A ne pas rater : la présentation par Jean Ziegler de son livre « Destruction massive – Géopolitique de la faim », samedi 3 décembre à 17 H, à la Librairie Résistances à Paris. Même ceux qui croient connaître le sujet, découvriront comment s’organise l’assassinat de millions d’enfants et d’adultes dans le monde, victimes de la faim.
Jean Ziegler nous surprend toujours. « Indigné » de la première heure, critiqué, villipendé par tous les profiteurs de haut vol, censuré par de nombreux médias, il n’a pas perdu une once de sa combativité après un demi-siècle de lutte contre l’injustice qui frappe les pays les plus pauvre.
L’auteur d’ouvrages d’une puissance incroyable comme « La haine de l’occident », « L’empire de la Honte » ou encore « La Suisse lave plus blanc », revient sur le plus grand scandale de notre société : la faim.
Rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation de 2000 à 2008, il avait déjà beaucoup dit et beaucoup écrit à ce sujet, notamment dans « La faim expliquée à mon fils ». Mais il revient sur cette question vitale avec de nouveaux documents, de nouveaux témoignages et la démonstration éclatante qu’il n’y a pas de fatalité.
« Chaque enfant qui meurt de faim, est un enfant assassiné », explique-t-il.
Si toutes les cinq secondes un enfant de moins de dix ans meurt de faim, tandis que des dizaines de millions d’autres, et leurs parents avec eux, restent mutilés physiquement et psychologiquement par la malnutrition, ce n’est pas parce qu’il y a trop d’humains sur terre, ou pas assez de nourriture pour eux.
L’agriculture mondiale serait en mesure de nourrir 12 milliards d’êtres humains, soit près du double de la population mondiale. Mais la « destruction massive » de millions d’êtres humains est organisée par les « bandits de la haute finance », par les multinationales et par les gouvernements occidentaux, démontre Jean Ziegler.
Il analyse en détail la spéculation bancaire sur les prix de l’alimentation, qui fait flamber les prix du maïs, du riz et du blé, au point de les rendre inaccessibles à des centaines de millions d’hommes de femmes et d’enfants.
Mais aussi le dumping agricole pratiqué par les gouvernements occidentaux, en subventionnant les exportations de leurs producteurs nationaux vers les pays pauvres. Ces produits agricoles de base, arrivent sur les marchés africains, asiatiques ou sud-américains à des prix défiant toute concurrence et ruinent ainsi les paysans locaux. Une fois débarrassés de ces derniers, les firmes occidentales peuvent relever leurs prix comme ils veulent, selon les belles lois du « libre-échange », tandis que les populations locales crèvent de faim.
Prenant la dette extérieure comme levier, les responsables du FMI et de la Banque mondiale, représentants de la haute finance, exercent ensuite un odieux chantage auprès des gouvernements des pays dits « en développement ». On vous prête de l’argent, mais à condition que vous supprimiez toutes les entraves à la « libre concurrence » : plus de repas gratuits dans les écoles, remplacement des cultures vivrières par des cultures au profit de l’exportation (thé, café, canne à sucre….) confiées aux multinationales, suppression des subventions consacrés à la santé ou à l’éducation…
Pendant ce temps, les « Requins tigres », non contents de spéculer sur les matières premières agricoles, s’accaparent des terres jusque là cultivées par des paysans pour les transformer en productions vouées à l’exportation des pays riches.
Quant à l’aide alimentaire d’urgence qui permettait de colmater un certain nombre de brèches, elle a quasiment fondu. Après avoir décidé qu’elle ne pouvait plus se faire à l’aide des surplus agricoles produits par les pays riches, pour ne pas, là encore, « fausser les lois du marché », les sommes allouées par les pays riches ont été transférées à nos banquiers en faillite.
Mais ce qui est inavouable se pare parfois de beaux discours, d’une propagande « bio » (Jean Ziegler fait ainsi la lumière sur la production des agrocarburants) ou encore « humanitaire » (voir son chapitre sur la réalité des « corridors humanitaires » dans les zones de guerre) dont nous sommes souvent dupes.
C’est un nouvel appel à changer tout le système, à agir comme le font certains paysans qui se regroupent dans les pays du Sud, pour dire non à la barbarie galopante.
Rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation de 2001 à 2008, Jean Ziegler est aujourd’hui vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Professeur émérite de sociologie à l’Université de Genève, il a consacré l’essentiel de son œuvre à dénoncer les mécanismes d’assujettissement des peuples du monde.
– En 2000, il quitte son poste de professeur de sociologie à l’Université de Genève et devient rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation jusqu’en 2008.
– En 2008, il enntre au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
– En octobre 2011, il publie aux éditions du Seuil : « Destruction massive. Géopolitique de la faim ».
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