Champion Languedoc-Roussillon des bienfaits de la colonisation depuis le début de la polémique sur la loi du 23 février 2005, le Président du conseil régional et dirigeant socialiste Georges Frêche a encore fait de la surenchère, au cours du week-end.
Georges Frêche avait recueilli le mois dernier les applaudissements du Front National après avoir entonné, en plein Conseil Régional, le tristement célèbre « Chant des Africains », qui était, au temps des colonies, l’hymne des partisans de l’Algérie française.
Samedi, il a été l’initiateur de l’un des trois rassemblements, pas un de moins, organisés dans la région pour réclamer le maintien de l’article 4 de la loi vantant la colonisation, dont Chirac et Villepin ont promis l’abrogation.
Les deux premiers rassemblements, auxquels ont pris part quelques centaines de personnes, étaient le fait de députés UMP, avec le renfort du Front National et autres nostalgiques de l’Algérie française, parmi lesquels des « représentants », de plus en plus auto-proclamés, d’Européens d’Algérie et de harkis. (les harkis, rappelle-t-on, étaient des supplétifs enrôlés, souvent de force, par l’armée française pour réprimer le peuple algérien pendant la guerre de libération nationale. A l’indépendance, en 1962, le gouvernement français refusa d’embarquer une partie de ces harkis, qui furent la cible de sanglantes représailles sur place. Quant à ceux qui furent autorisés à se réfugier en France, ils y furent parqués dans des camps par le gouvernement, et rencontrèrent, souvent autant que les autres Maghrébins immigrés, les discriminations économiques et raciales).
A « son » rassemblement, auquel participait un autre dirigeant du Parti Socialiste, Jack Lang, Georges Frêche s’en est pris violemment au responsable d’une association harkie, lequel avait eu le malheur d’assister le matin aux manifestations de la concurrence UMP-Front National.
Frêche a commencé par accuser ce harki (ou plus exactement ex-harki, voire descendant de harki), nommé Abdelkader Chebaiki, de ne pas avoir la reconnaissance du ventre : « Je vous ai donné un emploi de pompier, alors faites votre boulot, et fermez votre gueule », lui a crié le cacique languedocien.
Mais il est allé ensuite beaucoup plus loin, comme en témoignent ces éructations, que même le vieillissant Le Pen a fini par bannir de son vocabulaire : « Les harkis se sont faits égorger comme des porcs », « Les gaullistes ont massacré les vôtres en Algérie, et encore vous allez leur lécher les bottes », « Vous êtes des sous-hommes, vous n’avez aucun honneur » !
Des organisations anti-racistes, ainsi que l’association de Chebaiki, ont annoncé leur intention de porter plainte.
On attend également la réaction des instances dirigeantes du Parti Socialiste, qui n’a « découvert » la loi du 23 février 2005 que 8 mois après son adoption (avec des votes de députés socialistes, après que des anti-colonialistes antillais, comme Aimé Césaire, étaient parvenus à faire éclater le scandale.
Quant aux représentants locaux de la « gauche plurielle » (socialistes, communistes, verts, radicaux de gauche…), ils disposent d’une majorité politique et arithmétique au Conseil régional, qui leur permettrait, s’ils en avaient la volonté, d’assainir un minimum l’institution, et de déboulonner Frêche sans coup férir. A voir le climat pourri qu’ils ont jusqu’à présent laissé s’instaurer dans la région, on peut avoir les plus grands doutes.
Par CAPJPO-EuroPalestine