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Chronique Ben Gourion, à l’usage de nos élus (3)

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Monsieur Bertrand Delanoé

Maire de Paris

Monsieur,

Une « place Ben Gourion » serait sur le point de voir le jour sur nos quais de Seine. Permettez-moi de m’offusquer de cette initiative. Je porte encore le nom d’un père d’origine syrienne qui a pris part aux combats de libération de la France occupée. Il a été gravement blessé au cours de la campagne d’Afrique dans l’armée d’Orient, il a contribué avec tant d’autres anonymes de pays colonisés à mettre un coup d’arrêt aux exactions nazies en France et en Europe, à libérer la France, à révéler au monde les horreurs et monstruosités de ce projet d’occupation du monde.

Depuis, les terres d’Orient sont à leur tour le théâtre en différé d’un
scénario analogue, cette fois de la part des victimes que mon père en son temps a contribué à libérer, avec le projet sioniste d’occupation des terres de Palestine. Triste balancier de l’Histoire.

Il suffit d’observer l’actualité et de reprendre quelques unes des promesses de Monsieur Ben Gourion dès 1948 :

« [S] désormais le transfert aura lieu sur une plus grande échelle, entre le territoire juif et le territoire arabe. S’il était possible de transférer des Arabes d’un village à l’autre, il serait difficile de trouver le moindre argument politique ou moral contre le transfert de ces Arabes hors de la région du gouvernement juif proposé. »

Congrès international des ouvriers de Sion, Zurich, 1937.

« Nous devons expulser les Arabes et prendre leur place. Et si nous devonsfaire usage de la force [S] nous avons la force requise à notre disposition.»

Lettre à son fils, 5 octobre 1937.

Ces promesses ne se sont pas démenties depuis, elles font de cette région le théâtre d’une géhenne digne des prédictions de l’Apocalypse. Les Gazaouis sont devenus une population de morts vivants, soumis à une guerre meurtrière prolongée par un blocus qui l’est tout autant, la Palestine historique se réduit à la carte vérolée d’un corps atteint de scarlatine, comme ravagée par un cancer généralisé de la peau.

Dans ces temps tourmentés où nos actes et nos pensées sont fortement mis à mal par l’irruption des intégrismes, des fanatismes, où nos projets de société sont fortement malmenés par les turbulences et des enjeux dont nous n’avons pas toutes les clés, trouvez-vous opportun d’inaugurer à Paris une « Place Ben Gourion » ? La légitime aspiration des Juifs à jouir d’estime et de paix ne peut se payer du prix de l’expropriation et de l’extermination des peuples qui les accueillent en Palestine. Cela revient à infliger à un peuple qui, lui, ignore l’antisémitisme généré par l’Occident, le prix de la shoah qu’il n’a en rien contribué à perpétrer.

Une place Mahmoud Darwich serait une initiative heureuse dans notre cité qui veut rappeler et diffuser au monde ses idéaux de justice et de liberté.

Merci de la particulière attention avec laquelle vous vous voudrez bien
lire cette lettre,

Alice Bséréni,

Animatrice d’ateliers d’écriture. Paris

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