Figure de proue auto-proclamée du « camp de la paix », l’écrivain israélien Amos Oz, invité d’honneur du prochain Salon du Livre à Paris, répond cependant toujours présent quand l’armée de leur pays passe à l’attaque.
En 2006, dans le cadre d’une méthodique division du travail entre ceux qui bombardent et ceux qui écrivent pourquoi il est bon de bombarder, la « colombe » Amos Oz a trouvé le moyen de soutenir la énième guerre de destruction du Liban lancée par le gouvernement israélien et son armée.
Le 19 juillet 2006, une semaine après le début des opérations par lesquelles le chef de l’armée israélienne Dan Halutz promettait de « ramener le Liban vingt ans en arrière », et alors que des centaines de milliers de bombes à fragmentation avaient déjà été larguées sur ce petit pays, le soldat (de réserve, il a aujourd’hui 70 ans) Amos Oz applaudissait des deux mains.
Dans un éditorial publié par le grand quotidien américain Los Angeles Times, Amos Oz, qui connaît le sens des mots puisque c’est son métier, approuvait la guerre, et invitait tous les Israéliens « faucons comme colombes » à contribuer à la « victoire ». Le grand humaniste qu’est Amos Oz demandait seulement à ses vaillants aviateurs d’épargner « si possible » la vie des civils libanais, tout en excusant par avance n’importe quel massacre, car n’est-ce-pas, expliquait-il doctement, ces horribles miliciens du Hezbollah libanais font tout pour coller à la population civile !
Trois semaines plus tard, Amos Oz retourna sa veste. Certes, l’armée israélienne avait poursuivi ses opérations meurtrières comme le lui avait demandé l’écrivain ; la liste des morts, des blessés et des destructions s’allongeait ; mais l’invincible et ô combien morale Tsahal, malgré son incomparable supériorité matérielle, n’avait pu venir à bout de la résistance opposée par le peuple libanais, et des combattants du Hezbollah en particulier. Pire encore, les pertes militaires israéliennes augmentaient de jour en jour, transformant la campagne en fiasco. Alors, Amos Oz publia un communiqué appelant à cesser le feu. Celui-ci intervint, et notre pacifiste de la vingt-cinquième heure, imbus de bonne conscience, retourna à ses écritures.
Et pas plus tard que ce mois-ci, le 12 février 2008, il faut voir dans quels termes s’exprimait notre digne représentant du « camp de la paix » israélien.
Interviewé par la radio « Kol Israël » (la Voix d’israël), il expliquait qu’il n’était pas partisan d’une invasion de Gaza parce qu' »un seul jour d’invasion causerait plus de pertes pour Israël que 7 ans de Qassams » et entraînerait « des attaques contre l’armée, des tirs, des embuscades et des attentats suicide ».
Et la question — extraordinaire– qui lui est posée :
– « En tant qu’homme de gauche, vous n’êtes pas en colère contre les Palestiniens qui ne font rien pour améliorer notre situation ? » (sic !),
Amoz Oz répond :
– « D’abord, je suis en colère de voir qu’ils n’ont rien fait pour améliorer leur propre situation, contre les erreurs des dirigeants palestiniens et contre ceux qui ont voté Hamas. »
Et quand le journaliste israélien lui demande : « Avez-vous confiance dans le gouvernment israélien après le rapport de Winograd », Amos Oz répond : « Pour le moment je ne vois rien de mieux que l’actuel gouvernement. S’il y avait des élections, personne ne sait où cela nous conduirait ».
CAPJPO-EuroPalestine
Ci-dessous, l’article d’Amos Oz
Hezbollah Attacks Unite Israelis
Amos Oz/Los Angeles Times, July 19, 2006
Many Times in the past, the Israeli peace movement has criticized Israeli military operations. Not this time. This time, the battle is not over Israeli expansion and colonization. There is no Lebanese territory occupied by Israel. There are no territorial claims from either side.
Last Wednesday, Hezbollah launched a vicious, unprovoked attack into Israeli territory. This was also an attack on the authority and integrity of the elected Lebanese government, as Hezbollah has, by attacking Israel, hijacked the prerogative of the Lebanese government to control its territory and to make decisions on war and peace.
The Israeli peace movement objects to the occupation and colonization of the West Bank. It objected to the Israeli invasion of Lebanon in 1982 because the invasion was aimed at distracting world attention from the Palestinian problem. This time, Israel is not invading Lebanon. It is defending itself from daily harassment and bombardment of dozens of our towns and villages by attempting to smash Hezbollah wherever it lurks.
The Israeli peace movement should support Israel’s attempt at self-defense, pure and simple, as long as this operation targets mostly Hezbollah and spares, as much as possible, the lives of Lebanese civilians (not an easy task, as Hezbollah missile launchers are too often using Lebanese civilians as human sandbags).
There can be no moral equation between Hezbollah and Israel. Hezbollah is targeting Israeli civilians wherever they are, while Israel is targeting mostly Hezbollah. Hezbollah’s missiles are supplied by Iran and Syria, sworn enemies of all peace initiatives in the Middle East.
The real battle raging these days is not at all between Beirut and Haifa but between a coalition of peace-seeking nations — Israel, Lebanon, Egypt, Jordan and Saudi Arabia on the one hand — and fanatic Islam, fueled by Iran and Syria, on the other.
If, as we all hope — Israeli hawks and doves alike — Hezbollah is going to be defeated soon, Israel and Lebanon will be the winners. Moreover, a defeat of a militant Islamist terror organization may dramatically enhance the chances for peace in the region.
Amos Oz is an Israeli novelist and essayist. His most recent work is « How to Cure a Fanatic. »