Jean Baumgarten, un militant infatigable de la cause palestinienne, qui n’avait pas sa langue dans sa poche et qui refusait la « servitude volontaire », vient de succomber à la maladie, à l’âge de 80 ans. Nous saluons l’homme exceptionnel. Nous transmettons nos condoléances et notre amitié à son épouse et à ses enfants.
Antisioniste et fier de l’être, Jean Baumgarten avait autant d’ennemis que d’amis, étant donné ses prises de position sans concession et son franc parler.
Né à Paris il y a 80 ans, de parents juifs polonais venus se réfugier en France, Jean s’est retrouvé avec une étoile jaune à l’âge de 10 ans. Mais déjà révolté, il décide de la jeter dans un caniveau au bout de 15 jours, pour entrer dans la clandestinité. Enfant caché, à Grenoble, jusqu’à la fin de la guerre, Jean survit miraculeusement, contrairement à une grande partie de sa famille.
Enrôlé en tant qu’adolescent dans les « Eclaireurs israélites de France », il se rend bientôt compte que « le sionisme avait exploité les victimes juives du nazisme comme un fonds de commerce pour arriver à réaliser son projet déjà conçu depuis la création de l’organisation sioniste en 1898 : l’occupation de la Palestine. »
A l’âge de 16 ans, il adhère au mouvement des Auberges de jeunesse, puis au groupe « Spartacus » à travers lequel il mène un combat acharné pour combattre l’injustice et pour la défense des causes justes des peuples à travers le monde, tels les mouvements révolutionnaires au Vietnam et en Algérie. Il milite au sein des groupes d’extrême gauche, notamment ceux de tendance trotskiste.
La Palestine lui apparait comme un enjeu central. Il écrit plusieurs ouvrages dont « Pâle Palestine », ainsi qu’un livre intitulé « En finir avec le sionisme ».
Il explique : « Je demeure toujours, comme il y a plus de cinquante ans, un antisioniste convaincu, et je pense que ce qui est en question dans l’Etat israélien, c’ est la notion même d’Etat juif, conçu par et pour des Juifs, et par conséquent mon anti-sionisme ne débouche pas sur la « destruction de l’Etat d’Israël » mais sur la destruction de l’Etat juif, de l’Etat hébraïque, colonial, et son remplacement par un Etat laïque, où chaque citoyen aurait exactement les mêmes droits et les mêmes devoirs, et où chacun pourrait avoir, dans la sphère privée, des croyances différentes allant de l’athéisme radical au Judaïsme, du Christianisme à l’Islamisme…. »
Il dénonçait sans relâche le chantage à l’antisémitisme, « systématiquement utilisé par les milieux sionistes de droite comme de gauche, pour donner mauvaise conscience à tous ceux qui critiquent la politique israélienne, et qui, comme toujours, se manifeste avec la violence et l’outrecuidance que l’on sait et sert d’alibi pour pousser certains Juifs à émigrer en Israël. »
Il saluait « le courage des « Refuzniks » israéliens qui montrent clairement la voie à suivre, et en appelant (encore et toujours !) à la pression indispensable (malgré la lâcheté des grands pays comme la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, et des pays dirigés par une clique de droite comme l’Italie), en n’oubliant pas bien sûr les Etats-Unis qui portent la plus grande responsabilité du soutien sans faille, de cet Etat Israélien, raciste et colonial. »
Il appelait clairement au boycott d’Israël : « Tant que le gouvernement sioniste continuera à mépriser le peuple palestinien nous exigeons de l’Union européenne un boycott véritable et impitoyable de toutes les activités économiques commerciales et culturelles à destination et en provenance d’Israël. Comme en 1994 avec l’Union Sud- Africaine, il faut en finir avec l’Etat Hébraïque israélien, raciste, colonial et menteur ! »
Il fut aussi l’un des rares, à dénoncer à nos côtés, haut et fort, l’envoi de troupes en Afghanistan, quand certains dirigeants « pro-palestiniens » tentaient de nous pestiférer pour notre « manque de respect envers l’armée française ».
Jean a constamment appelé à s’indigner, avant que le terme soit à la mode. Et surtout à s’engager comme il l’a toujours fait lui-même.
« A quand la jonction des luttes du mouvement des travailleurs, des lycéens, des étudiants, des chômeurs, des travailleurs, avec ce mouvement des banlieues ? », écrivait-il lors des révoltes de banlieues en novembre 2005 en France.
Dans « La servitude volontaire hier et aujourd’hui » et dans son dernier livre « L’économie mondiale à bout de souffle : l’ultime crise du capitalisme », il appelle à nouveau à un sursaut des exploités contre la terrible machine à broyer du système.
Merci Jean pour tout ce que tu as fait, pour ta détermination et ton insolence à l’égard de ceux qui n’ont jamais réussi à t’intimider.
CAPJPO-EuroPalestine