Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a donné mercredi un nouvel aperçu de son cynisme, à propos de l’Afghanistan, où les justifications de la sale guerre menée par l’OTAN, dont la France, s’effondrent les unes après les autres.
Au cours d’une conversation avec un groupe de journalistes étrangers, dont le correspondant du New York Times Steven Erlanger, Kouchner a notamment eu à répondre sur le scandaleux tour de passe-passe opéré par l’OTAN à l’occasion de la farce électorale afghane, et la reconduction de la marionnette Hamid Karzaï à la présidence de cette République islamique.
« Karzaï est corrompu ? OK », a déclaré Kouchner, avant d’ajouter : « mais c’est notre homme là-bas, et il faut asseoir sa légitimité ».
Il est vrai qu’en matière de corruption, Kouchner traîne lui aussi quelques casseroles.
A lire, ci-dessous, l’article de Steve Erlanger paru dans le New York Times (traduction CAPJPO-EuroPalestine)
Kouchner veut un rôle renforcé de l’Europe en Afghanistan
Par Steven ERLANGER
PARIS – L’Europe devrait saisir l’opportunité de la mise en place d’un nouveau gouvernement en Afghanistan pour avoir une action plus coordonnée de ses members, et ne pas attendre que toutes les decisions viennent de Washington, a déclaré mercredi le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.
“Nous avons besoin de parler aux Américains en tant qu’Européens,” à propos de l’Afghanistan, a-t-il dit, et mettre un terme aux différences en termes de politique et de règles d’engagement militaire sur le terrain, avec des Allemands qui ne se battent que lorsqu’on leur tire dessus, et où chaque pays member de l’OTAN a ses propres règles d’engagement.
“Comme Européens, nous agissons, on se bat, on va à la guerre, mais on ne se parle pas les uns aux autres, et c’est honteux”, a-t-il poursuivi.
“On doit travailler ensemble, et améliorer la structure de commandement”. Interrogé sur la performance de l’OTAN en Afghanistan, il a répondu : « Ca ne marche pas du tout ».
“Quel est l’objectif ? Quelle est la voie à suivre ? Et au nom de quoi ? », s’est demandé M. Kouchner. Le ministre a dit qu’il appréciait les discussions de l’administration Obama quant à une nouvelle stratégie pour l’Afghanistan, mais pour demander : « Où sont les Américains, cela commence à être problématique ». « Il faut qu’on se parle en tant qu’alliés ».
M. Kouchner s’est exprimé, en français et en anglais, devant un petit groupe de journalistes étrangers, originaires de pays membres de l’OTAN, et ce au Quai d’Orsay, siège du ministère français des Affaires étrangères.
Pour lui, l’OTAN doit continuer de soutenir le president Hamid Karzaï, en dépit du problème pose par la corruption et ses alliances politiques douteuses. “Karzaï est un corrompu, OK”, commente Bernard Kouchner, mais la corruption est un mal endémique en Afghanistan, et puis “c’est notre homme”, même s’il a été affaibli par les récentes elections entachées de frauds. “On doit le légitimer”,, si l’on veut que l’OTAN conserve une chance de stabiliser le pays, et d’en partir.
Quant aux politologues occidentaux qui ont relevé de multiples cas de bourrage des urnes, ils ne connaisent rien à l’Afghanistan, selon Bernard Kouchner. “Ces gens font de la science. Mais la politique, ce n’est pas de la science, c’est du bon sens”.
Bernard Kouchner a aussi indiqué que la France avait fixé à Karzaï une feuille de route en neuf points, et faisait pression sur le candidat battu aux elections, Abdullah Abdullah, pour collaborer avec M. Karzaï.
S’agissant de la guerre, M. Kouchner a estimé qu’il était impossible d’occuper l’Afghanistan ou de vaincre les Talibans dans leurs montagnes. En conséquence, l’OTAN ne devrait pas chercher à obtenir une victoire militaire, mais plutôt à consolider et sécuriser certaines zones densément peuplées. « C’est une guerre pachtoune, et pour être efficace, il faut la mener en restant proche du peuple afghan, pas contre lui”.
(NDR : la suite de l’article concerne des déclarations de Kouchner sur d’autres sujets, le nucléaire iranien notamment)
CAPJPO-EuroPalestine