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Noam Chomsky : les dessous mafieux de la politique americaine au Moyen-Orient

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Ci-dessous des extraits d’une interview de Noam Chomsky par Michael Shank, concernant les dessous mafieux de la politique américaine au Moyen-Orient.


Chomsky : Je ne pense pas que la solution iranienne ait une quelconque relation avec les armes nucléaires. La réalité c’est que ce pays est au centre des ressources mondiales d’énergie. A l’origine les Britanniques, et les Français, accessoirement, l’avaient dominé; puis après la Seconde Guerre Mondiale, il devint la chasse gardée des Américains. C’est l’un des fondements de la politique étrangère américaine que les ressources énergétiques du Moyen Orient doivent être contrôlées. Ce n’est pas un problème d’approvisionnement comme le répètent souvent, à tort, les gens. Une fois le pétrole sur les mers il va partout. En fait même si les Etats Unis n’utilisaient pas le pétrole du Moyen Orient, ils auraient la même politique. Si demain nous adoptons l’énergie solaire, ils garderaient la même politique. Jetez juste un coup d’œil au dossier ou à la logique qui le sous-tend, l’enjeu a toujours été le contrôle. Le contrôle est la source du pouvoir stratégique.

Dick Cheney déclarait au Kazakhstan ou ailleurs que le contrôle des pipelines est « un instrument d’intimidation et de chantage ». Quand nous avons le contrôle des pipes lines c’est un outil de notre de notre bonté. Si ce sont d’autres pays qui contrôlent les sources d’énergie et leur distribution, c’est un instrument d’intimidation et de chantage, exactement comme le dit Cheney. Cela doit être compris dans le sens qui lui a été donné par George Kennan juste après guerre quand il faisait remarquer que si les Etats Unis contrôlaient les ressources du Moyen Orient elles disposaient d’un veto sur ses rivaux industrialisés. Il visait spécialement le Japon mais c’est devenu général.

Shank : Donc quand les Etats Unis étudient une invasion potentielle vous pensez que c’est dans l’optique de gagner le contrôle ? C’est ce que les Etats Unis gagneront d’une attaque contre l’Iran ?

Chomsky : Dans le cas iranien, il y a plusieurs enjeux. L’un est que l’Iran est indépendant et l’indépendance n’est pas tolérée. Quelques fois sur le registre interne cela s’appelle du défi. Prenons l’exemple de Cuba. Une très large partie de la population américaine est favorable à l’établissement des relations diplomatiques avec Cuba et l’a été depuis longtemps avec quelques variations. Et même une partie du monde des affaires l’est aussi. Mais le gouvernement ne le permettra pas. C’est attribué au vote de la Floride mais je ne crois pas à ce genre d’explication. Les affaires à l’échelle internationale fonctionnent à la manière de la mafia. Le parrain n’accepte pas la désobéissance même venant d’un petit commerçant qui ne paye pas sa dîme. Vous devez avoir l’obéissance sinon l’idée se répand que vous pouvez ne pas obéir et elle peut se diffuser dans des endroits importants.

Si vous revoyez le dossier, quelle a été la raison principale de l’attaque américaine du Vietnam ?

Le développement de l’indépendance peut se révéler un virus qui affecte les autres. C’est de cette manière qu’a été posé le problème par Kissinger quand il parlait du Chili. Et avec Cuba c’est explicite dans le registre interne. Arthur Schlesinger, présentant le rapport du Groupe d’Etudes sur l’Amérique Latine au nouveau Président Kennedy, écrivait que le danger était la propagation des idées de Castro de prendre son destin en mains, ce qui a un écho important chez ceux de la même région qui souffrent des mêmes problèmes. Les derniers documents internes accusaient Cuba de défier les politiques américaines en remontant 150 ans en arrière c’est à dire à la Doctrine Monroe et cela ne peut être toléré. Donc il y a en sorte un engagement permanent pour assurer l’obéissance.

Revenons sur le cas de l’Iran, ce n’est pas seulement qu’il dispose d’importantes ressources et qu’il est une part du système mondial d’énergie mais qu’aussi il a défié les Etats Unis. Comme nous le savons, les Etats Unis avaient renversé le régime parlementaire, installé un tyran brutal, l’ont aidé à développer le pouvoir nucléaire. En fait les mêmes programmes qui sont considérés maintenant comme une menace ont été sponsorisés par le gouvernement américain, par Cheney, Wolfowitz, Kissinger et d’autres dans les années 1970, tant que le Shah était au pouvoir. Mais les Iraniens l’ont renversé et ont gardé des otages américains pendant des centaines de jours. Les Etats-Unis apportèrent dès le début leur soutien à Saddam Hussein et à sa guerre contre l’Iran comme moyen de punir l’Iran. Les Etats Unis continuent de punir l’Iran, à cause de son insoumission.

