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L’inlassable reconstruction du patrimoine historique de Naplouse par Nassir Arafat

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Un hommage dans le quotidien britannique, The Guardian, à notre ami Nassir Arafat, architecte de talent, que nous avons eu le plaisir d’accueillir en France récemment, et inlassable reconstructeur des maisons détruites par l’armée israélienne, et notamment de tout ce qui appartient au patrimoine culturel et historique de la vieille ville de Naplouse.


“Le réparateur de dégâts”

par Conal Urquhart

Nassir Arafat a la reconstruction dans le sang. En 1938 l’armée britannique avait fait exploser sa maison familiale de Naplouse. En tant qu’architecte, son travail consiste à restaurer des milliers de bâtiments endommagés par les forces israéliennes au cours de leurs raids sur Naplouse.
Il vit et il travaille dans la vieille ville, la Kasbah de Naplouse qui a connu le plus de violence au cours des six dernières années. A chaque coin de rue, il y a des bâtiments endommagés, ou un mémorial aux militants et aux civils tués par les israéliens.

La Kasbah est un enchevêtrement d’hôtels, d’églises, de mosquées, de jardins cachés et de fontaines asséchées. Viande et saucisses sont suspendues aux arcades et on sent dans l’air l’odeur du café moulu et du pain chaud. Des petits porches conduisent à des galeries voûtées et à des maisons de famille.

Des boutiques pareilles à des grottes vendent des épices et des graines, tandis que dans d’autres boutiques, des pâtissiers fabriquent des rondelles de khanafeh en orange grillée, un délicieux gâteau au fromage.

Dans le passé, le pacha et les marchands vivaient au coude à coude avec les pauvres, mais maintenant c’est surtout les pauvres qui vivent dans les labyrinthes de la Kasbah. Comme dans toutes les zones très pauvres de Naplouse, comme les camps de réfugiés d’Askar et de Balata, des groupes de militants s’activent.

Les murs sont couverts de posters à l’effigie des morts et à chaque angle de rue il y a des bâtiments endommagés ou des plaques de marbre en mémoire des militants armés et des civils qui ont été tués dans le voisinage. Vendredi, les rues s’étaient de nouveau remplies de gens en deuil tirant en l’air, tandis que deux hommes qui avaient été tués au cours d’un raid israélien sur le camp de réfugiés de Balata étaient transportés de l’hôpital jusqu’à leurs tombes.
Nassir Arafat, 38 ans, a six projets en cours dans la Kasbah. « Depuis que j’ai obtenu mes diplômes, je travaille sur la conservation, mais depuis 2000 je n’ai rien fait d’autre que reconstruire », dit-il.

La Kasbah a une population de 12500 personnes vivant dans 2500 maisons. En six ans, il y a eu 4000 rapports sur les dommages causés à ces maisons, dont certaines ont été frappées plusieurs fois.

Le travail de Mr. Arafat prend bien des formes. Juste à l’extérieur de l’entrée Ouest de la Kasbah, il y a la maison d’une famille de marchands de Naplouse, construite à la fin du 19è siècle. Ses murs extérieurs sont simples mais la richesse de la famille se révèle dès l’entrée par sa voûte travaillée. En Janvier 2005, l’armée israélienne a fait exploser à proximité trois blocs d’appartements en étages, après avoir échoué à trouver à l’intérieur un fugitif. Le souffle a causé des dommages à la charpente de cette maison de Naplouse et Nassir Arafat a dessiné et placé une armature de métal autour du bâtiment pour que le bâtiment reste en place.

Quant on entre à l’Ouest de la Kasbah, juste à l’entrée, se trouve un espace de 1000 mètres carrés qui n’a rien à voir avec la vieille et populeuse cité. « Je l’appelle notre « Ground zero parce que, par rapport à Naplouse, il occupe trois fois plus d’espace que le « Ground Zero » de Manhattan » dit-il.

Les habitants de cet espace ont reçu l’ordre de partir en avril 2002 et quand ils sont revenus le lendemain matin, neuf maisons familiales et trois fabriques de savon avaient été complètement rasées.

Aggravant la crise, une rumeur selon laquelle il y avait des gens ensevelis dessous a donné lieu à une recherche désespérée. On n’a retrouvé aucun corps.

Rumeur qui a rencontré un terrain fertile car huit membres de la famille Shabi avaient effectivement été enterrés vivants quand un bulldozer a défoncé leur maison. Mr Arafat a participé à cette recherche et était présent quand au bout de six jours les corps ont été retrouvés, entassés ensemble près d’une issue bouchée.

Cette semaine le travail de reconstruction de la maison a commencé, maison qui abritait 34 autres familles. « Je suis très heureux de revenir ici comme architecte et non plus comme sauveteur », dit-il. Les ouvriers sont en train de creuser le site et de ramasser la maçonnerie d’origine. Partout il y a des vêtements d’enfant, des jouets, et des objets personnels.

The Guardian, 3 novembre 2006

Traduit par Carole Sandrel pour CAPJPO-EuroPalestine.

CAPJPO-EuroPalestine

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