De son propre aveu, le président du « Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme » (BNVCA) Sammy Ghozlan, policier à la retraite, collabore avec les services secrets israéliens depuis près de 35 ans. C’est ce qu’il écrit, en tout cas, dans sa biographie dite « officielle », fournie à une Ecole de Journalisme.
Pas vraiment modeste, Ghozlan, qui partage son existence entre la région parisienne et les colons de Cisjordanie occupée, y étale les exploits, réels ou inventés, de sa longue carrière de flic : terroristes, banlieues, stupéfiants, participation –subalterne- à la vie politicienne sous les couleurs de l’UMP, tout y passe.
Mais c’est en tant que dirigeant du BNVCA que Sammy Ghozlan aura finalement accédé à la notoriété et, du moins en rêve-t-il, à la gloire.
Il n’y a pourtant pas de quoi.
Car l’officine qu’il a créée a pour objet premier de créer un sentiment de panique au sein des communautés juives en France, pour les pousser à partir coloniser la Palestine.
C’est une officine spécialisée dans la désinformation, à commencer par la propagation de fausses nouvelles sur les actes antisémites en France.
Sammy Ghozlan et son BNVCA ont en effet été ces dernières années de tous les mauvais coups en matière de faux attentats antisémites, en symbiose, il faut le dire, avec un Sarkozy ministre de l’Intérieur puis Président de la République :
– Novembre 2003 : Un incendie se déclare dans une école religieuse juive à Gagny, en banlieue parisienne. Sarkozy et Ghozlan montent au créneau, le premier nommé créant, dans la foulée, un « Comité interministériel pour la lutte contre l’antisémitisme », lequel confie aussitôt à un organisme privé, le BNCVA vous l’aurez deviné, le soin de produire les statistiques officielles sur l’antisémitisme en France ! Il y a cependant un hic : si l’école de Gagny a effectivement brûlé, et si l’incendie avait à l’évidence une origine criminelle, la motivation « antisémite » en était rigoureusement absente. Un journaliste du Figaro, citant des sources policières, indiquait au contraire qu’on était en présence d’une histoire d’escroquerie à l’assurance. Les autres médias n’ont pas couvert, et Sammy a pu continuer sa besogne.
– Le RER D : en juillet 2004, 60 millions de Français apprennent, stupéfiés, qu’une jeune femme voyageant à bord d’un train de banlieue parisien (le RER D) aurait été sauvagement agressée, avec son bébé, par une demi-douzaine de « Maghrébins et Africains », lesquels auraient tatoué des croix gammées sur son ventre dénudé, la traitant de « Sale juive », avant de jeter le landau du bébé sur le quai ! Une jeune femme s’est effectivement présentée dans un poste de police le vendredi 9 juillet 2004 en cours de journée, pour raconter une histoire de ce genre. Mais qui la rend publique ? La police ? Pas exactement. En début de soirée, le BNCVA passe en effet un appel téléphonique à l’Agence-France-Presse (AFP), où il a une correspondante bien disposée à son égard. Il la branche sur ce « gros coup ». La journaliste appelle alors les services de police, qui lui confirment qu’il y a bien une plaignante correspondant à ce que la journaliste leur raconte. L’AFP lance alors l’affaire, relayée en quelques dizaines de minutes par des communiqués indignés du ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin, puis du Président de la République, et par ricochet, de tout l’établissement politique et médiatique.
Pendant trois longs jours, l’affaire fera la « Une » des télévisions françaises et même internationales. Des policiers ont beau très rapidement émettre des doutes sur la véracité du récit de la jeune femme, médias et politiques ne les écoutent pas, et continuent sur leur lancée, stigmatisant tout ce qui est un peu bronzé dans notre pays, voire l’ensemble de la population, comme ces « lâches voyageurs qui n’ont rien fait quand les barbares du RER violentaient la jeune juive, à l’instar de leurs aînés qui ont laissé partir les Juifs vers les camps d’extermination ».
Finalement, le 4ème jour, l’affaire se dégonfle : incapable de tenir plus longtemps son mensonge, Marie Leblanc (c’est le nom de la jeune femme) confesse qu’elle a tout inventé, pour faire parler d’elle, et elle ajoute qu’en inventant un tel scénario, où il était question de Noirs et d’Arabes attaquant une Juive, on s’intéresserait forcément à elle.
Elle n’avait malheureusement pas tort. Toujours est-il que Chirac, interviewé au lendemain de ce désastre, qu’il avait contribué à lancer avec son communiqué présidentiel dès les premières heures, déclare qu’il est très mécontent d’avoir été manipulé, et que « le manipulateur sera sanctionné ». Chirac ne dit pas « l’affabulatrice », il ne dit pas « la manipulatrice », il dit « le manipulateur ». Ghozlan ne souffle mot, mais ses communiqués de juillet 2004 ont curieusement été effacés de la base de données des dépêches AFP que nous avons consultée ces derniers jours. Heureusement, sa prose de l’époque est toujours bien là sur son propre site.
Depuis, Ghozlan a certes continué dans l’intox, mais on dirait que le cœur n’y est plus. En 2007, il fait un flop en tentant de refaire le coup du RER D avec une « collégienne juive de 13 ans » agressée par « des Arabes », affaire inventée de toutes pièces. « J’ai peut-être relayé cette histoire un peu trop vite », déclare-t-il à la presse, qui l’exonère ainsi à peu de frais. En 2008, l’espoir renaît, avec « un jeune Juif entre la vie et la mort », après une bagarre dans le XIXème arrondissement de la capitale. Là encore, l’affaire se dégonfle, quand on apprend que le jeune en question sort rapidement du coma, qu’il va passer sa « convalescence » dans la colonie de fanatiques de Kyriat Arba (Cisjordanie occupée), et surtout qu’il était déjà connu de la police, pour son agressivité, préalablement à la bagarre.
On parlera une autre fois des conceptions très particulières qu’a Sammy Ghozlan de la défense des « jeunes juifs en danger ».
CAPJPO-EuroPalestine