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Les généraux israéliens ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin…

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Nous publions ci-dessous les mises en garde d’Ilan Pappe concernant la volonté des généraux israéliens de mettre à feu et à sang toute la région. Merci à Mireille de Planète Non Violence (www.planetenonviolence.org) pour sa traduction.


Que veut Israël ?

par Ilan PAPPE

(…) Mêmes les rapports les plus partiaux dans la presse israélienne de ce que l’armée a proposé au gouvernement d’Ehud Olmert comme opérations possibles dans les jours à venir, indiquent clairement ce qui enthousiasme les généraux israéliens ces derniers jours.

Rien de moins qu’une totale destruction du Liban, de la Syrie, et de Téhéran.

Les politiciens au sommet ne se maîtrisent plus, d’une certaine façon. Ils ont partiellement satisfait aux besoins dévorant de l’armée pour « un conflit de haute intensité ». Mais leur politique actuelle est déjà entamée par la propagande militaire et son discours. C’est pourquoi Zipy Livni, la ministre des affaires étrangères, une personne habituellement intelligente, a pu dire avec naïveté à la télévision israélienne ce soir ( 13 juillet 2006) que le meilleur moyen de récupérer les deux soldats capturés c’était de « détruire totalement l’aéroport international de Beyrouth ». Les ravisseurs et les armées qui ont des prisonniers de guerre vont bien sûr immédiatement acheter des billets d’avion pour eux-mêmes et les 2 soldats pour le prochain vol en partance d’un aéroport international. « Mais ils peuvent les faire passer en les cachant dans une voiture » insistaient les interviewers. « En effet » a-t-elle dit, » c’est pourquoi nous devons aussi détruire toutes les routes au Liban qui mènent vers l’extérieur ».

Des bonnes nouvelles pour l’armée, détruire les aéroports, mettre le feu aux réservoirs de pétrole, détruire des ponts, endommager des routes et infliger des dommages collatéraux à une population civile. Au moins, l’armée de l’air peut montrer sa « réelle puissance » et compenser pour les années de frustration pendant les « conflits de basse intensité » qui a envoyé les meilleurs et plus les acharnés d’Israël courir après des garçons et des filles dans les allées de Naplouse ou d’Hébron. A Gaza, l’armée de l’air a déjà largué 5 de ces bombes, alors que les six dernières années elle n’en avait larguée qu’une.

Cependant, ceci n’est peut être pas suffisant pour les généraux israéliens. Ils ont déjà dit clairement à la télévision que « nous ici en Israël nous ne devons pas oublier Damas et Téhéran ». Les expériences passées nous enseignent ce que ces déclarations veulent dire, et nous devons nous confronter à notre amnésie collective.

Le cas des soldats captifs à Gaza et au Liban a déjà été soustrait de l’agenda public ici. Il s’agit de détruire le Hezbollah et le Hamas une fois pour toute et non pas de ramener les soldats à la maison. De la même manière en été 1982, le public israélien avait complètement oublié la victime qui a fourni l’excuse au gouvernement de Menahem Begin pour envahir le Liban. C’était Shlomo Aragov, l’ambassadeur d’Israël à Londres contre lequel une tentative d’assassinat avait été menée par un groupe dissident palestinien. L’attaque contre sa personne avait servi de prétexte pour l’invasion du Liban et celui d’y rester pendant 18 ans.

Des voies alternatives au conflit ne sont même pas considérées en Israël, même pas par la gauche sioniste. Personne ne mentionne d’idées de bon sens comme l’échange de prisonniers ou le début d’un dialogue avec le Hamas et d’autres groupes palestiniens au moins sur un long cessez le feu pour préparer le terrain à de futures négociations politiques conséquentes. Cette voie alternative du futur a déjà le soutien des pays arabes, mais hélas seulement d’eux. A Washington, Donald Rumsfeld a peut être perdu certains fonctionnaires au Département de la Défense, mais il en reste néanmoins le secrétaire. Pour lui, la destruction totale du Hamas et du Hezbollah – quel qu’en soit le prix, à l’exception de vies américaines – justifiera la théorie du troisième monde qu’il a propagé des le début 2001. La crise actuelle pour lui est un combat juste contre un petit axe du mal – loin du chaos de l’Irak et devançant les buts jusqu’ici non atteints de « guerre contre le terrorisme » – la Syrie et l’Iran. Si effectivement, l’Empire servait jusqu’à un certain point en Irak le proxi (Israël ndt), le soutien total du président Bush aux agressions israéliennes à Gaza et au Liban, montre que peut être le moment est venu de rembourser : maintenant, le proxi doit sauver l’Empire embourbé.

Le Hezbollah veut récupérer le morceau du sud Liban qu’Israël continue d’occuper. Il veut aussi jouer un rôle majeur dans la politique libanaise et faire preuve de solidarité idéologique à la fois avec l’Iran et la lutte palestinienne en général, et celle islamiste en particulier. Les trois buts ne se complètent pas toujours ce qui a eu pour résultat une guerre très limitée contre Israël ces 6 dernières années. La résurrection totale du tourisme du côté israélien de la frontière avec le Liban prouve que, contrairement aux généraux israéliens, et pour des raisons qui lui sont propres, le Hezbollah se satisfait largement d’un « conflit de basse intensité ». Si et quand une solution raisonnable est trouvée à la question palestinienne, même cette impulsion du Hezbollah disparaîtra. Avancer de quelques mètres en territoire israélien, est une énorme action. Mener des représailles contre une telle opération de faible amplitude par des actions de guerre totale et de destruction prouve clairement que ce qui compte ce n’est pas le prétexte mais le grand projet.

Il n’y a rien de nouveau là-dedans. En 1948, les palestiniens ont opté pour un conflit de très basse intensité quand l’ONU leur a imposé une décision qui leur enlevait des mains la moitié de leur patrie et la donnait à une communauté de nouveaux venus et de colons, la plupart d’entre eux arrivant après 1945. Les dirigeants sionistes ont attendu longtemps cette opportunité et ont lancé une opération de nettoyage ethnique qui a provoqué l’expulsion de la moitié de la population autochtone du pays, détruit la moitié de ses villages, et entraîné le monde arabe dans un conflit inutile avec l’occident, dont les puissances étaient déjà sur le chemin de la sortie avec le déclin du colonialisme.

Les deux projets sont interdépendants : plus la puissance militaire israélienne s’étend, plus il est facile de compléter ce qui a été laissé en chantier en 1948 : la dés arabisation totale de la Palestine.

Ce n’est pas trop tard pour stopper les plans israéliens de créer une nouvelle et terrible réalité sur le terrain. Mais la fenêtre entrouverte risque de se refermer et le monde doit agir avant qu’il ne soit trop tard. »

Ilan Pappe 14/07/06 .

Article publié sur Electronic Intifada www.electronicinfada.org rubrique opinion sous l’intitulé « What does Israel Want ? » traduction bénévole pour information à caractère non commercial par MD pour Planète Non Violence.

Ilan Pappe est historien, il enseigne à l’Université de Haïfa

CAPJPO-EuroPalestine

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