Et de nouveau la volonté de la population américaine et du monde américain des affaires n’est pas considérée comme pertinente. Soixante quinze pour cent de la population ici sont favorables au développement de relations avec l’Iran, au lieu de menaces. Mais ce n’est pas pris en compte. Nous n’avons pas l’assentiment du monde des affaires mais il est clair que celui de l’énergie serait heureux que l’on l’autorise à revenir en Iran au lieu de laisser tout à ses rivaux. Mais l’Etat ne le permettra pas. Il pose les bases d’une confrontation très explicitement. Pour une part pour raison stratégique, géopolitique, économique mais d’autre part à cause du complexe mafieux. Ils ont désobéi, ils doivent être punis.

Shank : Comment l’impasse politique au Liban influence t-elle la décision du gouvernement US pour aller potentiellement en guerre contre l’Iran? Il y a t-il un lien ?

Chomsky : Il y a un lien. Je suppose qu’une part de la raison de l’invasion américano-israélienne du Liban en juillet [et c’est bien américano-israélienne, les libanais ont raison de l’appeler comme ça] c’est que Hezbollah est considéré avoir un effet dissuasif pour une attaque potentielle américano-israélienne contre l’Iran. Il a une capacité dissuasive, c’est à dire les fusées. Et le but, je suppose, était d’effacer l’effet dissuasif et d’ouvrir la voie aux américains et aux israéliens pour une éventuelle attaque contre l’Iran. C’est au moins une part de la raison. La raison officielle avancée ne peut être pour le moment prise au sérieux, à savoir la capture de deux soldats israéliens et le meurtre de deux autres. Pendant des décennies Israël a enlevé, kidnappé des réfugiés libanais, palestiniens sur les hautes mers de Chypre au Liban; les a tués au Liban, les a emmenés en Israël, les gardant comme otages. Cela a duré des décennies, est-ce quelqu’un a appelé pour autant à envahir Israël ?

Bien sûr, Israël ne veut d’aucun concurrent dans la région. D’ailleurs, l’un des derniers actes de l’invasion américano-israélienne, juste après que le cessez le feu qui a été annoncé et avant sa mise en application, a été de saturer une grande partie du Sud avec des bombes à fragmentation. Il n’y avait pas un objectif militaire à cela, la guerre était finie et le cessez le feu était en route.

Les groupes de déminage des Nations Unies qui y travaillent disent que l’échelle est sans précédent. C’est pire que n’importe quel endroit où ils ont travaillé: Kosovo, Afghanistan, Irak, et autres. On suppose qu’un million de bombes ont été laissées là. Une grande partie n’explose que juste quand vous les ramassez, ou un enfant les ramasse ou qu’un fermier les tape avec sa houe ou autre chose. C’est ce qui fait que pratiquement le Sud est inhabitable jusqu’à ce que les équipes de déminage pour lesquelles les Etats Unis et Israël ne contribuent pas, l’aient nettoyé. C’est une terre arable. Cela signifie que les fermiers n’y peuvent revenir. Cela signifie que le potentiel de défi de Hezbollah est sapé. Apparemment, elles ont été pas mal retirées du Sud, d’après l’ONU.

Vous ne pouvez mentionner le Hezbollah dans les médias américains sans lui coller « Hezbollah soutenu par l’Iran ». C’est son nom. Son nom c’est Hezbollah soutenu par l’Iran. Il obtient l’aide iranienne. Mais vous pouvez mentionner Israël sans dire Israël soutenu par les Etats Unis. Ceci est plus une propagande tacite. L’idée est que Hezbollah agit comme agent de l’Iran est très douteuse. Ce n’est pas accepté par les spécialistes de l’Iran ni par ceux du Hezbollah. Mais c’est la ligne du parti. Parfois vous pouvez l’adosser à la Syrie, c’est à dire « Hezbollah soutenu par la Syrie » mais comme pour le moment la Syrie offre moins d’intérêt, alors il faut mettre l’accent sur le soutien iranien.

