Header Boycott Israël

« Israël ou la Shoah comme alibi « , par Dror ETKES

Partagez:

L’instrumentalisation de l’Holocauste par l’Etat d’israël revisitée par l’israélien Dror Etkes dans Haaretz (article daté du 22 décembre et traduit par D.Hachilif).


« Le rideau est tombé sur la comédie de l’absurde initiée par le régime iranien la semaine dernière – un événement qui a assemblé des figures marginales parmi les négationistes de la Shoah et des chercheurs «alternatifs».

En Israel la conférence a été couverte avec emphase concernant les déclarations des participants et les réactions des politiciens israéliens. Il est vrai que derrière la conférence internationale se tenait un pays qui déclare son désir de provoquer la chute « du régime sioniste » – mais au delà se pose un problème plus crucial à savoir le lien entre l’identité israélienne contemporaine et l’Holocauste.

« Si l’Holocauste est mis en doute, alors l’identité du régime sioniste sera de facto remise en cause ». Par ces mots prononcés à la session d’ouverture par le ministre des affaires étrangères iranien Manouchehr Mottaki, on voit que le régime iranien a correctement identifié les liens étroits qui unissent en Israel, l’holocauste et la politique locale. Bien que l’Holocauste soit un événement majeur de l’histoire contemporaine de l’Occident et qu’il ait acquis une signification propre à l’échelle de l’humanité, il continue, plus de 60 ans après, à servir d’alibi à Israel dans ses choix politiques déviants.

De droite comme de gauche y compris leurs ramifications extrêmes, les politiciens israéliens continuent à se servir de l’Holocauste de façon cynique et éhontée. Bien qu’il existe un lien considérable et complexe entre l’Holocauste et la culture politique israélienne, il n’y a pas – il n’a jamais eu – aucune raison d’utiliser la Shoah pour justifier la politique mise en œuvre depuis 40 années maintenant dans les territoires palestiniens.

L’attitude (cynique) des politiques israéliens envers l’Holocauste ne découle pas vraiment de la manière dont il faut répondre aux déclarations incendiaires du Président iranien Mahmoud Ahmadinejad et ses propagandistes, qui s’adressent surtout à leur public.

L’instrumentalisation de l’Holocauste peut se lire dans le comportement des politiciens israeliens envers les dizaines de milliers de survivants qui ont connu le génocide dans leurs chairs gravés par les Nazis à l’eau forte et dans leurs esprits et qui vivent ici dans des conditions honteuses et au-dessous du seuil de pauvreté.

Cependant, la prise en charge des survivants apparemment est moins payante pour les politiciens qui cherchent à faire l’unanimité que le culte des morts. De ce fait, comme il a été récemment publié dans Haaretz, l’Etat continue à détourner l’argent des Réparations (payés par l’Allemagne) au détriment des centaines de milliers de survivants – et de façon criminelle en négligeant bon nombre d’entre eux.

L’utilisation primaire que fait le régime iranien de l’Holocauste n’est rien d’autre qu’une image en miroir de l’instrumentalisation de ce drame dans la vie politique en Israël. Un des objectifs de la campagne iranienne « pour rechercher la vérité historique » entourant l’Holocauste est de mettre à nu le système des justifications que la politique israélienne a été habituée -systématiquement et trop fréquemment- à employer contre toute critique de ses politiques, comme étant localement et/ou à l’étranger de l’antisémitisme.

Ainsi le rôle de l’holocauste comme justification unique pour l’existence d’Israel est mis à mal, alors qu’il faudrait mettre l’accent aujourd’hui sur le fait que plus de 7 millions de personnes d’origines et des nationalités diverses vivent dans ce pays – un endroit qui est dans la plupart des cas leur seul foyer possible.

Si le ministre des affaires étrangères iranien dit vrai et si c’est l’Holocauste qui est la seule justification du projet sioniste aujourd’hui, alors le moment est venu en effet pour une révision radicale du concept du sionisme. Et il serait bon que cela soit entrepris avant qu’Ahmadinejad et ses associés ultra-Orthodoxes de Brooklyn ne lancent une nouvelle initiative.  »

Dror Etkes
HAARETZ 22/12/2006

TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR D. HACHILIF

CAPJPO-EuroPalestine

Partagez: