Une fois de plus Sarkozy n’a pas hésité à prendre la très grave responsabilité de déclencher la violence en France après l’enlèvement et l’assassinat barbare de Ilan Halimi. Annonçant à l’Assemblée Nationale, malgré les informations contraires des enquêteurs, que l’on avait trouvé des documents pro-palestiniens et salafistes au domicile des criminels, Sarkozy a bel et bien fait ce qu’il fallait pour inciter une fois de plus à la haine raciale et pour mettre de l’huile sur le feu, alors que non seulement aucun document pro-palestinien n’a été trouvé chez les auteurs de l’enlèvement et du meurtre, mais que le mobile antisémite des ravisseurs n’est toujours pas avéré.
Qu’importe si ensuite des agressions sont commises par des juifs qui brandissent le désir de revanche. C’est ainsi que des violences à l’encontre de passants ayant le malheur d’être trop bronzés ou de porter un keffieh ont été commises dimanche lors de la manif contre l’antisémitisme en France organisée à l’initiative d’institutions juives. Parions qu’ils resteront impunis. (« Des jeunes éléments circulant en bande s’en sont pris à un photographe, qu’ils ont roué de coups. Un passant, qui portait un keffieh, a été molesté, son foulard arraché et piétiné », a rapporté Le Monde).
Comment se fait-il que personne au sein du cortège, ni les associations juives, ni les politiciens de tous bords présents, ne se soit offusqué de défiler aux côtés de la Ligue de Défense Juive, qui a paradé avec ses drapeaux et scandé des slogans menaçants, qui est connue pour sa violence et ses entrainements militaires en France. Des manifestants ont chassé Devilliers mais ne sont pas gênés de défiler avec cette association d’extrême-droite, interdite aux Etats-Unis et classée dans les associations terroristes.
Ci-dessous une photo publiée sur le site du Nouvel Obs. http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060227.OBS8541.html montrant des militants fascistes de la LDJ brulant un keffieh palestinien avec en fond une banderole de la LICRA.
Qu’importe si un meeting sur la situation au Proche-Orient que nous organisions jeudi dernier à Paris est perturbé par des excités qui viennent chercher l’affrontement, qui sont expulsés sans violence de la salle, et qui vont ensuite se plaindre à la police et auprès des responsables de l’université d’avoir été « brutalisés en réunion » !
Sarkozy a choisi de donner le la : une fois de plus, il cherche à stigmatiser toute une communauté en France, vise les musulmans. Mais ce n’est pas perdu pour tout le monde. L’Agence Juive et l’Hachomer Hatzaïr viennent de se féliciter de ce que l’émotion suscitée en France par le meurtre d’Ilan Halimi leur a permis d’obtenir, hier, du gouvernement français et de la région Ile-de-France la diffusion dans les lycées de la région parisienne d’une brochure pour « expliquer le conflit israélo-palestinien, le sionisme, la démocratie… » et autres notions, dont on imagine qu’ils ne risquent pas de mettre en évidence le caractère criminel de l’occupation israélienne.
Voici donc que, nous contribuables, allons devoir payer pour l’information dispensée dans nos écoles par Israël, le tout sous couvert « d’éducation à la tolérance », avec comme cache-sexe la participation « d’intellectuels de premier plan de différentes confessions ».
Dans le quotidien israélien Haaretz, Yoni Smadja, secretaire general de la branche française de l’Hachomer Hatzair, explique : « Les brochures ont été soumises au ministère (français, ndlr) de l’education il y a deux ans, et l’approbation est arrivée il y a deux semaines. Au début, il était question d’une distribution très limitée, mais après le meurtre de Ilan Halimi, ils nous ont proposé d’en diffuser des milliers, voire plus. L’attitude de l’establishment sur l’antisémitisme et la xénophibie était très frileuse, mais depuis l’assassinat d’Halimi, nous sentons que les choses se débloquent plus rapidement. Un accord est en vue cette semaine sur la diffusion de cette brochure auprès de quelque 400.000 lycéens. »
« Cette brochure, rapporte au quotidien israélien Yoni Smadja, a été conçue en mars 2003, après que des jeunes juifs de l’Hachomer Hazair avaient été agressés en France par des participants à une manifestation contre la guerre en Iraq ».
http://www.haaretzdaily.com/hasen/spages/688596.html
(traduit par CAPJPO-EuroPalestine)
Il nous semble important de réagir, en vous inquiétant de ces dérives auprès :
– du Président de la République, 55 rue du Faubourg Saint-Honoré. 75008 Paris (libre d’affranchissement)
– et du Ministre de l’Education, en ce qui concerne la brochure qui doit être diffusée dans les lycées de la région Ile-de France,
à l’initiative de l’Agence Juive. ( 110 rue de Grenelle. 75357 Paris 07 SP. Fax : 01 55 55 38 17.
E-mail de la
responsable de la communication au Ministère de l’Education : guenola.ducouedic@education.gouv.fr )
La ministre israélienne des affaires étrangères est parait-il attendue aujourd’hui même à Paris pour rencontrer la famille Halimi et les responsables du gouvernement français. Imagine-t-on une seconde un ministre des affaires étrangères d’un pays arabe venir en France de cette manière après le meurtre de français d’origine arabe ou musulmane ? De tels assassinats, dont le mobilie raciste est avéré, ne manquent pourtant pas en France. Quant aux enlèvements — plus nombreux que ne l’on croit en France — de personnes dont les familles n’entendent plus jamais parler, pourquoi le gouvernement et les médias les passent-ils le plus souvent sous silence ? Ce deux poids, deux mesures, est une fois de plus insupportable et de nature à renforcer le communautarisme et toutes ses dérives.
