Header Boycott Israël

Les habitants de Gaza suspendus aux infos : Y aura-t-il enfin une bonne nouvelle ?

Partagez:

« Quand l’électricité fonctionne à Gaza, la plupart des Palestiniens de la Bande de Gaza, pauvre et surpeuplée se réunissent en petits comités autour de leurs écrans de télévision. ils sont suspendus aux infos… »
Un article de Ramzy Baroud, traduit par Carole Sandrel.


Gaza : Enfin une bonne nouvelle à la télé ?

par Ramzy Baroud

Quand l’électricité fonctionne à Gaza, la plupart des Palestiniens de la Bande de Gaza, pauvre et surpeuplée se réunissent en petits comités autour de leurs écrans de télévision. Ce n’est ni « Idole américaine », ni « Danser avec la Star » qui les rassemblent. Ce sont les informations. La relation des habitants de Gaza avec les medias est à la fois compliquée et unique. Comme la plupart des Palestiniens partout où ils se trouvent, ils regardent et écoutent intensément les bulletins d’informations du monde entier, dans l’espoir que le salut arrivera sous forme d’un bulletin d’information. Evidemment le salut reste à venir. Cet engouement n’est pas vraiment un hasard, tant leur besoin de lire, d’écouter et de regarder est manifeste. Les Palestiniens sont très soucieux de ce que le reste du monde dit de leur situation critique et de leur combat pour la liberté. Plus important encore, ils se demandent si quelqu’un à l’extérieur s’en soucie.

Lors de la première Intifada, au cours de longs et pénibles couvre-feux imposés par l’armée israélienne à Gaza, ma famille se groupait autour d’une petite radio, toujours anxieuse à l’idée que la batterie ne rende l’âme et ne nous plonge dans un blackout total, sans informations ; un scenario horrible selon la norme, à Gaza. L’armée israélienne avait l’habitude de couper régulièrement l’électricité et l’eau dans les camps de réfugiés pour les punir d’exister.

Cette pratique persiste à Gaza jusqu’aujourd’hui mais sur une échelle bien plus large : privation dramatique d’approvisionnement en fuel, en nourriture, en équipement médical, sans parler des installations pour l’eau qui sont dans un état lamentable. Ces prétendues punitions collectives ont toujours été un sommet de la politique israélienne à l’égard de la malheureuse Bande de Gaza. Certaines choses semblent immuables.

Malgré tout et miraculeusement, Gaza trouve le moyen de s’en tirer. Les gens de cette microscopique bande de terre trouvent des moyens d’affronter leurs écrasantes tragédies comme ils l’avaient fait au moment où la première caravane de réfugiés, mourant de soif et désespérés, entrant dans Gaza après la Nakba de 1948. Ils pleurent sur ce qu’ils ont perdu, enterrent leurs morts, demandent à Dieu sa clémence et, une fois de plus, rentrent chez eux pour se réunir autour de leurs radios, quêtant un espoir fugitif dans les informations diffusées sur les ondes.

Aujourd’hui, leur confiance, ou leur défiance dans les stations d’informations dépend largement de la manière dont elles rapportent leurs souffrances et leur tragédie, telles qu’elles sont ou bien telles que le veut le porte-parole de l’armée israélienne; d’où leur relation de haine/amour avec les grands réseaux d’information comme la BBC, la Voix de l’Amérique, et les autres. Bien que la majorité des Palestiniens de Gaza trouvent le réseau Al-Jazeera plus ouvert à leur tragédie, ils ne lui pardonnent pas de fournir une tribune au gouvernement israélien et aux responsables de son armée. Toutefois, la plupart des Palestiniens s’en remettent à Al Jazeera, seule canal digne de confiance, chaque fois que la tragédie les frappe et cela arrive souvent. Les nouvelles de Gaza ont rarement été aussi sinistres. Chaque jour, il y a des déclarations de responsables des Nations Unies et d’organisations pour les droits de l’homme, dénonçant le siège de Gaza, l’étranglement de toute une population, et le silence assourdissant de la communauté internationale à l’égard de ce qui est maintenant perçu comme une des catastrophes humanitaires les plus urgentes.

