« On se demande vraiment ce qu’Israël attend pour sortir de Palestine occupée », écrit benoitement un conseiller municipal PCF qui revient des territoires palestiniens occupés. Réponse : Israël attend qu’on l’y contraigne. A quand l’appel par tous ces élus au boycott d’Israel, comme le réclament la société palestinienne et les opposants israéliens ?
Les constats, c’est bien. Mais il faudrait que les élus qui prennent la peine de les faire, et de se rendre en Palestine occupée, en tirent les conclusions : arrêter par exemple tous les partenariats avec les firmes qui collaborent avec l’occupant. Véolia, Alstom, Dexia… et c’est loin d’être le cas !
Ainsi le maire PCF de Vitry n’a pas été gêné de se retrouver, le 9 avril dernier, en discussion d’affaires avec un responsable de la banque Dexia qui finance les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. Il n’a pipé mot quand nous sommes intervenus au « salon de la ville nouvelle », au Parc Floral pour dénoncer cette collaboration. Pourquoi ?
Voici l’article publié par le Monde.
La Palestine libre c’est pour quand ?
par MADJID MESSAOUDENE, Conseiller municipal PCF de Saint-Denis
Je reviens, avec une centaine d’autres élus, pour la plupart communistes, de la délégation « un avion pour la paix » qui s’est rendue en Palestine et en Israël. Je tenais à faire connaître mon point de vue et surtout mettre fin à l’impunité totale dont jouit Israël.
C’est en effet une situation assez insupportable qui nous est renvoyée chaque jour en pleine figure. Chaque jour se poursuit l’occupation illégale de la Palestine, avec son lot quotidien d’humiliations.
C’est une situation qui sur la papier devrait être réglée depuis plusieurs dizaines d’années. Or, l’Etat d’Israël a érigé comme principe de son action depuis toujours de prodigieusement ignorer le droit international. Ce pays, qu’on érige en modèle de démocratie, bafoue les droits humains élémentaires des palestiniens, à commencer par celui d’avoir un Etat, conformémement aux résolutions internationales. Il bafoue aussi les droits de la minorité arabe israélienne, preuve de l’ostracisme quotidien subit par les arabes sur ces terres.
Donc, cet Etat, depuis des années s’est donné comme objectif de rendre impossible sur le terrain l’avènement d’un Etat palestinien souverain et viable. On a encore entendu récemment le Premier ministre israélien balayer d’un revers de main toute perspective d’Etat palestinien indépendant.
Lui, ce qu’il veut c’est continuer de maintenir les palestiniens sous le joug d’Israël. Il va a contre-sens de l’Histoire. En mettant de plus en plus de freins aux libertés individuelles et collectives des palestiniens.
Nous savons tous que les colonies sont illégales, la justice internationale l’a rappelé à plusieurs reprises. Mais cela n’empêche guère et n’a jamais empêché les différents gouvernements, y compris ceux prétendument progressistes, de poursuivre l’étendue des colonies sur les terres palestiniennes. Avec des appels d’offre réguliers, qui sont lancés souvent après un énième engagement des autorités de surseoir à la constructions de nouvelles unités, ou encore d’agrandir les colonies existantes.
Le mur de la honte, lui, empiète aussi sur le territoire des frontières de 1967, spoliant sciemment les terres fertiles et les réserves d’eau. Ce mur a des conséquences désastreuses sur le quotidien de milliers de familles, souvent séparées de manière arbitraire, et qui ont vu pour beaucoup disparaitre leurs terres, leurs productions, leurs oliviers centenaires.
Les routes de contournement, réservées aux colons elles aussi, rendent la vie quotidienne et le futur, plus qu’incertains.
On se demande vraiment ce qu’Israël attend pour sortir de Palestine occupée.
Ce qu’Israël laisse aux palestiniens demain est la possibilité de créer des bantoustans, sans réelle continuité territoriale et sans lien avec Gaza, toujours sous blocus. On parle aujourd’hui de moins de 20 % de la Palestine historique.
Israël semble tout faire pour alimenter un certain ressentiment envers lui. Ce ressentiment ne s’explique pas par le fait que ce soit l’Etat hébreu mais parce que cet Etat viole impunément les droits de l’homme et s’est rendu responsable à Gaza de crimes de guerre, de l’aveu même des soldats de Tsahal, armée la plus « morale » du monde.
Il faut que les dirigeants israéliens comprennent que s’ils veulent vivre en paix, ce qui est une aspiration légitime, la seule solution passe par le retrait de Palestine aux frontières de 1967, par la création d’un Etat palestinien avec Jerusalem Est comme capitale, et le règlement de la question des réfugiés.
Seules les pressions de l’Union Européenne, des USA et des opinions publiques peuvent obliger Israël à la paix, car force est de constater, quand on va sur place notamment, qu’Israël ne veut pas la paix.
J’attends la condamnation des propos de Lieberman, sur les arabes, proposant notamment de larguer l’arme nucléraire sur Gaza, ou encore prônant le « transfert » de ces populations. Propos qui auraient été condamnés, soyons-en sûrs, s’ils n’émanaient pas d’Israël.*
La culpabilité que ressent l’Europe à différents niveaux n’est pas pour rendre service aux israéliens. La Shoah, que nous condamnons tous très fermement et dont nous connaissons les conséquences tragiques, ne doit pas être utilisée par certains à des fins politiques dangereuses. En d’autres termes, rien ne saurait justifier l’occupation militaire actuelle, et l’oppression d’un peuple par un autre peuple quel qu’il soit.
C’est être attaché à l’existence d’Israël aux côtés d’une Palestine libre que de dire cela. »
Le Monde du 24/4/09
*Que prévoit de faire le PCF pour empêcher la venue en France du même Avigdor Liebermann ? C’est bien de condamner. mais quelles actions prévoit ce parti pour l’empêcher qu’on lui déroule le tapis rouge en France, le mois prochain ?
CAPJPO-EuroPalestine