Les autorités israéliennes viennent de refuser à 120 universitaires,
experts et professionnels de santé (des USA, Hollande, Italie,
Angleterre et Canada), l’entrée à Gaza où ils devaient participer à une
conférence internationale du programme de santé mentale communautaire de Gaza, à la demande de l’OMS (organisation mondiale de la santé). Ci-dessous la réaction d’une des participantes américaines.
Photo de la manifestation au point de passage d’Erez, l’entrée dans la Bande de Gaza, pour protester contre le refus du gouvernement israélien d’autoriser l’entrée de ces professionnels de la santé.
Ci-dessous la prise de parole d’Alice Rothchild le 26 octobre, à Jérusalem, à l’occasion d’une conférence de presse.
« Je suis ici aujourd’hui en tant que médecin américain, écrivain et participante à la conférence de Gaza : « Siège et santé mentale ».
Je m’élève contre la décision des autorités israéliennes d’empêcher 120 professionnels qui viennent du monde entier et qui ont effectué des recherches importantes, d’entrer à Gaza et d’échanger librement des idées sur les conséquences du traumatisme imposé aux hommes, femmes et enfants de Gaza, et sur leurs besoins ».
La Quatrième Convention de Genève reconnait le droit international aux personnels de santé de prodiguer des soins et d’exercer leur mission professionnelle sans restriction, en toutes circonstances. Israël se présente comme une démocratie où les libertés de presse et de recherche sont respectées. Mais actuellement tous ces principes sont violés de manière gravissime.
Je suis médecin en exercice à Boston et Professeur d’obstétrique et de gynécologie à l’Université de Harvard. Je suis par ailleurs l’auteur de « Broken Promises, Broken Dreams: Stories of Jewish and Palestinian Trauma and Resilience » (Promesses brisées, rêves brisés : histoires juives et palestiniennes de traumatisme et de résistance »), livre dans lequel j’explore les conséquences de l’occupation, en collaboration avec des cliniciens et des patients israéliens et palestiniens. Je suis allée au camp de réfugiés de Jabalya à Gaza; j’ai interviewé des familles et des enfants souffrant de désordres traumatiques liés au stress.
Je demande aux autorités israéliennes qui ont refusé que nous pénétrions dans gaza, mes collègues et moi-même :
– Qu’avez-vous à cacher ?
– Qu’avez vous honte que nous puissions voir ?
– Qu’avez-vous peur que nous découvrions ?
Il n’y a plus de secrets ici.
Gaza est en pleine catastrophe économique, politique et humanitaire. Les infrastructures, l’économie, la santé, le système éducatif s’écroulent sous le poids du blocus et des incursions militaires répétées. Les familles se disloquent en raison des traumatismes liés aux agressions militaires israéliennes, aux bombes assourdissantes, aux démolitions de maisons, et à l’incapacité des parents de protéger leurs propres enfants. Les jeunes sont particulièrement vulnérables aux traumatismes provoqués par cette violence continue et par la perte de tout espoir.
Aux autorités israéliennes qui nous ont empêchés d’entrer à Gaza, je dis :
Vous ne pouvez pas cacher ceci. Le monde observe. Vous pouvez construire des murs, mais nous continuerons, nous la communauté internationale, à construire des ponts. Nous nous rendrons au point de passage d’erez pour manifester. Grâce à la visio conférence, nous entrerons en contact avec nos collègues de Gaza, à partir de Ramallah, nous prendrons connaissance de leurs recherches, et nous témoignerons de la souffrance de cette région. Nous resterons solidaires des habitants de Gaza qui luttent pour soigner ces blessures dévastatrices liées au siège et à l’occupation, aux démolitions et à l’emprisonnement de 1,5 million de personnes. Nous, la communauté internationale, ne resterons pas silencieux. »
www.brokenpromisesbrokendreams.com
www.ajp.org
* La conférence, qui devait avoir lieu les 27 et 28 Octobre dans la
ville de Gaza a dû de se tenir à Ramallah, à l’aide de la vidéo-conférence avec les participants de la bande de Gaza.
(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)
CAPJPO-EuroPalestine