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Dissoudre l’Autorité Palestinienne ainsi que tous les services de sécurité

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Deux articles très intéressants publiés par Il Manifesto et traduits par Marie-Ange Patrizio, concernant les solutions pour mettre un terme à la guerre civile à Gaza : une interview de Ahmed Yusef, conseiller politique du Hamas et un éditorial de Michele Giorgio, actuellement à Gaza.


Dissoudre tous les services. Et repartir.

par MICHELE GIORGIO

Interview de Ahmed Yusef, conseiller politique du Premier ministre Haniyeh et du Hamas

Existe-t-il une possibilité de sortir de l’impasse de la guerre civile à Gaza ? La question réclame une réponse urgente. Pour Ahmed Yussef, conseiller du premier ministre Haniyeh et « théoricien » du tournant politique du Hamas, la solution se trouve dans une conception de systèmes de sécurité complètement différente de ceux qu’on a vus jusqu’à présent sur le terrain.

« Il faut abolir une grande partie des services secrets existants, peu importe s’ils soient fidèles au président Abou Mazen ou au Hamas, et créer un nouvel organisme qui représente notre nation et serve les intérêts de tous les Palestiniens » , dit-il en expliquant que Hamas et Fatah sont proches d’une entente sur ce point là. Nous avons interviewé Ahmed Yusef dans sa maison de Rafah, au sud de la Bande de Gaza.

Qu’entendez-vous par « sécurité différente » ?

Je fais référence à un modèle de sécurité qui ne serve que les intérêts du peuple et respecte les ordres qui viennent des instituions politiques. Ceci parce que nous avons aujourd’hui des services secrets qui agissent pour le compte de tel ou tel personnage, et qui agissent d’une manière particulière parce qu’ils sont financés de façon très peu claire. La solution réside dans la création d’une force de sécurité large, qui inclue une bonne partie des agents des nombreuses unités spéciales et mette au travail ensemble, par exemple, les membres de la Tanfisyie du Hamas et ceux de l’Amen Wakai, la sécurité préventive. Hamas et Fatah, sur ce point ont trouvé une entente mais maintenant, avec les affrontements armés, entre les deux parties à Gaza, ce sera difficile d’approuver l’accord et de le mettre à exécution.

Quand vous parlez de personnages qui manoeuvrent les services, vous référez-vous à l’ex-ministre et haut dirigeant du Fatah Mohamed Dahlan ? (Aujourd’hui à l’abri en Egypte, Dahlan a investi ses capitaux dans des immeubles de bureaux dans les Emirats, NDT)

Les noms n’ont qu’une importance relative, l’important est de comprendre qu’il y a des gens, très puissants, qui servent les intérêts de forces externes et pas des palestiniens. Nous devons isoler ces éléments et réorganiser nos structures de sécurité dans le respect des intérêts nationaux.

Vous avez été l’un des promoteurs de l’unité nationale. Croyez-vous que le gouvernement puisse encore fonctionner devant la situation d’affrontement Hamas-Fatah ?

Moi j’y crois encore parce que c’est la seule possibilité qui reste aux Palestiniens. Les différences entre Hamas et Fatah sont réelles mais les accords de La Mecque représentent un juste compromis entre ces positions. D’un côté, on sauvegarde les intérêts nationaux palestiniens, en mettant fin aux concessions à Israël qui ne sont plus soutenables en l’absence de contrepartie, et de l’autre on n’empêche pas Abu Mazen de négocier avec Israël. Il y aura pour finir un référendum pour approuver ou non une ligne politique ou d’éventuels accords (de paix).

Donc le Hamas serait prêt à accepter, si c’était approuvé par un référendum, un accord avec Israël ?

La ligne que nous avons décidée il y a deux ans, quand nous nous sommes engagés dans la voie politique, n’a pas changé. En échange de la fin de l’occupation israélienne en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem Est, et de la proclamation d’un Etat palestinien dans ces territoires, le Hamas est prêt à respecter une trêve à long terme. Ensuite c’est le peuple qui décidera.