Shank : Comment le gouvernement américain pense qu’une attaque contre l’Iran est réalisable étant donné les troupes disponibles, la capacité de ces troupes et l’opinion publique.

Chomsky : Autant que je sache, les militaires aux Etats Unis pensent que c’est fou. Et de n’importe quelle fuite qui nous provient des services de renseignements, ceux-ci pensent que c’est incongru mais pas impossible. Si vous jetez un coup d’œil aux gens qui ont été impliqués au Pentagone dans la planification stratégique pendant des années, un homme comme Sam Gardiner, ils font remarquer qu’il y a des choses qui peuvent être faites.

Je ne pense pas qu’un commentateur extérieur au moins autant que je sache, ait pris au sérieux l’idée de bombarder les installations nucléaires. Ils disent que s’il y a bombardement ce sera un tapis de bombes. Donc atteignez les installations nucléaires, mais atteignez le reste du pays aussi, avec une exception. L’essentiel des ressources mondiales en énergie, suite à un accident géographique, se trouve dans les zones à dominance chiite. Le pétrole iranien est concentré juste à côté du golfe, qui se trouve être une zone arabe et non persane. Khuzestan est arabe, a été loyal envers l’Iran, s’est battu aux côtés de l’Iran et non de l’Irak dans la guerre Iran-Irak. Ceci est une source potentielle de discorde. Je serais stupéfait si un attentat n’intervenait pas pour pousser des éléments séparatistes au Khuzestan. Les forces américaines stationnées juste de l’autre côté des frontières de l’Irak, porteuse de tensions, sont potentiellement disponibles pour « défendre » un Khuzestan indépendant contre l’Iran. C’est comme ça que seraient présentées les choses s’ils peuvent les faire.

Shank : Vous pensez que la tension c’est dans ce but?

Chomsky : C’est une possibilité. Il y avait un rapport sur la stratégie du Pentagone paru en décembre 2004 dirigé par Gardiner. Il a été publié dans Atlantic Monthly. Ils n’ont pu fournir une proposition qui ne conduise au désastre. Une des options consiste à maintenir les troupes en Irak au delà de la période de la relève et ainsi de suite et les employer pour un mouvement potentiel sur terre en Iran [supposé Khuzestan] là où se trouve le pétrole. Si vous pouvez réussir cela, vous pouvez juste bombarder le reste du pays et le réduire en poussière.

Je serais étonné si des efforts ne sont pas entrepris pour aider des mouvements séparatistes quelque part ailleurs, parmi les populations Azeri par exemple. Il y a un mélange ethnique assez complexe en Iran; une grande partie de la population n’est pas persane. Il y a des tendances séparatistes de toute façon et presque certainement; sans rien connaître des faits, les Etats Unis essayent de les remuer pour casser le pays intérieurement si possible. La stratégie semble être : essayer de casser le pays intérieurement, essayer de pousser les dirigeants à être durs et brutaux autant que possible.

Car c’est la conséquence immédiate des menaces constantes. Tout le monde le sait. C’est l’une des raisons pour laquelle des réformistes comme Shirin Ebadi et Akbar Ganji et d’autres se plaignent amèrement des menaces américaines qui minent leurs efforts de réformer et démocratiser l’Iran. Mais c’est vraisemblablement l’objectif. Puisque c’est une conséquence évidente vous devez supposer que c’est le but. Comme en matière de loi, les conséquences anticipées d’un acte sont considérées comme preuve de l’intention. C’est si évident dans ce cas que vous ne pouvez le mettre en doute.

Ainsi en premier lieu la pression du politique serait pour pousser les mouvements séparatistes, surtout dans les régions riches pétrolières, les régions arabes près du golfe, les régions Aziri et d’autres. En second lieu, pour pousser le pouvoir à être le plus brutal, le plus dur et le plus répressif possible, pour pousser au désordre sur le plan interne et peut être à la résistance. En troisième lieu, c’est de faire pression sur les autres pays, et l’Europe est la plus favorable pour se joindre à des efforts pour étrangler économiquement l’Iran. L’Europe est le genre qui traîne ses pieds mais va habituellement avec les Etats Unis.