Les Palestiniens de Gaza écoutent plus attentivement que jamais. Ils espèrent, que peut-être les Etats Unis vont désormais faire pression sur Israël pour desserrer le siège, permettre l’accès aux soins des malades, restaurer la fourniture de fuel. Et cependant, jour après jour, la situation empire. Quand les responsables internationaux comme le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon ou l’ancien Haut Commissaire pour les Droits de l’Homme, Mary Robinson appellent Israël à mettre fin aux sanctions contre Gaza, les Palestiniens se rapprochent un peu plus de leur poste de télévision. Ils persistent à croire qu’Israël finira par tenir compte de ces appels, mais sont à chaque fois déçus. C’est « à peine croyable » que le monde n’ait pas réagi « à la violation choquante de tant de droits de l’homme » à Gaza, a déclaré Robinson, qui est aussi l’ancienne présidente d’Irlande, propos rapportés par la BBC le 4 novembre dernier. »Leur civilisation a été entièrement détruite. Je n’exagère pas » a-t-elle dit.

Le même jour, Israël est entré dans Gaza avec l’intention de provoquer la bagarre et de mettre fin à la trève fragile avec le Hamas, qui a largement tenu depuis juin. L’armée israélienne à tué six Palestiniens et en a blessé trois. John Ging, directeur de l’Agence des Nations Unies pour l’Aide et le Travail (UNRWA) à Gaza a déclaré au Washington Post le 15 novembre : « C’est un désastre, et c’est de pire en pire… C’est sans précédent que les Nations Unies ne puissent faire parvenir l’aide alimentaire à une population plongée dans une si évidente détresse ; beaucoup de ces familles subsistent grâce à ces rations depuis des années, et vivent au jour le jour. Depuis lors, le 20 Novembre, le même responsable a rapporté qu’Israël revenait sur sa décision de laisser 70 camions d’aide humanitaire entrer dans la Bande de Gaza,

Philip Luther, d’Amnesty International, a dénoncé « les derniers renforcements des barrages routiers d’Israël, renforcements qui ont déjà rendu la terrible situation humanitaire, pire encore. « La tendance à la malnutrition chronique est nettement à la hausse et les déficits en micro nutriments sont une énorme préoccupation », peut-on lire dans un rapport de la Croix Rouge qui a fuité, et qu’a donné « The Independant ». Le rapport fait état des restrictions d’Israël qui provoquent « une détérioration progressive de la sécurité alimentaire pour au moins 70 pour cent de la population de Gaza ».

Les Gazaouis zappent de chaîne en chaîne à la télé et à la radio, à gauche à droite, tandis que ces appels continuent de tomber dans des oreilles sourdes. Ils se demandent pourquoi leur drame n’est pas traité avec la même urgence que la piraterie en Mer Rouge ou que l’Est du Congo, alors que leur malheur se perpétue depuis des générations et empire. Ils écoutent aussi les chaînes arabes sur lesquelles la vie continue comme si de rien n’était.

Ils entendent les responsables du Fatah et du Hamas se cracher des insultes et se combattre sur les positions d’un gouvernement qui n’a pas d’existence et sur des territoires qui n’ont pas de souveraineté. Ils branlent du chef en signe de consternation et continuent, pour que peut-être demain apporte de bonnes nouvelles… pour une fois.

Ramzy Baroud

Vendredi 28 novembre 2008 : www.ramzybaroud.net

(Traduit par Carole Sandrel)

Ramzy Baroud est écrivain et responsable de PalestineChronicle.com. Ses articles sont publiés dans de nombreux journaux, magazines et anthologies dans le monde. Son dernier livre s’intitule : « Deuxième Intifada : une chronique de la lutte d’un peuple » (Pluto Press, London).

CAPJPO-EuroPalestine

Partagez: