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Triste état des lieux en Israël

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Deux éditoriaux de Uri Avnery (Gush Shalom) qui dressent un état des lieux du fiasco israélien, tant du côté des militaires que des politiques, sans parler des mouvements israéliens soi-disant « pour la paix ».


« LE MASSACRE DE CANA – UN CRIME DE GUERRE ! »

Juste après l’annonce du massacre de Cana aujourd’hui (30 juillet), des manifestations spontanées de protestation près du ministère de la Défense ont commencé à Tel-Aviv. Le soir, une manifestation plus importante s’est tenue. En dépit du fait que celle-ci ait été très peu annoncée, plus de 200 personnes se sont rassemblées, comprenant des militants de Gush Shalom, du Haddash, des Anarchistes contre le Mur, de Taayush et d’autres organisations.

Cette fois-ci, un groupe de membres du Meretz, en rébellion contre la direction du parti, était également présent. Il comprenait les anciens députés du Meretz Yael Dayan et Naomi Hazan. Etaient également présents le député du Haddash Dov Hinin et l’ancienne députée Tamar Gojansky.

La Paix Maintenant était remarquable par son absence. Le directeur de cette organisation, qui a cessé depuis des années d’exister en tant que mouvement de la paix actif, se montre maintenant dans les médias comme un des soutiens les plus enthousiastes de la guerre. Quand un journaliste a écrit par erreur que La Paix Maintenant avait pris part à la manifestation, le directeur l’a vigoureusement démenti.

Les dirigeants du Meretz, Yossi Beilin, Haim Oron et d’autres, excepté le député Zahava Galon, soutiennent aussi publiquement la guerre.

« Peretz, Peretz, ne t’en fais pas / tu retrouveras Bush à La Haye ! » , criaient les manifestants dans leurs mégaphones, propos que l’on pouvait clairement entendre à l’intérieur du ministère. La Haye, bien sûr, est le siège de la Cour pénale internationale. « Peretz, tu as promis l’éducation et des retraites / Tout ce que tu nous apportes, ce sont des tanks et des cadavres ! » ; « Les enfants veulent vivre / aussi bien à Beyrouth qu’à Haïfa ! » ; « Tuer des enfants est un crime de guerre ! » ; « Les travaillistes au gouvernement / n’apportent que la guerre ! » ; « L’accord d’Olmert avec Bush / guerre et occupation ! » (Tout cela rime en hébreu).

« Affirmer que les habitants de Cana avaient été prévenus qu’ils devaient quitter leurs maisons est pure hypocrisie », a déclaré l’ancien député Uri Avnery. « Dès le premier jour de la guerre, notre armée a bombardé les routes et des familles entières ont été tuées de ce fait. Celles-ci en ont conclu qu’il est plus sûr de rester dans un abri à la maison que de se déplacer sur les routes. » Avnery a ajouté qu’« un commandant qui lance des bombes et des obus sur une zone habitée doit savoir que de tels désastres sont susceptibles d’arriver. »

« Le criminel revient toujours sur le lieu de son crime », a déclaré le porte-parole de Gush Shalom Adam Keller, en référence au massacre qui a eu lieu à Cana en 1996, quand Shimon Pérès s’est engagé dans une guerre au Liban. « Ce massacre a contraint Pérès d’arrêter sa guerre. La conclusion est que nous devons arrêter cette guerre tout de suite, avant qu’il soit trop tard. »

De l’autre côté, une petite contre-manifestation a eu lieu. D’habitude, ce sont les fascistes du groupes Kahane qui soutiennent la guerre, mais cette fois-ci ce rôle était tenu par des membres du parti travailliste.

Au cours de la manifestation, une unité spéciale anti-émeutes est apparue et, pendant un moment, il a semblé qu’elle était prête à attaquer les manifestants, mais elle s’est contentée de leur faire dégager la route.

Après deux semaines et demi d’étouffement de toute voix contre la guerre, cette manifestation a été couverte par la TV et la radio.

En même temps, des manifestations ont été organisées dans tout le pays, la plupart par des citoyens arabes.

[Traduit de l’anglais « The Kana Massacre – a War Crime ! » : RM/SW]

Uri Avnery
2 août 2006

Le poignard dans le dos

(…)LA SIMPLE VÉRITÉ est que jusqu’à maintenant, au 22e jour de la guerre, pas une seule cible militaire n’a été touchée. La même armée à qui il n’a fallu que six jours pour mettre en déroute trois puissantes armées arabes en 1967 n’a pas réussi à venir à bout d’une petite « organisation terroriste » dans un laps de temps déjà plus long que celui de la grande guerre du Yom Kippour. A l’époque, l’armée a réussi en vingt jours seulement à transformer une défaite importante au début en une éclatante victoire à la fin.

Pour donner une image positive, les porte-parole militaires ont affirmé hier que « nous avons réussi à tuer 200 (ou 300 ou 400, qui en fait le compte ?) des 1.000 combattants du Hezbollah ». L’affirmation que l’ensemble du terrifiant Hezbollah comprend mille combattants parle d’elle-même.

Selon les correspondants, le Président Bush est frustré. L’armée israélienne n’a pas « été à la hauteur ». Bush a envoyé les Israéliens à la guerre en croyant que la puissante armée, équipée des armes américaines les plus modernes, « finirait le travail » en quelques jours. Elle était supposée éliminer le Hezbollah, transformer le Liban en laquais des Etats-Unis, affaiblir l’Iran et peut-être même ouvrir la route à un « changement de régime » en Syrie. Pas étonnant que Bush soit irrité.

Ehoud Olmert est encore plus furieux. Il s’est lancé dans la guerre plein d’optimisme et le cœur léger, parce que les généraux de l’armée de l’Air avaient promis de détruire le Hezbollah et ses roquettes en quelques jours. Maintenant il est enlisé, et aucune victoire n’est en vue.

(…) Cette guerre est une suite d’échecs militaires – dans les airs, sur terre et sur mer.

Ces échecs ont leurs racines dans la terrible arrogance dans laquelle nous avons été élevés et qui est devenue partie intégrante de notre caractère national. Cette arrogance est encore plus typique dans l’armée et elle atteint son summum dans les forces aériennes.

C’est parce que l’autre face de notre arrogance est le profond mépris pour les Arabes, attitude qui nous a déjà conduits à de cuisantes défaites militaires dans le passé. Il suffit de se rappeler la guerre de Yom Kippour. Aujourd’hui nos soldats apprennent à leurs dépens que les « terroristes » sont hautement motivés, de durs combattants, et non pas des drogués rêvant de « leurs » vierges au Paradis.

Mais au-delà de l’arrogance et du mépris pour l’adversaire, il y a un problème militaire fondamental : il est tout simplement impossible de gagner contre une guérilla. Nous l’avons bien vu lors notre présence de 18 ans au Liban. Nous en avons alors tiré l’inévitable conclusion et nous sommes partis. Certes, sans réflexion, sans accord avec l’adversaire. (Nous ne parlons pas avec les terroristes, n’est-ce pas ? – même s’ils sont la force dominante sur le terrain.) Mais nous sommes partis.

Dieu seul sait ce qui a donné aux généraux d’aujourd’hui la conviction injustifiée qu’ils gagneraient là où leurs prédécesseurs avaient si lamentablement échoué.

Et surtout : même la meilleure armée du monde ne peut pas gagner une guerre qui n’a pas d’objectifs clairs. Karl von Clausewitz, le gourou de la science militaire, a déclaré que « la guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens. » Olmert et Peretz, deux parfaits dilettantes, ont transformé cette phrase en : « la guerre n’est rien d’autre que la continuation par d’autres moyens de l’absence de politique. » (…)

QUE VA-T-IL sortir de toute cette pagaille ?

Personne ne parle plus d’éliminer le Hezbollah ou de le désarmer et de détruire toutes ses roquettes. C’est oublié depuis longtemps.

Au début de la guerre, le gouvernement a catégoriquement rejeté l’idée du déploiement d’une force internationale, quelle qu’elle soit, le long de la frontière. L’armée croyait qu’une telle force ne protégerait pas Israël mais ne ferait que restreindre sa liberté d’action. Maintenant, soudain, le déploiement de cette force est devenu le principal objectif de la campagne. L’armée continue l’opération seulement afin de « préparer le terrain pour la force internationale », et Olmert déclare qu’il continuera à combattre jusqu’à ce qu’elle soit sur le terrain.

C’est, bien sûr, un pitoyable alibi, un prétexte pour faire marche arrière. La force internationale ne peut être déployée qu’en accord avec le Hezbollah. Aucun pays n’enverra ses soldats dans un lieu où ils auraient à combattre les autochtones. Et partout dans la zone, les habitants chiites retourneront dans leurs villages, y compris les combattants clandestins du Hezbollah.

De surcroît, cette force sera totalement dépendante du Hezbollah. Si une bombe explose sous un bus plein de soldats français, on entendra crier à Paris : ramenez nos fils à la maison. C’est ce qui s’est passé quand les Marines américains ont été bombardés à Beyrouth.

Les Allemands, qui ont choqué le monde cette semaine en s’opposant à l’appel pour un cessez-le-feu, n’enverront certainement pas des soldats à la frontière israélienne. Il ne leur manquerait plus que d’être obligés de tirer sur des soldats israéliens.

Et, par-dessus tout, rien n’empêchera le Hezbollah de lancer ses roquettes au-dessus de la tête de la force internationale, quand il le voudra. Que fera alors la force internationale ? Conquérir toute la zone jusqu’à Beyrouth ? Et comment Israël répondra-t-il ?

Olmert veut que la force contrôle aussi la frontière libano-syrienne. Cela aussi est illusoire. Cette frontière s’étend sur tout l’ouest et le nord du Liban. Ceux qui voudront faire passer des armes éviteront les routes principales contrôlées par les soldats internationaux. Ils trouveront des centaines d’endroits le long de la frontière pour le faire. Avec des pots-de-vin adéquats, on peut tout faire au Liban.

Donc, après la guerre, nous en serons plus ou moins au même point qu’au début de cette triste aventure, avant le meurtre de près d’un millier de Libanais et d’Israéliens, avant l’expulsion de leurs maisons de plus d’un million d’êtres humains, Israéliens et Libanais, avant la destruction de plus d’un millier de maisons, tant au Liban et en Israël.

La conclusion qui s’impose est : chasser Olmert, envoyer Peretz faire ses bagages et virer Halutz.

Pour s’engager dans une nouvelle voie, la seule qui résoudra le problème, il faut des négociations et la paix avec les Palestiniens, les Libanais, les Syriens. Et avec Hamas et Hezbollah.

[Traduit de l’anglais « The Knife in the Back » : RM/SW]

CAPJPO-EuroPalestine

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