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Le ghetto de Gaza affamé

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La bande de Gaza et le million et demi de Palestiniens qui y sont enfermés seront bientôt totalement privés de leur alimentation la plus élémentaire : le pain.


« Plus de pain à Gaza

Par Rami Almeghari pour Electronic Intifada, le 25 décembre 2008

Du fait de l’impitoyable blocus instauré par Israël et l’Egypte, l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés, l’UNRWA, a annoncé l’arrêt des livraisons de nourriture aux 750.000 Palestiniens du territoire enregistrés auprès d’elle.

Tandis qu’un peu partout dans le monde, des familles se réunissent, à l’occasion de Noël, autour de tables bien garnies, les parents gazaouis, comme moi-même, ne seront même pas capables d’apporter du pain à leurs enfants, à moins qu’Israël n’accepte d’ouvrir les points de passage avec le monde extérieur.

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A la recherche de nourriturre dans les décombres

Hier (24 décembre, NDT), lorsque j’eus fini de donner un cours à l’une des universités de Gaza, mon épouse m’a demandé de rapporter du pain de la ville. Toutes les boulangeries de la zone où nous habitons sont en effet fermées, en raison du manque de farine et de gaz domestique, suite à l’embargo israélien.

J’ai roulé à travers Gaza-City à la recherche de pain pour mes quatre enfants, mais je n’ai rencontré que la misère. Au retour, à la hauteur du camp de réfugiés d’Al Maghazi, dans le centre de la bande, j’ai vu des dizaines de gens, faire la queue en rangs serrés devant la boulangerie Al Yazdji. Comprenant qu’il me faudrait au moins une heure avant que vienne mon tour, et qu’alors il n’y aurait sans doute plus rien à vendre, j’ai renoncé.

Gaza_queue_boulangerie_samah_habeeb_reduit.jpg “Papa, on a faim, on n’a meme pas de pain”, m’a dit ma fille aînée. J’ai alors demandé à mon fils aîné, Mounir, d’essayer de nous trouver des sandwiches de falafel. Mounir a eu de la chance : il est revenu avec quelques sandwiches, payés au prix fort.

Alors que nous remplissions nos estomacs, ma femme a suggéré que nous allions le lendemain à Gaza-City, mais de très bonne heure, pour augmenter nos chances. Voilà où nous en sommes rendus : pour avoir une chance de trouver du pain, il faut désormais se lever à l’aube, acheter trois ou quatre litres d’essence à un prix dément, car le carburant est importé en contrebande d’Egypte, et consacrer deux ou trois heures à l’opération ! Le cas de ma famille n’a bien entendu rien d’exceptionnel. C’est celui de toutes les familles qui essaient de survivre, à Gaza, à la catastrophe humanitaire délibérément créée par Israël.

Selon Abdel Nasser Al-Ajrami, president de l’association des boulangers de Gaza, au moins 27 des 47 boulangeries que comptait la ville de Gaza ont aujourd’hui complètement fermé, suite à l’interruption totale des livraisons de butane imposée par Israël depuis plus de deux mois. Al Ajrami a cependant déclaré mardi qu’il devrait y avoir quelques livraisons locales d’ici la fin de la semaine, grâce aux efforts incessants de l’administration Hamas pour assurer un approvisionnement en farine et en gaz domestique à travers le territoire.

C’est donc le 18 décembre que l’UNRWA a suspendu les livraisons d’aide alimentaire aux 750.000 réfugiés de Gaza, dont ma propre famille, en raison de l’épuisement des réserves de farine. Selon le Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), Israël n’autorise que 16 camions à pénétrer chaque jour dans la bande, contre 475 par jour en mai 2007, lorsque les forces fidèles au Hamas ont pris le contrôle de la bande, au terme d’un affrontement avec les forces fidèles au Fatah du Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas.

A quelques jours du Nouvel An, et à l’expiration des six mois de cessez-le-feu entre la résistance palestinienne et Israël, il est difficile d’évaluer l’état des stocks de denrées ici. En réponse au blocus, et à la poursuite des assassinats « ciblés » perpétrés par Israël, des groupes de la résistance ont repris les lancers de roquettes artisanales vers le sud d’Israël.

Et tandis qu’en Israël on est maintenant en campagne électorale, le sort de familles comme la mienne y est l’objet de rhétorique politicienne, tous les candidats rivalisant de surenchère sur la meilleure manière de nous faire du mal. Gaza reste la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Mais à la difference de ce qui se passe dans les autres prisons, ici, il est entendu que les détenus peuvent souffrir de famine. Et le geolier, Israël, continue de bénéficier d’une impunité totale de la part des Etats-Unis et de l’Union européenne. »

Rami Almeghari (qui peut être joint à rami_almeghari@hotmail.com )

CAPJPO-EuroPalestine

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