Les efforts visant à intensifier la dureté du régime apparaissent de différentes manières. Par exemple, l’Occident adore Ahmadinejad. N’importe laquelle de ses déclaration est aussitôt mise en circulation, et fait de gros titres, mal traduits. Ils l’aiment. Mais quiconque connait un peu l’Iran, et notamment les agences de presse, sait qu’il n’a pas de pouvoir dans le domaine de la politique étrangère. La politique étrangère est entre les mains de son supérieur, le Leader Suprême Khamenei. Mais ils ne rapportent pas ses déclarations, particulièrement quand ses déclarations sont conciliantes. Par exemple ils adorent quand Ahmadinejad dit qu’Israël ne devrait pas exister mais n’aiment pas quand Khamenei juste après dit que l’Iran soutient la position de la Ligue Arabe sur Israël-Palestine. Autant que je sache cela n’a jamais été rapporté. A vrai dire, vous pourrez trouver les positions les plus conciliantes de Khamenei dans le Financial Times, mais pas ici(aux USA). Et c’est répété par les diplomates iraniens mais ce n’est pas bien. Les propositions de la Ligue Arabe appellent à une normalisation des relations avec Israël s’il accepte le consensus international de deux Etats; consensus qui a été bloqué par les Etats Unis et Israël pendant trente ans. Et comme ce n’est pas une bonne histoire, ce n’est donc mentionné nulle part ou c’est caché quelque part.

Il est très difficile aujourd’hui de prévoir ce que fera l’administration de Bush car ils sont profondément irrationnels. Ils ont créé une catastrophe inimaginable en Irak. Ca devrait être l’occupation militaire la plus facile de l’histoire et ils ont réussi à la transformer au pire désastre militaire de l’histoire. Ils ne peuvent la contrôler et il est presque impossible pour eux d’en sortir pour des raisons que vous ne pouvez discuter aux Etats Unis car discuter les raisons pour lesquelles ils ne peuvent quitter les amèneraient à concéder les raisons pour lesquelles ils ont envahi.

Nous sommes supposés croire que le pétrole n’a rien à voir avec cela, et que si l’Irak exportait des épices et des confitures (le centre de la production mondiale du pétrole se trouvant au Pacifique Sud), les Etats Unis les auraient « libérés » quand même. Cela n’a rien à voir avec le pétrole, quelle grossière idée ! En fait, autoriser un Irak indépendant et souverain serait un cauchemar pour les Etats Unis. Cela voudrait dire qu’il serait sous domination chiite du moins s’il est un minimum démocratique. Il continuerait à améliorer ses relations avec l’Iran ce que les Etats Unis ne peuvent voir. Et au delà, en traversant les frontières en Arabie Saoudite, là où se trouve la plus grande partie du pétrole saoudien, on rencontre une population en grande partie chiite, probablement en majorité.

L’acheminement de l’Irak vers la souveraineté a stimulé en premier lieu les pressions en faveur des droits de l’homme parmi la population chiite amèrement réprimée, mais également vers un certain degré d’autonomie. Vous pouvez imaginer une sorte de vague alliance chiite en Irak, Arabie Saoudite et l’Iran contrôlant la majeure partie du pétrole et indépendante des Etats Unis. Et pire, bien que l’Europe puisse être intimidée par les Etats Unis, cela n’est pas le cas de la Chine. C’est l’une des raisons, la raison principale qui fait que la Chine est considérée comme une menace. Nous retrouvons le principe de la Mafia.

La Chine est là depuis 3000 ans, méprise les barbares, a vaincu un siècle de domination, et simplement suit son chemin. Elle n’est pas intimidée quand l’Oncle Sam agite le poing. C’est effrayant. En particulier, c’est dangereux dans le cas du Moyen Orient. La Chine est le centre du réseau asiatique de sécurité d’énergie qui comprend les Etats du Centre de l’Asie et la Russie. L’Inde tourne autour, la Corée du Sud est impliqué et l’Iran est en quelque sorte un membre associé. Si les ressources en pétrole du Moyen Orient autour du golfe, qui sont les plus importantes du monde se branchent sur le réseau asiatique, les Etats Unis deviennent réellement une puissance de deuxième niveau. Les enjeux sont trop nombreux pour se retirer de l’Irak.

Je suis sûr que ces questions sont discutées en interne. Mais ce n’est pas sur la place publique, ce n’est pas dans les médias, ce n’est pas dans les journaux, ce n’est pas dans le rapport Baker-Hamilton. Et je pense que vous en comprenez la raison. Evoquer ces questions poserait celle de pourquoi les Etats Unis et l’Angleterre ont envahi l’Irak. Et cette question est taboue.

