Il n’aura pas fallu longtemps au Parti Socialiste pour s’approprier la dernière en date des provocations dirigées contre les musulmans, celle lancée par le Front National qui assimile la tenue de prières dans la rue à « l’occupation » du territoire du pays.
Pour le porte-parole du PS Benoît Hamon, comme pour la dirigeante du FN Marine Le Pen, la présence de musulmans faisant la prière du vendredi sur le trottoir est un « problème ».
Hamon ne va pas jusqu’à reprendre à son compte l’analogie de La Pen, qui a fait une comparaison entre les fidèles musulmans et l’armée allemande d’Occupation pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Mais il s’en faut de peu, car il appelle lui aussi à « libérer l’espace public ».
Libérer « l’espace public » ? Mais de quoi parle-t-il, ce type ? Et au nom de qui s’exprime-t-il ? Ah oui, de ces fameux « riverains » anonymes, avec lesquels les prières du vendredi créeraient des « tensions ».
Mais « l’espace public » est par définition l’espace dans lequel les 64 millions d’habitants de ce pays vivent et s’expriment, avec une quantité infinie de manifestations et comportements individuels et collectifs, qui plaisent à certains et déplaisent à d’autres, parfois même provoquent une gêne matérielle pour le plus grand nombre : cela va de la Gay Pride aux bombardements sonores de la Techno Parade, en passant par les interminables cortèges de skatters ou bien encore ces brocantes qui paralysent la circulation pendant des week-end entiers ; et cela concerne aussi des événements à caractère spécifiquement religieux, comme l’investissement des Champs-Elysées par des obédiences juives pour leur fête de Hanoukah, ou celui d’esplanades géantes par le Pape en tournée.
Mais là, nos démocrates n’ont rien à dire, évidemment. Seuls les musulmans, qui ont le malheur d’obstruer 200 malheureux mètres de chaussée pendant une heure ou deux le vendredi midi dans les rues Myrrha et Poissonniers, à Paris XVIIIème, sont désignés à la vindicte par Le Pen et Hamon.
Nous ne nous abaisserons pas à constater une autre évidence : à savoir, que si des musulmans sont amenés à faire leur prière dans la rue, y compris quand il gèle comme c’est le cas ces jours-ci, c’est parce que l’Islam ne dispose pas en France de l’immense patrimoine immobilier du catholicisme, avec ses milliers de cathédrales et églises (aujourd’hui largement désertées, faute de curés et de croyants) construites au fil des siècles avec le sang et la sueur des ouvriers et paysans, quand ce n’était pas avec les richesses volées aux peuples coloniaux.
Et nous ne nous abaisserons pas non plus à parler « laïcité », ce nom de code pour camoufler l’islamophobie, avec les dirigeants du Parti Socialiste. Lorsque celui-ci était aux affaires, sous la présidence de Mitterrand en 1983-84, le Parti Socialiste avait été confronté à ce qui était un véritable problème de laïcité, sans guillemets pour le coup.
En l’occurrence, le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy avait tenté de respecter une de ses promesses électorales, « A école publique, argent public ; à école confessionnelle, argent confessionnel », en mettant fin aux énormes subventions accordées par l’Etat à l’enseignement privé, un secteur dominé par l’Eglise catholique en France.
Mais le camp catholique avait aussitôt réagi. Il hurla au liberticide, et le Parti Socialiste baissa sa culotte. La réforme fut donc enterrée, et depuis ce temps, les écoles religieuses (chrétiennes, juives) continuent leurs endoctrinements dans notre belle République « laïque », aux frais du contribuable.
On ne sache pas, d’ailleurs, que les différents candidats à la candidature du PS pour la prochaine présidentielle aient intégré une quelconque promesse électorale, effectivement laïque, dans leurs programmes respectifs.
CAPJPO-EuroPalestine