Header Boycott Israël

1979 : Auschwitz, la parole et la mémoire prohibées

L’élection, le 19 juillet 1979, en la personne de Simone Veil, d’une rescapée du génocide nazi à la prestigieuse présidence du Parlement européen a désagréablement surpris une partie du personnel politique, dont certains parmi les plus âgés, comme le ministre Maurice Papon par exemple, s’étaient compromis durant la guerre, et auraient préféré qu’on « ne remue pas le passé ».


Pourtant, avec le temps qui passe et le renouvellement des générations, la classe politique va découvrir une série d’avantages au fait de rappeler, à sa manière, ces heures sombres.

L’instrumentalisation du judéocide nazi est utile pour faire taire le monde entier face aux crimes israéliens. Qu’est-ce qu’un camp de réfugiés, à côté d’un camp de la mort ?

« On ne peut pas continuer à notre époque à se servir de la Shoah pour justifier toutes les saloperies », s’indignait Stanislas Tomkiewicz, à la tribune de l’un de nos meetings en février 2002.

Et pourtant si. Cela continue et cela marche. Mais si cela fonctionne si bien, c’est que ce génocide érigé en mal absolu, qu’il serait impudique de vouloir analyser ou de comparer à d’autres crimes, sauf à être traité d’antisémite, ne sert pas uniquement les intérêts d’Israël.

En réalité, cette approche omniprésente, unidimensionnelle et quasiment mystique, est bien pratique également pour cette élite « blanche » propagandiste des « civilisations supérieures ».

Gouvernements européens et étatsunien se trouvent ainsi autorisés à faire l’impasse non seulement sur leur lâcheté et leur complicité avec Hitler concernant le génocide des juifs, mais aussi sur tous leurs autres crimes, qu’il s’agisse du génocide des Indiens d’Amérique, celui des Africains réduits en esclavage, ou encore de l’extermination pratiquée au nom des « bienfaits » de la colonisation. Une seule souffrance doit désormais occuper notre esprit. Les uns et les autres peuvent ainsi effacer à bon compte les pages les plus noires de leur histoire, se présenter en « libérateurs », minorer l’exclusion et le racisme qu’ils continuent à infliger dans leurs propres pays.

Mais il faut arrêter l’hypocrisie, à commencer par les « révélations » sur les horreurs nazies, qui étaient parfaitement connues des différents gouvernements, de l’étoile jaune obligatoire, aux wagons plombés. Face à l’avalanche des commémorations liées à la « Shoah », il faut, comme Viviane Forrestier dans son livre « Le Crime Occidental », rappeler certains faits :

– la Conférence d’Evian en juillet 1938 : alors que les Juifs étaient persécutés depuis plusieurs années par les nazis (les camps de Dachau, de Buchenwald et de Mauthausen fonctionnaient déjà), seuls le Danemark et la Hollande, sur 33 pays réunis, acceptèrent d’élargir leurs quotas d’immigration aux Juifs. La France, pas encore « pétainiste » se déclara « saturée ».

– Entre 1941 et 1945, les USA n’accueillirent que 21.000 Juifs, soit 10 % du contingent déjà faible autorisé. Outre de nombreux documents, les persécutés du Reich devaient, pour pouvoir entrer aux USA, obtenir leur casier judiciaire ou un certificat de bonnes mœurs délivré par la police qu’ils fuyaient ! Ils devaient en outre prouver qu’ils ne seraient pas « à la charge des pouvoirs publics » américains, mais ils leur était interdit de faire état d’une promesse d’emploi, ni se réclamer de frères, sœurs, cousins, oncles ou amis vivant aux Etats-Unis, récusés car n’ayant pas « d’obligation alimentaire » envers eux. Seuls les riches pouvaient donc entrer. Et cela alors que, dès octobre 1934, un juif allemand n’avait pas le droit de sortir plus de 4 dollars d’Allemagne.

– La guerre achevée, plusieurs centaines de milliers de Juifs rescapés furent maintenus durant des années dans des camps « pour personnes déplacées », dans des conditions lamentables, sous la surveillance des Alliés, parfois même dans les camps nazis où ils avaient été détenus.

– En zone britannique, ils furent même soumis à une loi sur le travail obligatoire, main d’œuvre bon marché au profit de l’économie allemande, souvent sous son autorité. Les frontières ne s’ouvraient toujours pas, y compris aux Etats-Unis qui pérennisèrent leurs quotas, malgré une nouvelle flambée de pogroms en Pologne, en 1946 !

