Nous évitons généralement, comme vous le savez, de publier des images trop dures sur notre site. Mais l’article et les photos que nous recevons d’un journaliste de Gaza, et qui reflètent une réalité malheureusement très répandue, comme nous le confirme le chirurgien Mohamed Rantissi, doivent être connues.
On parle quelquefois des morts palestiniens, notamment quand l’Armée israélienne se livre à des massacres. Rarement des blessés. Pourtant, il est désormais fréquent de rencontrer dans la bande de Gaza des enfants, des femmes, des hommes, victimes des « dégâts collatéraux » provoqués par les missiles et bombardements israéliens.
Là où la plupart des chaînes de télévision, quand elles se donnent la peine d’être sur place — ce qui est rarement le cas– montre des hommes cagoulés et des foules anonymes lors d’enterrements, Sameh A. Habeeb, journaliste à Gaza, attire notre attention sur les centaines de jeunes palestiniens amputés, gravement handicapés à vie, qui se trouvent dans la grande prison à ciel ouvert de la Bande de Gaza.
Il nous présente l’histoire d’une famille sans histoires, parmi beaucoup d’autres, à tout jamais détruite depuis que Jaber 15 ans a dû être amputé des deux jambes, et que sa jeune tante Maha a perdu son pied gauche et sa cuisse droite, lors du bombardement israélien sur Gaza qui a fait 140 morts le 1er mars 2008.
Jaber est désormais rongé par le désespoir. Maha, qui était enceinte de 7 mois lors du bombardement, doit s’occuper du bébé avec son mari Muhammad, tandis que leur petite fille de 3 ans, Fatima est restée choquée psychologiquement par la scène d’horreur qu’elle a vécu.
Ci-dessous l’article de Sameh A.Habeeb
« Une histoire sans parole : le massacre des innocents à Gaza
Je me suis rendu à Al Shj’aya, dans la partie est de la ville de Gaza le 22 septembre dernier, zone sous le siège imposé par Israël depuis plus d’un an, pour rencontrer des victimes invisibles, nombreuses dans la bande de Gaza, des châtiments collectifs administrés par l’occupant israélien.
« Cejour là, me raconte Maha, le ciel était nuageux et mon coeur battait la chamade tandis que mon bébé de 7 mois faisait des bonds à l’intérieur de mon ventre… jusqu’au moment où j’ai vu voler des jambes, des os et du sang autour de moi, et sur moi dans la pièce ».
C’était le premier mars 2008 et les Israéliens nous avaient promis un « holocauste ». Nous étions dans notre appartement, au 5ème étage de l’immeuble et j’étais en train d’habiller ma fille de 3 ans, Fatima, quand une arme de destruction s’est abattue sur le balcon, un obus pénétrant dans l’appartemant, détuisant 5 murs et provoquant un incendie dans la cuisine, où se trouvaient des bouteilles de gaz.
J’étais couverte de sang , ainsi que ma petite fille qui hurlait, terrorisée. »
Depuis, Maha s’est fait faire un pied en plastique en Turquie. Son neveu Jaber, 15 ans, reste assis sur une chaise en plastique dans le salon et dit « Je ne sers plus à rien maintenant. Je ne peux plus rien faire par moi-même ». Et il éclate en sanglots, tandis que je mets moi-même à pleurer.
Tousdeux auraient besoin de bénéficier d’opérations complémentaires.
La petite Fatima fait des cauchemars toutes les nuits, souffre de dépression et est devenue introvertie.
La famille a d’abord été prise en charge à l’hopital de Shifa à Gaza. Maha a été traitée sans anesthésie, en raison de sa grossesse avancée.
Puis elle est allée se faire soigner et accoucher en Turquie, où son bébé a reçu un passeport turc. Elle est de retour à Gaza depuis 20 jours.
Si vous avez une idée de l’aide que l’on peut leur apporter, contacte-moi. »
Sameh A. Habeeb
Photojournalist & militant pour la paix
Gaza Strip, Palestine
Mob: 00972599306096 / Tel: 0097282802825
E-mail : Sam_hab@hotmail.com
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(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)
CAPJPO-EuroPalestine