L’Europe — prix Nobel de la paix, qui baigne en pleine illégalité, importe quinze fois plus de marchandises des colonies illégales israéliennes que de produits palestiniens, révèle un rapport publié par 22 ONG. Gille Paris le souligne sur le blog du Monde.
« L’Europe et les colonies israéliennes : le double langage
Ferme sur les principes, hasardeuse sur les faits, c’est ainsi qu’apparaît l’Union européenne (UE) dans le rapport « La paix au rabais »* consacré par une vingtaine d’ONG aux relations paradoxales entre l’UE et les colonies israéliennes de Cisjordanie. Car les pays européens commercent volontiers avec ce qu’ils considèrent comme illégal au regard du droit international.
Les importations de produits issus des colonies s’élèvent en moyenne, ces cinq dernières années, à 230 millions d’euros contre seulement 15 millions pour ceux en provenance des territoires palestiniens. Que faire pour y remédier ? Tout d’abord appeler un chat un chat. Fabriqués dans une zone conquise militairement en 1967, les produits de beauté Ahava ne sont pas à proprement parler « made in Israël » comme ils le prétendent :
De même, les dattes de la vallée du Jourdain (la moitié de la production israélienne) trompent leur monde en se retrouvant commercialisées avec la provenance très générale « West Bank » (Cisjordanie, ce qui prête plutôt à rire quand on devrait plutôt lire Samarie), alors qu’elles ont été récoltées dans la colonie de Tomer :
Le Royaume-Uni montre la voie en distinguant le « Produit en Cisjordanie (produit palestinien) » du « Produit en Cisjordanie (produit d’une colonie israélienne) ». En l’absence de décision d’Etats très divisés sur la question israélo-palestinienne, les consommateurs peuvent au moins faire leur choix en connaissance de cause. Un jour en France ? »
*La Paix au Rabais : comment l’Union Européenne renforce les colonies israéliennes
http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2012/10/30/leurope-et-les-colonies-israeliennes-le-double-langage/
Intitulé “La paix au rabais : comment l’Union européenne renforce les colonies israéliennes illégales”, ce rapport émanant de plus de 20 ONG dont Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) souligne également que la plupart des Etats membres de l’UE, dont la France, n’assurent pas un étiquetage correct de ces produits illigaux dans les magasins, laissant les consommateurs dans l’ignorance quant à leur origine, contrairement aux directives de l’UE.
La plupart des dattes exportées par Israël sont produites dans des colonies
Le rapport, préfacé par l’ancien Commissaire de l’UE aux Relations extérieures, Hans van den Broek, appelle les gouvernements européens à adopter une série de mesures concrètes pour qu’ils cessent de soutenir l’expansion des colonies et que l’écart entre leurs paroles et leurs actes soit ainsi comblé.
Par ailleurs, il est à noter le caractère d’autant plus « compétitif » des produits des colonies puisque le gouvernement israélien accorde des subventions conséquentes aux colons, y compris pour les infrastructures, le développement des affaires et de l’agriculture ; d’autre part, elle impose des restrictions drastiques sur l’accès aux marchés et aux ressources naturelles pour les Palestiniens.
Les colons bénéficient d’un accès facile aux marchés internationaux et ont pu établir des agro-industries modernes et des zones industrielles. L’économie palestinienne est, à l’inverse, “fortement entravée par un système à plusieurs niveaux de restrictions” imposé par Israël, incluant des barrages routiers, des points de contrôles et un accès limité à la terre, à l’eau et aux engrais. En conséquence, les exportations palestiniennes qui, dans les années 80, représentaient plus de la moitié du PIB palestinien, ont chuté ces dernières années à moins de 15% du PIB [11], réduisant ainsi à néant tout bénéfice qui pourrait être dégagé de l’accord commercial préférentiel que l’UE a conclu avec les Palestiniens.
« L’Union européenne dépense des centaines de millions d’euros chaque année dans l’effort de construction d’un Etat palestinien. Mais ce soutien est remis en question par son commerce avec les colonies illégales qui contribue à leur rentabilité et à leur expansion » déclare Phyllis Starkey, du Conseil d’Administration de l’ONG Medical Aid for Palestinians et ancienne députée britannique.
Parmi les marchandises des colonies vendues en Europe et en France, on retrouve des produits agricoles tels que les dattes, les raisins, les agrumes et les herbes, les vins, et des produits manufacturés, dont les produits cosmétiques d’Ahava, certains composants de machines à gazéifier de SodaStream et les meubles de jardin en plastique fabriqués par Keter.
« Les marchandises provenant des colonies de Cisjordanie sont produites grâce aux démolitions de maisons, aux confiscations de terres et à l’occupation militaire. Il est temps pour les gouvernements d’aller au-delà des condamnations rhétoriques des colonies et de s’assurer au minimum que les consommateurs puissent prendre des décisions éclairées au sujet de ces produits en magasins. Ceci est la condition qui permettrait d’être en accord avec le droit européen et international », signale Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.
Organisations signataires : APRODEV, Broederlijk Delen (Belgique), Caabu (GB), CCFD – Terre Solidaire (France), Christian Aid (GB et Irelande), Eglise de Suède, Cordaid (Pays-Bas), DanChurchAid (Danemark), Diakonia (Suède), Fédération internationale de droits de l’ Homme (FIDH), FinnChurchAid (Finlande), ICCO (Pays-Bas), IKV Pax Christi (Pays-Bas), Medical Aid for Palestinians (GB), Medico International (Allemagne), Medico International Suisse, the Methodist Church in Britain, Norwegian Church Aid, Norwegian People’s Aid, Quaker Council for European Affairs, Quaker Peace and Social Witness (GB), Trocaire (Irelande).
Traduction : www.pourlapalestine.be
CAPJPO-EuroPalestine