ses conséquences visibles en couleur au
journal de 20h, sauf qu’une dépression ou un suicide sont moins spectaculaires qu’un bel incendie.
Quand t’en peux plus, t’exploses… quitte à éclabousser le voisin, car le temps de la réflexion et de l’analyse
est aussi un luxe. Alors on peut en écrire des pages, dire « qu’ils » (ces autres, ces étrangers à nos brillantes
analyses autoproclamées) auraient dû faire ci et pas ça, dire ceci au lieu d’attaquer cela, mais jusqu’à quand
va-t-on ignorer notre propre douleur, notre propre envie d’en finir avec une vie de survie ? Et surtout s’
apercevoir que « leur » révolte est NÔTRE, car eux c’est nous, nos enfants, nos frères, cousins, voisins.
La pensée de classe semble avoir bel et bien disparu du panorama des réflexions d’une gauche qui est moins de masse
que de plus en plus « à la masse »… En échange on y retrouve la peur du « gueux », du « voyou », de la «
racaille », de la « canaille », du « lumpen », la trouille de ce « prolétariat en haillons » qui grouille sous les
pieds de l’honnête salarié, prêt à lui saisir la cheville, lui casser sa bagnole et l’entraîner vers les affres du
chômage et de la précarité à tout crin. Ouh le méchant gueux qui ne fait que le jeu du FN, qui tape à côté et
préfère crâmer les miettes puisqu’il ne peut avoir le gâteau…

Crétin de gueux, tu crois qu’au Sahel ils seraient pas contents de les avoir les belles miettes de droits que tu as ?!
Ingrat de gueux, tu ne sais pas qu’il y a toujours eu la petite bourgeoisie humaniste pour recadrer ta colère comme
en 1789 afin de la rendre productive et te donner de beaux droits ?
Sale petit con de gueux, tu ne sais pas que pendant que tu baves d’envie aux vitrines de l’illusion capitaliste, la
vrai avant-garde éclairée n’a que faire de basses volontés de possession matérialiste et préfère lire des livres
qui causent de toi, pauvre gueux voyoutocrate transformé en glorieux prolétariat idéalisé ?
Aujourd’hui tu crâmes l’institution qui te tend la main, mais c’est pas parce que tu n’as pas de foie gras qu’il
faut brûler les toasts !!!
Salaud de pauvre, jamais content !
Ah, ce qui embête les politiques et les fabricants de boucs-émissaires, c’est peut-être qu’ils ne savent pas par
quel bout récupérer la colère populaire !
« On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’
enserrent ».

Serait-ce trop demander à la gauche que de réveiller sa propre révolte de son sommeil plein de compromis
confortables et d’exprimer sa fraternité aux insurgés en se rappelant cette phrase de Bertolt Brecht ?

***

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