Des écrivains connus comme Harold Pinter, des acteurs, réalisateurs, universitaires… au total 130 personnalités juives viennent de faire passer un encart dans le magazine Times pour dénoncer le comportement des institutions juives qui s’arrogent le droit, en Angleterre, de défendre la politique israélienne au nom de l’ensemble des juifs du pays.
Ci-dessous l’article du quotidien Haaretz de mardi qui se fait l’écho de la polémique ouverte en grande-Bretagne par des personnalités, qui ont formé un groupe intitulé « Voix Juives indépendantes » et qui dénoncent le chantage à l’antisémitisme, l’islamophobie et autres comportements odieux de certaines institutions juives, qui s’arrogent en outre le droit de parler au nom « des juifs ».
« Un nouveau groupe de pression formé de personnalités britanniques juives veut ouvrir le débat sur le conflit israélo-palestinien parmi les juifs britanniques »
Par Amiram Barkat, correspondant d’Haaretz
« Un groupe d’artistes, d’intellectuels et d’universitaires juifs a lancé ce lundi un mouvement pour défier la principale organisation juive établie depuis très longtemps en Grande Bretagne et d’ouvrir le débat sur le conflit du Proche-Orient.
Le groupe, appelé « Voix Juives Indépendantes (IJV) » s’est annoncé par placards publicitaires dans le Times, dans la Chronique Juive. L’un de ses fondateurs, Dr. Brian Klug, philosophe à l’université d’Oxford, a publié un article dans le Guardian intitulé « qui parle au nom des juifs en Grande-Bretagne ?».
Klug a écrit que pendant la guerre du Liban, le Conseil des Députés Juifs de Grande Bretagne a organisé un rassemblement de solidarité pour proclamer « que la communauté juive britannique parle d’une seule voix pour soutenir le gouvernement israélien dans ses opérations militaires. ». Klug souligne que « cela est faux parce que les juifs étaient l’année dernière profondément divisés sur les campagnes militaires israéliennes à Gaza et au Liban» et que les différents courants d’opinion de la communauté juive britannique ne sont pas prises en compte par «ces institutions qui prétendent représenter la communauté juive dans son ensemble.»
Le groupe a précisé sur internet qu’il a « donc résolu de favoriser l’expression de voix juives alternatives, notamment en ce qui concerne la grave situation au proche-Orient, qui menace l’avenir à la fois des Israéliens et des Palestiniens».
Dans sa réponse à l’IJV, Jon Benjamin, président du Conseil des Députés Juifs britanniques, affirme que son groupe « rassemble des opinions diverses, et qu’il traduit leur soutien à Israël sans commenter pour autant chaque action politique du gouvernement israélien». Il ajoute : « Si Brian Klug et les autres signataires de l’IJV étaient engagés dans la vie de la communauté juive, au lieu de crier hors de lignes de touche, ils sauraient que la plupart des juifs sont en désaccord avec eux sur l’essentiel de ce qu’ils disent.»
Parmi les 130 signataires des « Voix Juives Indépendantes », on trouve notamment le dramaturge Harold Pinter, l’acteur et réalisateur Stephen Fry, le réalisateur de films Mike Leigh et la réalisatrice de mode Nicole Farhi.
Une des fondateurs du groupe IJV, Jacqueline Rose, explique : « Nous avons voulu créer une atmosphère où les gens peuvent s’exprimer sans être accusés d’être des traîtres, des antisémites ou des rénégats, en faisant appel à la tradition juive qui sous-tend les droits de l’homme.»
Fry, qui s’est peu exprimé jusqu’ici sur les questions juives, a donné son appui en disant : « Je suis fier de prêter mon nom à un groupe de libre-pensée comme celui-ci.»
Les principes fondamentaux du groupe sont de lutter contre le racisme en général, ce qui inclut le combat contre l’anti-sémitisme, l’islamophobie et la haine contre les arabes. Le groupe n’a pas formulé de position vis-à-vis d’un règlement du confict israélo-palestinien, mais il soutien que les Israéliens et les Palestiniens ont le même droits de vivre en paix et en sécurité, et le même devoir de respecter le droit international.
Le Blog du site internet du Guardian a largement relayé hier l’action de l’IJV, en soulignant que les organismes dits représentifs des juifs britanniques, empêchent aujourd’hui toute critique d’Israël d’être entendue. Le Conseil des Députés Juifs Britanniques, qui a été créé en 1760 et se veut la «voix de la communauté juive britannique» a été le plus critiqué.
Klug a indiqué que le Conseil des Députés Juifs Britanniques n’a aucun droit de parler au nom de la communauté juive dans son ensemble. Il a également critiqué le Grand Rabbin de Grande-Bretagne, Jonathan Sacks, pour avoir dit au du rassemblement pro-israélien à Londres l’année dernière : «Israël, Tu nous rend fiers », alors que d’autres juifs épruvaient intensément le sentiment inverse. »
Amiram Barkat
« New group aims to open debate among British Jews on Israel »
HAARETZ 06/02/2007
(Traduit de l’anglais par D. HACHILIF)
CAPJPO-EuroPalestine