Au lendemain des déclarations de sa porte-parole, Marie-George Buffet, qui avait implicitement approuvé, publiquement, la politique du gouvernement français vis-à-vis du Liban, le Parti communiste a publié un texte nettement plus nuancé.
Marie-George Buffet a été reçue mardi après-midi, avec les chefs de tous les partis représentés au Parlement, par le Premier ministre Dominique de Villepin.
A sa sortie, interrogée par les radios immédiatement après le chef du PS François Hollande, qui venait de donner un véritable blanc-seing aux agissements du gouvernement, et par conséquent à sa criminelle complicité avec les dirigeants israéliens, Marie-George Buffet a abondé : « On se retrouve sur cette position », a-t-elle déclaré. Ce qui a permis aux commentateurs de presse de conclure, sans être démentis, « qu’il y a un consensus gouvernement-opposition sur la question du Liban ».
Après les propos de sa porte-parole, répercutés à des millions d’auditeurs et de lecteurs de journaux, le Parti communiste a cependant publié un communiqué plus détaillé, que voici :
LIBAN : IMPOSER LE CESSEZ-LE-FEU
Le Parti communiste exprime sa profonde émotion et sa consternation
devant l’escalade de la violence à Gaza et au Liban. Les
bombardements intensifs d’infrastructures civiles ont fait plus de
380 victimes innocentes, dont de nombreux enfants, et des centaines
de blessés. Le peuple libanais, qui a déjà connu plus de 17 ans
de guerre, est à nouveau pris en otage. L’ampleur des destructions
ramène le Liban plus de 20 ans en arrière.
Les communistes expriment donc leur solidarité à l’égard du peuple
libanais et des Français vivant aujourd’hui au Liban.
La France appelle aujourd’hui, par la voix de son gouvernement, à
un cessez-le-feu sous conditions. Exiger un cessez-le-feu et organiser
un corridor humanitaire est une bonne chose. Mais dans la
lignée des positions américaines et israéliennes, on ne peut laisser
imposer des conditions, à savoir le désarmement unilatéral du
Hezbollah, pour obtenir l’arrêt des hostilités. Une telle position n’est
pas à la hauteur de la gravité de la situation et ne permettra pas
d’arrêter les violences et les bombardements. Le désarmement du
Hezbollah ne peut être que le résultat d’un consensus inter-libanais.
C’est d’ailleurs ce que proposent la quasi-totalité des forces politiques libanaises, ainsi que le gouvernement de ce pays.
En outre, au vu des profonds liens d’amitié existant entre la France
et le Liban, au vu de l’ampleur des destructions là bas, le gouvernement
ne peut pas laisser Israël détruire ce pays sans réagir !
Il faut exiger, comme l’a fait Marie-George Buffet mardi à Matignon devant Dominique de Villepin, un
cessez-le feu sans conditions. Et pour cela :
– imposer l’arrêt immédiat des bombardements et des incursions israéliennes au Liban et en Palestine.
– L’arrêt de tirs de roquettes du Hezbollah et du Hamas.
– Effectuer un échange de prisonniers.
– Toutes les personnes «soldats israéliens, élus et ministres palestiniens» détenus dans le cadre de cette crise doivent être libérés sans conditions.
– Garantir le respect absolu des conventions de Genève et du droit
humanitaire. La sécurité des missions humanitaires et des secours d’urgence doit être garantie.
– Exiger le retrait des troupes israéliennes de Gaza et du Liban.
– Une force internationale sous l’égide de l’ONU devrait être chargée de faire respecter le cessez le-
feu et de sécuriser la zone.
Au-delà d’un cessez-le feu, il est urgent de se mobiliser pour réunir les conditions d’une paix durable au Proche-Orient. Le défi posé à la communauté internationale est considérable. La France et ses partenaires européens doivent être à la hauteur et faire preuve d’initiatives.
Une conférence internationale, dans le cadre de l’ONU doit être convoquée pour obtenir et garantir des avancées décisives :
La mise en oeuvre d’un nouveau processus de règlement politique du conflit israélo-palestinien. Pour cela, il faut tout de suite rétablir les financements internationaux de l’autorité palestinienne. L’objectif est d’aller vers un règlement global comprenant la création d’un Etat Palestinien dans les frontières de 1967, la sécurité pour tous, la libération de tous les prisonniers palestiniens et libanais en Israël.
La garantie d’une pleine souveraineté libanaise où seul un Etat démocratique et non confessionnel puisse disposer de la force armée.
Seul un accord politique par consensus inter-libanais doit permettre l’obtenir le désarmement du Hezbollah. La définition dans le cadre de l’ONU des conditions régionales de la sécurité et d’un désarmement multi- multilatéral, notamment nucléaire, multilatéral, impliquant tous les pays concernés y compris l’Iran et Israël.
Parti communiste français