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Entretien avec Adli Ya’ish, maire de Naplouse

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Après plus d’un an d’emprisonnement par Israël, en guise de punition pour avoir remporté les élections municipales avec 75 % des voix, le maire de Naplouse, Adli Ya’ish, récemment libéré, répond à nos questions.


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EuroPalestine : Quand et comment avez-vous été arrêté ?

Adli Ya’ish : J’ai été arrêté le 24 mai 2007, en pleine nuit, par les troupes israéliennes qui ont encerclé ma maison, et m’ont enlevé à ma famille pour me conduire dans un centre de détention, où j’ai passé plusieurs jours dans des conditions pénibles.

Puis j’ai été transféré tour à tour dans trois prisons différentes : Al-Jalameh, Howwara et Majido, avant d’être relâché le 6 août dernier

EuroPalestine : quel était le motif officiel de votre emprisonnement ?

Adli Ya’ish : Aucun. En fait les Israéliens se sont dispensé de fournir la moindre raison, se contentant de dire qu’ils avaient des preuves confidentielles contre moi, dont nous ne pouvions prendre connaissance, ni mon avocat, ni moi-même.

EuroPalestine : Avez-vous reçu des soutiens lors de votre emprisonnement ? Et comment avez-vous été accueilli à votre sortie ?

Adli Ya’ish : Oui, à l’intérieur de la Palestine de la part d’institutions de la société civile de Naplouse, de la municipalité et de différentes personnalités. Et à l’extérieur, de la part des membres d’associations de solidarité, et de quelques maires dont la ville est jumelée avec celle de Naplouse.

Lors de ma libération, des centaines de Naboulssis sont venus m’attendre et m’accueillir au check-point d’Huwwara. Et le lendemain, des milliers d’habitants sont venus me féliciter et me saluer. Il faut dire que j’avais été élu avec 75 % des voix, ce qui explique une telle réaction.

EuroPalestine : Est-ce que tous les élus du Hamas ont été libérés en même temps que vous ?

Adli Ya’ish : Non, la plupart d’entre eux sont toujours en prison. Très peu de conseillers municipaux et de parlementaires ont été libérés à ce jour.
Et il faut savoir que d’autres ont été emprisonnés récemment, parallèlement à la libération de quelques-uns d’entre nous. C’est le cas, ici même à Naplouse, de deux conseillères municipales, Mme Kholood Masri, mère de 4 enfants, arêtée le 15 juillet 2008, et de Mme Majeda Fadda, arrêtée le 6 août 2008. Aucune d’entre elles ne sont accusées de quoi que ce soit pour le moment et se trouvent en « détention administrative ».

EuroPalestine : Est-ce que vous avez repris votre travail de maire et avez-vous observé des changements autour de vous, après plus d’un an de détention ?

Adli Ya’ish : Oui, j’ai repris mes fonctions le lendemain même de ma liberation. Le principal changement que j’ai observe était la volonté des Naboulssis de maintenir Naplouse en état de marche, de ne pas se laisser dominer par le chaos que l’occupant tente d’introduire. L’étranglement s’est accentué en un an : siège, couvre-feux, incursions, arrestations, avec toutes les conséquences négatives que cela implique pour l’économie de la ville, et pour les revenus de la municipalité.

EuroPalestine : Vous-même, avez-vous la liberté de vous déplacer comme vous le souhaitez en tant que maire ?

Adli Ya’ish : Absolument pas. Je n’ai pas le droit de sortir des limites de la municipalité de Naplouse jusqu’en novembre prochain, date à laquelle une cour militaire israélienne est censée statuer sur ce sujet.

EuroPalestine : Comment analysez-vous la situation interne actuelle ?

Adli Ya’ish : Je pense, et je l’ai toujours affirmé, que l’unité nationale est la seule solution pour les Palestiniens.

EuroPalestine : Que pensez-vous des relations entre la France et la Palestine ?

Adli Ya’ish : La Palestine a toujours eu, d’une manière ou d’une autre des liens avec la France, et jusqu’à present la France soutenait le droit des Palestiniens à avoir leur Etat, et réclamait la fin de l’occupation israélienne. Mais j’ai désormais l’impression que ceci a changé et que l’attitude du gouvernement français n’est plus la même.
Nous avons heureusement des liens avec des associations françaises qui travaillent en Palestine pour améliorer la vie des Palestiniens et pour mener à bien un certain nombre de projets. Je peux citer également le jumelage de Naplouse avec la ville de Lille et les liens chaleureux qui unissent nos deux villes.

J’en profite pour envoyer un message d’amour et de paix de la part de Naplouse, la ville encerclée, à toutes les villes du monde et de France, et je tiens à leur rappeler que notre ville, malgré toutes ces difficultés, vous attend et vous accueille à tout moment avec joie.

Interview realisée par CAPJPO-EuroPalestine le 14/9/08

CAPJPO-EuroPalestine

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