« La falsification et la manipulation ont souvent, au cours de l’histoire, été utilisées par les occupants comme instruments de la guerre psychologique contre les mouvements de résistance. Toutefois, les autorités israéliennes ont atteint dans ce domaine un niveau sans précédent ». Salah Abdel Jawad (directeur du centre de recherche de l’université de Birzeit).
Peu de gens en dehors des Palestiniens savent la quantité de faux tracts que se sont ingénié à fabriquer les Israéliens pour saper la résistance, à partir des années 1980.
En l’absence de toute liberté d’expression (censure de la presse, interdiction de tout rassemblement à caractère politique…) les tracts, et les slogans peints sur les murs, ont vite joué un rôle décisif dans la communication entre les partis politiques palestiniens et l’ensemble de la population.
Pas rebutés par la méthode, les Israéliens ont alors pondu un nombre considérable de faux tracts destinés à semer la confusion et miner la confiance : annonces de fausses dates concernant les actions de lutte, communiqués destinés à attiser les antagonismes entre les différents courants politiques et reprenant le style des différentes organisations (tracts commençant par « B-ism Allah » et un verset coranique, attaquant le parti communiste ou l’OLP, puis fausses réponses des organisations attaquées stigmatisant « l’obscurantisme réactionnaire »), accusations de corruption et de détournement de fonds…
Un point était particulièrement sensible dans les territoires occupés depuis le sommet de Bagdad qui décida, en 1979, de consacrer annuellement des fonds pour soutenir la résistance palestinienne. L’ingéniosité des falsificateurs consistait à mêler informations exactes et accusations mensongères, pour rendre ces dernières plus crédibles. De la même manière, en 1985, commencèrent à circuler des listes constituées de noms de vrais collaborateurs, connus comme tels par la population, auxquels étaient mêlés des noms de personnalités, dont on voulait salir la réputation.
Les faux tracts ont été jusqu’à donner des consignes destinées à susciter des appréhensions sur le plan économique. « Tous les propriétaires doivent renoncer à recouvrer le loyer des appartements pour une durée de deux mois à compter du 1/4/1988 », ou encore « Tous les propriétaires terriens doivent céder gratuitement un morceau de terre à ceux dont les maisons ont été détruites » (communiqué N° 13).
Certains tracts avaient pour but de nuire à l’image des Palestiniens dans l’opinion internationale, comme cette lettre reçue par toutes les agences de presse, soi-disant adressée par « des familles de prisonniers palestiniens » à « la presse internationale », qui accusait la direction de l’OLP de voler les fonds qui leur étaient destinés.
par CAPJPO-EuroPalestine
ENGLISH TEXT———————
1985
« Israeli intelligence »
« Fraud and manipulation have often been used by occupiers throughout history, as means of psychological warfare against resistance movements. But the Israeli authorities have taken these to a new level ». Salah Abdel Jawad (director of the University of Birzeit’s Research Center).
Apart from the Palestinians, few people realise how many fake leaflets the Israelis have invented in order to undermine the resistance, ever since the Eighties.
Since any freedom of speech is banned (censored press, prohibition of any political gathering …) leaflets and slogans on the walls have alway played an important part in communication between Palestinian political parties and the general public.
The Israelis have shamelessly distributed, time and time again, phoney leaflets aimed at spreading confusion amongst the Palestinians and undermining their confidence. Some examples are : announcements of fake dates calling for protest actions; communiqués designed to inflame already-existing antagonism between various political factions, mimicking their style (leaflets starting with « B-ism Allah » and a Koranic verse); leaflets attacking the Communist Party or the PLO… These have been followed up with more fake statements, supposedly reactions by those who had been attacked, denouncing « reactionary obscurantism » and making accusations of corruption and embezzlement. The latter was an especially sensitive issue in the occupied territories ever since the Baghdad summit in 1979, during which it was decided to dedicate funds every year to support the Palestinian resistance.
The counterfeiters were crafty enough to mix accurate information together with false charges, thus giving the latter more credibility. Similarly, in 1985, lists of names were circulated, comprising the names of real collaborators, known as such in the community, mixed in with names of personalities whose reputation was to be tarnished.
The forgerers went so far as to issue fake orders intended to create economic anxiety: « Every landlord shall abstain from collecting the rent of apartments for a duration of two months starting April 1st, 1988 », or even « Every land-owner shall give up, free of charge, a piece of land to those whose houses have been destroyed» (release # 13).
Some false leaflets were meant to damage the Palestinians’ international image, such as the letter sent by so-called « families of Palestinian prisoners » to the international press, which accused the PLO leadership of embezzling the funds which were intended for them.
By CAPJPO-EuroPalestine