Recourant à un langage d’une vigueur sans précédent, le Comité de l’ONU pour l’Elimination des Discriminations Raciales (CERD) a critiqué la politique israélienne sous le terme d’ « apartheid », dans ses observations publiées suite à un bilan périodique.
Israël : ségrégation, discrimination et déplacements forcés.
Par Ben White, The Independent, 21 mars 2012.
« Voici ce qu’est Israël en 2012 selon un organisme majeur des Nations Unies. Recourant à un langage d’une vigueur sans précédent, le Comité de l’ONU pour l’Elimination des Discriminations Raciales (CERD) a critiqué la politique israélienne sous le terme d’ « apartheid », dans ses observations publiées suite à un bilan périodique.
En confirmant le type d’analyses que les avocats d’Israël tentent de réfuter comme mensonges ou outrances rhétoriques, le Comité a fustigé Israël pour ses violations du droit à l’égalité dans de nombreux secteurs de sa politique. Le CERD décrit « la ségrégation entre les communautés juive et non juives », l’absence « d’accès égal à la terre et à la propriété » et « la politique persistante de démolition de maisons et de déplacements forcés des populations bédouines indigènes » dans le Néguev.
L’absence d’une « interdiction de la discrimination raciale » dans le droit fondamental israélien a été mise en lumière, et des développements plus récents, tels que les restrictions au regroupement familial frappant des citoyens palestiniens faisaient également partie du large spectre des critiques formulées par le CERD.
Les observations du Comité portaient par ailleurs sur la politique israélienne dans les Territoires Occupés, montrant comment les mêmes schémas discriminatoires se rencontrent de part et d’autre de la Ligne Verte. Les colonies juives en Cisjordanie sont constitutives d’un régime de « ségrégation de fait», suffisamment grave pour amener le Comité à rappeler à Israël la « prohibition » des politiques d’ « apartheid ».
Selon le Dr David Keane, professeur de droit à l’université du Middlesex et auteur de « La discrimination fondée sur la caste dans les droits de l’homme internationaux» il y a là de la part du CERD « la reconnaissance et la condamnation la plus tranchante d’un système légal de ségrégation depuis l’apartheid en Afrique du Sud ».
Les conclusions du CERD font écho au flux de rapports venant de Palestine/Israël de la part d’associations respectées de militants des droits de l’homme et d’observateurs. Le mois dernier, Rachel Rolnik, Rapporteur spécial de l’ONU sur l’adéquation de l’habitat, est rentrée d’une visite en Palestine/Israël en déclarant qu’elle avait été témoin d’un « modèle de développement territorial qui exclut, discrimine et déplace les minorités », y compris dans « la mise en œuvre d’une stratégie de judaïsation et de contrôle du territoire ».
L’organisation Human Rights Watch vient également de condamner « le contrôle exercé par Israël sur l’état civil de la population palestinienne » et la manière dont ces registres ont été manipulés pour induire « l’exclusion arbitraire par l’armée israélienne de centaines de milliers de Palestiniens depuis 1967 ». En janvier, le coordinateur humanitaire des Nations Unies pour la Palestine occupée a déclaré qu’Israël était en train de procéder à une « destruction à grande échelle des maisons et des moyens de subsistance » des Palestiniens.
Telle est la nature « routinière » de la règle coloniale, quelque chose qui m’a été de nouveau personnellement remis en mémoire lors de mon dernier voyage dans la région, au début de ce mois. Documents de Laissez-passer et postes de contrôle, confiscation de terres et colonisation, expulsions et développements immobiliers à usage exclusif. Quand on circule en Palestine/Israël, on n’est pas frappé seulement de mesurer à quel point une « solution à deux états » est morte, mais aussi de constater combien ce qui a émergé au fil des décennies est de facto un état ou un régime unique, qui tout au travers du pays situé entre le Jourdain et la Méditerranée, contrôle la vie des gens sur une base ethnocratique.
Le gouvernement israélien maintient un système qui, si on l’examine factuellement, est racialement discriminatoire et destiné à s’assurer que la terre, les ressources et certains privilèges sont tenus au bénéfice des Juifs et au détriment des Palestiniens. Il s’agit d’un territoire caractérisé par une ségrégation exercée physiquement et bureaucratiquement, qui bafoue le droit international.
Jusqu’à ce que soit défié le racisme épouvantable et systématique sur lequel le CERD attire l’attention, la paix restera inaccessible. Les Palestiniens dont les droits sont déniés, que ce soit comme citoyens en Galilée ou sous oppression militaire à Bethlehem, ont besoin que la communauté internationale se mette en mouvement au-delà d’un recensement des violations commises – et qu’elle mette un terme à celles-ci. »
Source :[http://blogs.independent.co.uk/2012/03/21/israel-segregation-discrimination-and-forced-displacement/
->http://blogs.independent.co.uk/2012/03/21/israel-segregation-discrimination-and-forced-displacement/]
(Traduit de l’anglais par Anne-Marie PERRIN pour CAPJPO-EuroPalestine)
CAPJPO-EuroPalestie