Notre amie Acacia CONDES, Professeure agrégée de l’Université, fait part au président du Tribunal de Bobigny, de son indignation après les réquisitions du parquet, qui demande la répression des militants BDS.
Acacia CONDES
Agrégée de l’Université
Paris, 21 mars 2012
Monsieur le Président du Tribunal de Grande Instance de Bobigny
Monsieur,
J’apprends que le jeudi 15 mars le représentant du gouvernement français a requis à l’encontre des militant(e)s appelant au boycott des produits israéliens des condamnations allant jusqu’à la peine de prison.
En tant que citoyenne d’un pays qui a porté haut les idéaux de liberté et de justice, je veux vous faire part de mon incrédulité et de ma stupeur.
J’ai eu l’opportunité d’aller en Palestine dans le cadre de différentes missions. J’ai vu l’occupation militaire et l’omniprésence de l’armée, j’ai vu l’extension galopante des colonies, et une organisation territoriale et sociale – concrétisée par ce Mur monstrueux, les routes séparées, les zones enclavées et les check points – qui peut être qualifiée de régime d’apartheid.
Et cela m’a rappelé les luttes de ma jeunesse quand, militants révoltés, nous luttions par l’arme pacifique du boycott contre l’Etat d’Afrique du Sud afin que soit mis un terme, sous l’égide de Nelson Mandela, au système institutionnalisé de l’apartheid.
Ce pays aurait-il pu se libérer de ce fléau sans l’appui des peuples du monde qui ont fait pression sur leurs opinions publiques et sur leurs gouvernements respectifs afin qu’ils cessent de soutenir le gouvernement d’Afrique du sud ?
Ce n’est pas autre chose que veulent ces militant(e)s, ceux-là mêmes que le procureur appelle aujourd’hui à condamner. Le régime imposé par l’Etat d’Israël au peuple de Palestine obéit à la définition juridique de l’apartheid telle que définie par le Tribunal Russel sur la Palestine (TRP) dans ses résolutions de novembre 2011.
Exactions contre un peuple qui depuis 64 ans subit un régime d’occupation. Négation de ses droits élémentaires. Interminable histoire de résistance à l’innommable brutalité militaire. 11 mars 2012 : 4 jours de bombardements sur Gaza, 25 morts, dont 5 enfants, 70 blessés…
Les militant(e)s sont notre honneur qui s’élèvent contre cette barbarie. Laisserez-vous, Monsieur le Président, laisserons-nous tous, les citoyen(ne)s alerté(e)s que nous sommes, bafouer leur liberté d’expression et leur exigence de justice ?
Recevez, Monsieur le Président, l’assurance de ma considération
Acacia CONDES
CAPJPO-EuroPalestine