Communautarisme, dans ce qu’il a de plus odieux, entretenu par différents médias soi-disant respectacles. Nous venons en avoir un exemple de plus avec le « reportage » publié le 26 février dernier par Luc Bronner dans Le Monde. Nousvous laissons juge de ce type de procédé qui favorise l’imaginaire, les fantasmes, la peur, au détriment des faits et de la raison. Le Monde s’était déjà fait remarquer lors de l’affaire du RER D par un « reportage » inqualifiable où le journaliste se mettait « dans la peau de Marie » et « revivait en direct son agression » pour mieux en faire ressentir l’horreur à ces lecteurs. Il n’y avait qu’une fausse note : l’agression n’avait jamais existé.
Article du Monde parue sous le titre « A Créteil, le sentiment d’insécurité de la communauté juive » :
« Henriette Hamias, 32 ans, française de confession juive, a choisi de faire évoluer son apparence pour pparaître « moins typée ». Pour « faire française » et « moins juive », elle porte des lentilles teintées en bleu qui dissimulent ses yeux marron. Elle a coloré quelques-unes de ses mèches en blond et ne porte plus d’étoile de David autour du cou. Faire « profil bas », se rendre invisible pour prévenir d’éventuelles agressions antisémites.
Le meurtre d’Ilan Halimi a décuplé le sentiment d’Henriette de vivre sous une menace permanente. Et la nécessité pour elle, juive non pratiquante, de modifier sa vie quotidienne dans la banlieue parisienne. La jeune femme habite Maisons-Alfort (Val-de-Marne) et travaille dans une rôtisserie casher de Créteil. Elle évite au maximum de sortir seule. Et a inscrit ses enfants dans une école privée juive alors qu’elle préférerait les scolariser dans le public. Dimanche 26 février, elle manifestera à Paris pour dénoncer l’antisémitisme.
Sa tante, Lydia, 53 ans, qui tient le commerce avec elle, raconte, sous couvert de l’anonymat, que sa fille de 20 ans est toujours accompagnée pour aller à ses cours de Torah le soir. Elle dit avoir peur chaque fois que sa fille de 10 ans sort les poubelles ou va faire des courses : « Ce qui est arrivé à Ilan peut arriver à n’importe qui. »
Comme Henriette, Lydia n’a jamais été victime d’une agression antisémite mais peut raconter d’innombrables épisodes décrits par des voisins, des amis ou des membres de la « communauté ». Face à ces témoignages, les statistiques officielles collectées par la police ne pèsent pas lourd : le nombre d’actes antisémites a diminué dans le Val-de-Marne, passant de 105 actes en 2004 à 56 en 2005 ; mais la communauté juive fait état d’une tension permanente, ce que ses représentants ont rappelé avec vigueur lors d’une rencontre avec le préfet du département, jeudi 23 février, à la synagogue de Créteil.
Dans la rôtisserie, un homme d’une cinquantaine d’années, Moshé S., se glisse dans la conversation. Il est venu, ce matin-là, pour faire signer une pétition sur l’insécurité autour des écoles juives de Créteil. Lui aussi affirme, en réclamant l’anonymat, avoir dû modifier son attitude face aux menaces qu’il perçoit autour de lui : dans la rue, il porte une casquette censée dissimuler sa kippa aux yeux d’agresseurs éventuels.
En plus de la pétition, il suggère aux commerçants d’instaurer un service d’ordre local qui serait chargé de surveiller les nombreux commerces communautaires dans une ville qui compte, selon le rabbin, quelque 22 000 juifs sur 87 000 habitants. « On pourrait avoir des vigiles devant les commerces. Et une cinquantaine de personnes mobilisables par téléphone ou par talkie-walkie en cas de problème », assure-t-il. Lydia et Henriette se disent favorables à l’initiative. Car le meurtre d’Ilan n’est pas perçu comme un « fait-divers » mais comme la conséquence d’une dégradation de la société.
Dérive dont les « jeunes des cités » sont rendus responsables. Parfois très durement. « Mes enfants peuvent devenir amis d’un Arabe. Mais j’aurai toujours peur d’un coup de poignard dans le dos », indique Henriette en assurant que tout les oppose aux « Arabes » dans le mode de vie, le comportement et même la façon de marcher…
Ilan Halimi avait le même âge, 23 ans, que Jonathan Gamrasni, le propriétaire de la rôtisserie qui emploie les deux femmes. Le choc du meurtre fait dire au jeune commerçant que « la France importe ce qui se fait dans d’autres pays ». « On assiste à une rébellion des jeunes des cités », explique-t-il en référence aux violences urbaines de novembre 2005. Lui continue d’habiter Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) malgré les insultes entendues lorsqu’il était plus jeune.
Son ami, Stéphane Bonan, 24 ans, venu discuter dans la rôtisserie, se désole de constater que les clichés sur les juifs continuent d’être utilisés. Il s’interroge sur la « passivité » et l' »indifférence » dans les banlieues : « L’attitude des voisins qui n’ont rien dit me rappelle des épisodes sombres de l’histoire de France. » De cette tristesse générale, l’étudiant en droit veut, malgré tout, tirer un motif d’espoir : traumatisée, la communauté juive continue de croire en la justice française. « Il y a eu deux morts à Clichy-sous-Bois et ça a donné des émeutes pendant des semaines. Nous, on manifeste et on attend que la justice fasse son travail. »