Tout ce que font nos dirigeants est censé l’être pour de nobles raisons. Ca peut être erroné, affreux, mais fondamentalement noble. A l’origine les prétextes pour l’invasion c’étaient les armes de destruction massives et les liens avec Al-Qaida que personne sauf Wolfowitz ou Cheney ne prenaient au sérieux. La question simple, comme ils n’ont pas arrêté de répéter dans la direction des opérations, était : Saddam renoncera-t-il à son programme d’armes de destruction massive ? La simple question a reçu sa réponse deux mois plus tard, de manière fausse. Et rapidement la ligne du parti changea. En novembre 2003, Bush annonça son agenda de liberté: Notre véritable objectif c’est d’emmener la démocratie à l’Irak, de remodeler le Moyen Orient. Immédiatement, c’est devenu la ligne du parti.

Vous pouvez même trouver des articles savants qui démontrent que c’est une complète farce mais néanmoins l’acceptent.

En fait, si vous regardez nos actes politiques, ils sont en totale opposition par rapport à nos déclarations de principes. Prenez la Palestine. Il y avait des élections libres en Palestine mais qui donnèrent le « mauvais » résultat. Immédiatement, les Etats Unis et Israël, avec l’Europe dans le sillage, réagissent en punissant le peuple palestinien. Ils les punissent durement parce qu’ils ont voté de la mauvaise manière dans des élections libres. C’est considéré ici en Occident comme parfaitement normal. Cela traduit la haine profonde et le mépris pour la démocratie parmi les élites occidentales, si enracinés qu’ils ne les reconnaissent pas quand ils les ont en face. Vous punissez durement un peuple s’ils vote de la mauvaise manière dans une élection libre. Et tous les prétextes sont bons, comme celui qui consiste à répéter chause jour : Hamas doit 1) reconnaître Israël, 2) mettre fin à la violence, 3) accepter les accords passés. Essayez de trouver une quelconque mention du fait que les Etats Unis et Israël rejettent chacune de ses trois demandes. Ils ne reconnaissent évidemment pas la Palestine, ils ne mettent pas fin à l’utilisation de la violence ou la menace d’y recourir- en fait ils y insistent- et n’acceptent pas les accords, y compris la Feuille de Route.

L’une des raisons pour lesquelles le livre de Jimmy Carter a été férocement attaqué tient au fait que, pour la première fois dans le courant dominant, on peut trouver la vérité sur la Feuille de Route. Je n’ai jamais rien vu dans le courant dominant qui discute le fait qu’Israël a rejeté sur le champ la feuille de route avec l’accord des Etats Unis. Il l’a formellement acceptée, mais lui a ajouté 14 réserves qui l’ont vidé de toute substance. C’est de notoriété publique, mais je ne l’ai jamais vu mentionné dans le courant dominant avant Carter. Et évidemment ils n’acceptent pas la proposition de la Ligue Arabe ou une quelconque sérieuse proposition. En fait, ils bloquent le consensus international sur deux Etats depuis des décennies. Mais le Hamas est censer devoir les accepter.

En réalité cela n’a aucun sens. Le Hamas est un parti politique et les partis politiques ne reconnaissent pas les pays. Le Hamas lui-même l’a expliqué clairement. Ils observent une trêve depuis un an et demi, ne répondent pas aux attaques israéliennes et ont appelé pour une longue trêve pendant laquelle il serait possible de négocier un règlement dans le cadre du consensus international et de la proposition de la Ligue Arabe.

Tout ceci est évident, cela saute aux yeux, et c’est un exemple de la haine profonde pour la démocratie de la part des élites occidentales. C’est un exemple saisissant mais vous pouvez en citer des tas d’autres.

Shank : Pour les élections présidentielles de 2008, comment les candidats aborderont-ils le dossier iranien? Pensez vous que l’Iran sera un facteur décisif dans les élections?

Chomsky : Ce qu’ils disent jusqu’ici n’est guère encourageant. Je continue à penser, malgré tout, que c’est peu probable que les Etats Unis attaquent l’Iran. Ca serait une énorme catastrophe; personne ne connaît les conséquences qui en résulteraient. Je pense que seule une administration désespérée recourrait à cet acte. Mais si les candidats démocrates sont sur le point de gagner les élections, l’administration en sera désespérée. Il y a toujours le problème de l’Irak, elle ne peut rester, elle ne peut partir. »

Source : http://fpif.org/fpiftxt/3999

Traduit par F.L.

CAPJPO-EuroPalestine

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