Edition de mercredi 13 juin 2007 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/13-Giugno-2007/art8.html

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Dernière chance : dissoudre l’Autorité nationale palestinienne

par MICHELE GIORGIO

La fin de l’Autorité nationale palestinienne a été invoquée à plusieurs reprises ces derniers jours par des personnalités politiques et intellectuelles, parmi lesquels le professeur Ali Jirbawi, de l’université de Bir Zeit, comme seule voie pour faire sortir Fatah et Hamas de la guerre fratricide qui a explosé, pour un pouvoir virtuel fait de quelques ministères et drapeaux flottants sur des édifices publics. Pourquoi laisser continuer une administration qui n’a pas de souveraineté et qui sous des apparences d’autogouvernement masque surtout, inconsciemment, l’occupation israélienne ? C’est cette question que s’est posée à plusieurs reprises Jirbawi et, avec lui, beaucoup d’autres Palestiniens qui voudraient refiler la patate chaude à l’occupant et ne plus lui offrir d’alibis en maintenant en vie un organisme paralysé et agonisant.

D’autres questions surgissent concernant les raisons qui ont amené Hamas et Fatah à s’entretuer dans la « prison » de Gaza. La liste est longue mais il n’est que de revenir au 26 janvier 2006 pour trouver des explications suffisantes. Le jour suivant les élections législatives gagnées par le Hamas de façon écrasante, Abu Mazen et les autres leaders du Fatah n’ont pas, comme l’espérait la base de ses militants, analysé sérieusement la défaite infligée, et n’ont pas lancé le processus de profonde rénovation pour ramener au pouvoir démocratiquement un parti qui avait été emporté par les scandales et par l’échec du processus de paix avec Israël. Pas de congrès, pas de débat interne, mais seulement une cooptation des activistes rebelles mais sensibles au charme du pouvoir. Le Fatah n’a pensé qu’à fournir une contribution à l’isolement et au boycott du Hamas et de son gouvernement. Il a œuvré à la création des conditions pour la chute de l’administration islamique à peine née.

Il est cependant plus correct de dire que, pas tout le Fatah, mais une de ses factions bien précise s’est rangée du côté du projet Usa-Ue-Israël, décidée à rendre la vie impossible à la partie de l’Autorité palestinienne contrôlée par le Hamas. Il est sans aucun doute redondant de faire référence à Mohammed Dahlan, mais l’on ne peut pourtant pas ne pas mentionner le nom de l’ex chef de la sécurité préventive et ancien ministre, sur la liste de ces dirigeants palestiniens persuadés que le Fatah devait par tous les moyens empêcher le Hamas de rester au pouvoir. Position qui a engendré des protestations dans le parti, chez ces leaders, dont Ahmed Helles, persuadés que les problèmes cruciaux pour les Palestiniens sont, aujourd’hui comme il y a quarante ans, l’occupation et le siège de Gaza, qui n’a pas cessé après le retrait israélien il y a deux ans.

Le courant dirigé par Dahlan, bien financé et soutenu par l’étranger, ne s’est pas arrêté même après la formation du gouvernement d’unité nationale, tandis qu’Abou Mazen contribuait au début de la guerre civile en nommant Dahlan comme adjoint au Conseil de sécurité nationale et en confirmant Rashid Abu Shabak à la tête de la sécurité préventive. Pour le Hamas, deux coups de poing à l’estomac.

Le mouvement islamique cependant a ses responsabilités. Ses miliciens sont en train de s’entacher de crimes très graves à Gaza, contre d’autres Palestiniens, contre des agents qui ne sont entrés dans les services de sécurité que pour s’assurer un salaire (à peine plus de 300 dollars). Le Hamas, surtout, n’a pas compris comment fonctionne la globalisation. Après la victoire aux élections, ses leaders ont cru ingénument que la « solidarité islamique » allait remplacer l’aide occidentale aux Palestiniens. Ils ont dû, au contraire, se rendre compte que les grands entrepreneurs musulmans et les banques, y compris celles qui sont rigidement musulmanes, ne sont solidaires qu’avec les capitalistes occidentaux et qu’ils ne transféreraient pas un dollar aux Palestiniens sans que ne le veuillent aussi les Etats-Unis.

Edition de jeudi 14 juin 2007 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/14_Giugno-2007/art20.html

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

CAPJPO-EuroPalestine

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