Plus de 500 barrages sont désormais en place dans les territoires palestiniens occupés par Israël, ses militaires, ses colons. Et comme cela fait beaucoup, le gouvernement commence à recourir à des sociétés privées, dont les employés sont payés, comme de juste… au lance-pierres ! Mais, qu’on se rassure, l’armée n’est jamais bien loin.
« Selon un rapport publié en janvier 2008 par le centre d’informations israélien B’Tselem, on recense 459 barrages et 66 check-points en Cisjordanie. On compte par ailleurs 20 terminaux, la plupart construits autour du mur cisjordanien, les autres autour de la Bande de Gaza. Jusqu’à ces derniers temps, tous étaient tenus par l’armée. Or, depuis 2006, Israël privatise ses terminaux, qui sont pourtant sensés représenter un élément clé de son dispositif de sécurité. Sept d’entre eux sont même déjà entièrement passés sous la houlette d’entreprises privées qui louent les services de leurs employés au ministère de la Défense.
Concrètement, ces braves civils sont chargés de contrôler les papiers d’identité des Palestiniens qui doivent maintenant posséder un passeport biométrique pour entrer en Israël. Donc, exit l’armée ! Et, en cas de bavure, ce sont ces entreprises qui seront tenues pour responsables.
C’est d’ailleurs sans doute là le principal intérêt qu’a Israël à se lancer dans un tel processus de privatisations. Côté officiel, le porte-parole du ministère de la Défense, Slomo Dror, le justifie en ces termes : « on le fait pour notre sécurité et notre mieux-être à tous, y compris des Palestiniens, qui perdront moins de temps aux barrages et qui ne se trouveront plus face à des militaires mais à des civils ».
Sourire en prime ? On peut en douter au vu des salaires des civils en question. Si le ministère de la Défense estime qu’ils sont « bien payés », la réalité est toute autre. « Ils gagnent entre 6 et 8 shekels de l’heure, ce qui est bien » affirme Slomo Dror. Soit entre 1,11 et 1,50 euros de l’heure. Dérisoire, quand on sait qu’en Israël, le salaire moyen tourne autour de 700 euros. Dramatique, quand on sait que le seuil de pauvreté est fixé à 346 euros, soit plus que les émoluments mensuels des valeureux employés. Ce qui explique sans doute la difficulté des entreprises privées à recruter pour ce job ingrat. D’autant que, comme le rappelle Slomo Dror, « le travail est difficile et peut être dangereux »…
La construction d’un terminal coûte 4 millions de dollars à l’Etat d’Israël. Selon HS Today, un magazine d’information sur la sécurité, un mile de barrière équipée d’un système électrique perfectionné (caméras vidéo, cartes biométriques…) coûte 3,7 millions de dollars. Or, le plan de sécurisation des clôtures prévoit 472 miles de barrières. Soit un coût total évalué à 1,75 milliard de dollars. »
Anaëlle Verzaux
http://www.bakchich.info/article2520.html
jeudi 7 février 2008
CAPJPO-EuroPalestiine