– Il a fallu attendre …2004 pour que la Suisse « réhabilite » les Suisses qui avaient aidé des Juifs pendant la guerre et qui avaient été sanctionnés de ce fait ; la Croix Rouge pendant la guerre avait refusé d’intervenir en faveur des Juifs, pour ne pas faire « intrusion dans les affaires intérieures d’un Etat ».

par CAPJPO-EuroPalestine


ENGLISH TEXT————————–

1979

Auschwitz – forbidden words, forbidden memories

The election to the prestigious European Parliament presidency in July 1979 of Simone Veil, a survivor of the Nazi genocide, was an unpleasant surprise for certain people in the world of French politics, including some older ones who, like the former minister Maurice Papon, had compromised themselves during World War 2, and who preferred not to « stir up the past ».

However, with the passing of time and with a new generation, the political class was about to discover that there were certain advantages to be gained by recalling, in a manner of their choosing, that dark period.

The use of the Nazi holocaust turned out to be a useful weapon in order to silence the entire world when it came to Israeli crimes. After all, what’s a refugee camp compared to a death camp?

Stanlislas Tomkietwicz, on the podium at one of our meetings in February 2002, deplored the fact that the holocaust was continually used as justification for Israeli outrages. And yet, that argument is still used and it still works. Furthermore, portraying that genocide as a unique evil which is not to be analysed or compared to other crimes, lest one be accused of anti-semitism, has served not only the interests of Israel.

In reality, this ever-present, one-dimensional and almost mystical approach is equally useful for the « white » propagandist elite of the « superior civilisations ». European and US governments have found that they can gloss over not only their cowardice and their complicity with Hitler regarding the genocide of the Jews, but also their own crimes, be they the genocide of the American Indians, the fate of the Africans reduced to slavery, or the slaughter carried out in the name of the « beneficial » effects of colonialism. Only the suffering of one people is supposed to fill our minds. And the self-proclaimed « liberators » can thus wipe out the darkest pages of their history, and make light of the exclusionary and racist policies which they continue, to this day, to inflict on the citizens of their own countries.

This hypocrisy must stop, starting with the « revelations » about the Nazi horrors, which the Allies were perfectly well aware of, from the compulsory wearing of yellow stars to the sealed railway trucks. In light of the avalanche of commemorations linked to the Nazi holocaust, one should remember certain facts, as does Viviane Forrester in her book « Le Crime occidental » (« The West’s Crime »):

• The Evian Conference in July 1938: although the Jews had been already been persecuted by the Nazis for several years (the camps of Dachau, Buchenwald and Mauthausen already existed then), only Denmark and Holland, out of 33 countries present, accepted to increase their quota of Jewish immigrants. France, which was not yet « Pétainiste », declared that it was « overloaded ».

• Between 1941 and 1945, the USA accepted only 21,000 Jews, i.e. 10% of the already-small contingent authorised. Apart from the numerous documents needed in order to enter the USA, those persecuted by the Reich had to obtain either their police record or a certificate of good behaviour from the very police they were fleeing! Moreover, they had to prove that they would not become a burden on the public purse, even though they were not allowed to show a promise of work, and claims to have brothers, sisters, cousins, uncles or friends residing in the US were deemed invalid because the latter would be under no obligation to provide for their relatives. Only the rich were therefore allowed in. And this when, as of 1934, a German Jew had no right to take more than 4 dollars out of Germany.

• Once the war was over, several hundreds of thousands of Jewish survivors were kept for years in camps for « displaced persons », in deplorable conditions, under the surveillance of the Allies, and even sometimes in the same Nazi camps where they had been imprisoned.

• In the British zone, they were even subjected to a law on compulsory work, thus becoming a cheap source of labour for the benefit of the economy of Germany, and often under its authority. The borders still hadn’t opened up, including those of the USA which perpetuated its quotas, despite a new outbreak of pogroms in Poland, in 1946!

• It was necessary to wait until…2004 for Switzerland to « rehabilitate » those Swiss who had helped the Jews during the war and who had been punished for it; during the war the Red Cross had refused to intervene on behalf of the Jews, so as not to « intrude in a State’s internal affairs« .

By CAPJPO-EuroPalestine