Suleiman Baraka, dont le fils de 10 ans a été tué par les bombardements israéliens l’hiver dernier, alors qu’il se trouvait en formation aux Etats-unis, attend avec impatience l’arrivée de ses collègues astrophysiciens français, qui vont participer à la Marche de Gaza, et préparent un beau projet commun, qu’ils nous feront découvrir sur place, dans la bande de Gaza, à la fin décembre. Ci-dessous un entretien avec Sueliman, qui donne aujourd’hui même une conférence d’astronomie au centre Culturel Français de Gaza. (Voir photos ci-dessous).
– Bonjour Suleiman. Vous savez que vous allez recevoir la visite de plusieurs de vos collègues astrophysiciens français, qui tiennent à vous manifester leur solidarité, dans le cadre de la Marche Pour Gaza ?
– Oui, je suis très heureux à cette perspective et j’ai commencé à informer tout le monde autour de moi, de cette visite très importante, à commencer par l’Institut d’Astronomie .
– Que comptez-vous faire pendant leur court séjour à Gaza ?
– Avec mes chers amis astrophysiciens français, nous avons le projet, durant leur venue fin décembre, de réaliser notamment une conférence scientifique et des présentations d’activités pédagogiques liées à l’astronomie pour les écoliers, et en particulier pour ceux de l’école où étudiait mon fils Ibrahim (10 ans) avant d’être tué l’hiver dernier.
Nous réaliserons peut-être quelques expériences permettant aux jeunes de contempler le soleil d’une nouvelle manière, au travers de filtres solaires. Et peut-être aussi quelques autres surprises…
– Vous avez perdu votre fils de 10 ans et votre maison a été détruite au cours de l’opération israélienne « Plomb durci ». Vous avez eu la possibilité d’accueillir ensuite le reste de votre famille aux Etats-Unis, mais vous avez fait le choix de revenir vivre à Gaza. Pourquoi ? Et comment vivez-vous actuellement ?
– Je suis revenu à Gaza le 1er octobre dernier, pour plusieurs raisons. Parce que la Palestine a besoin de nous, parce que ma famille au grand complet a besoin de moi, et parce que je veux continuer à faire partie de la communauté scientifique internationale, en étant ici.
Je vis provisoirement dans un appartement loué, qui est insalubre et pratiquement pas meublé. Je cherche un appartement correct à louer. En France, on m’a aidé à faire venir ma famille aux Etats-Unis après les bombardements. A Gaza, nous avons reçu un peu d’argent du programme de développement des Nations Unies pour être relogés. Mais pas de quoi reconstruire notre maison, comme cela nous avait été promis. Et on ne voit rien venir de ce côté malheureusement.
– Vous aviez des travaux de recherche importants en cours dans le domaine de l’astronomie, avant les bombardements. Où en sont-ils maintenant ?
– Je m’emploie actuellement à la création d’un centre de recherche en astrophysique à l’université AL Aqsa de Gaza. Afin d’y enseigner l’astronomie et les sciences physiques de l’espace. Je travaille avec « Universe Awareness » (« Conscience de l’Univers ») pour promouvoir l’astronomie au sein de nos jeunes.
Je suis également en train de mettre la dernière main à un article scientifique que je prépare depuis longtemps et qui souhaite répondre à certaines des questions concernant la sécurité des astronautes et des explorations de l’espace. Je collabore également à des travaux de simulation dans l’espace dans le cadre de recherches internationales.
Le projet qui me tient à coeur depuis longtemps est l’établissement d’un centre de recherche spatial à Gaza et je suis persuadé qu’il verra le jour tôt ou tard. Le gouvernement français avait commencé à soutenir ce projet dénommé « SWEP » pour « Space Weather Palestine ».
La situation politique a engendré des obstacles concernant la réalisation de ce projet, mais je tiens à ce qu’il voie le jour ici.
Car la Palestine était là et restera là. Les divergences politiques naissent et disparaissent comme toute chose, mais la Palestine, elle, demeurera, en tant que cause et en tant que peuple. La Palestine mérite notre dévouement, notre travail, notre ambition et notre énergie.
– Vous donnez ce soir une conférence au centre Culturel Français (CCF) de Gaza. Sur quoi portera-t-elle ?
– Elle a pour but de promouvoir l’astronomie et de présenter une belle vue de ce ciel qui a été empli de bombardiers F16, d’Apache et autres engins de destruction. L’astronomie pour la paix est le thème que j’ai choisi d’enseigner pour inciter les gens à apprécier la beauté miraculeuse du ciel et de notre univers.
(Entretien réalisé en anglais par CAPJPO-EuroPalestine)
CAPJPO-EuroPalestine