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Marek Edelman est mort

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Le dernier survivant du commandement de l’insurrection du ghetto de Varsovie, Marek Edelman, s’est éteint vendredi, à l’âge de 90 ans.


Lorsque la Pologne est envahie par l’armée nazie en 1939, et que se mettent aussitôt en place les persécutions qui conduiront à l’extermination du peuple juif, Edelman est un jeune militant du Bund, un parti socialiste tourné vers la classe ouvrière yiddish de Pologne et de Lituanie. C’est-à-dire, un parti prônant la lutte pour le socialisme sur place, et non l’émigration vers la Palestine comme le font les différents courants sionistes.

La répression, qui commence par la concentration obligatoire de la population juive de la Pologne dans quelques blocs d’immeubles (les « ghettos ») des grandes villes, conçus par les nazis pour être autant d’ antichambres des camps d’extermination (Auschwitz, Treblinka, Maïdanek …) réduira cependant rapidement le débat politique au sein de la jeunesse juive à sa plus simple expression : que faire avant de mourir ?

Début 1943, lorsque s’accélère la liquidation du ghetto de Varsovie, où ne survivent plus que quelques dizaines de milliers de personnes sur les 400.000 qui y avaient été entassées par l’armée allemande, une poignée de jeunes militants décide de riposter militairement.

Toutes tendances politiques confondues (nationalistes polonais, socialistes, communistes, bundistes, sionistes de diverses obédiences …), ils forment une Organisation Juive de Combat : leur arsenal est dérisoire face à la machine de guerre de l’occupant, mais pendant plusieurs semaines, en avril 1943, ils parviendront quand même à faire payer le prix du sang aux tueurs SS.

Edelman fera partie des rares survivants de l’insurrection, tout comme il fera partie des rares survivants de la population juive de Pologne, exterminée à 90 % (3 millions de morts sur 3,3 millions d’hommes, de femmes et d’enfants en 1939).

Après 1945, Edelman choisit de rester en Pologne, pays désormais placé sous forte influence soviétique. Il n’adhère donc pas au projet sioniste qui verra la création de l’Etat d’Israël, et l’expulsion concomitante du peuple palestinien, quelques années plus tard.

Un choix pas évident, quand on sait que la désormais toute petite minorité juive de Pologne dut faire face, y compris après la défaite du nazisme, à des flambées d’antisémitisme, émanant dans les années 1960 du gouvernement polonais lui-même.

Il poursuit des études de médecine, et deviendra un cardiologue réputé, non sans participer activement à la lutte pour les droits démocratiques : au tournant des années 1980, le Dr Edelman fut ainsi l’un des porte-parole du mouvement d’opposition syndicale et politique Solidarnosc, point de départ de la désintégration du bloc soviétique une décennie plus tard.

Méconnu et pour tout dire mal vu en Israël, où la propagande sioniste s’est accaparée le monopole de la mémoire de l’insurrection du ghetto, Edelman avait tenté, il y a quelques années, une médiation entre Israéliens et Palestiniens.

Au début de la seconde intifada, en 2002, Edelman avait indiqué, dans la presse, qu’il avait rencontré des représentants de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), et qu’il les avait supplié d’épargner les cibles civiles.

Mais refusant l’alignement, Edelman eut le courage de qualifier les combattants palestiniens de « partisans » (le terme étant synonyme de « résistants » dans cette partie de l’Europe), et non de « terroristes », comme l’exige la propagande israélienne et occidentale. Calomnié, écoeuré, Edelman ne reprit plus la parole.

Saluons sa mémoire.

CAPJPO-EuroPalestine

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