– LETTRE DE CHANTAL A JULIEN
Cher Julien,
Je te connais et je t’apprécie depuis des années, du temps où j’enseignais tes chansons à mes élèves en Angleterre, ces poèmes qui parlaient d’amour et de liberté :
Je suis triste et je voudrais m’éteindre
Les beaux étés, sans toi, c’est l’amour sans flambeau
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre
Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.
Eh bien, là où tu as l’intention d’aller chanter le 7 juillet prochain, en « Israël », c’est-à-dire en Palestine Occupée, il y a des gens qui font semblant de ne pas connaître ceux qui sont tristes, séparés de leur pays natal depuis 1948, année au cours de laquelle les sionistes ont procédé au nettoyage ethnique de 78% de la Palestine. En 1967, ceux-ci ont envahi le reste du pays et ont continué leurs expulsions : Le nombre des réfugiés palestiniens s’élève maintenant à environ 6 millions et jusqu’à ce jour, le régime israélien refuse de les laisser rentrer dans leurs villes et villages – presque tous rasés, contrairement au droit international, malgré la Résolution 194 de l’ONU du 11 décembre 1948.
En tant qu’ « Ambassadeur de bonne volonté du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés » tu dois penser à ces réfugiés et faire en sorte qu’ils retrouvent leurs terres et leur liberté.
Il est aussi indispensable de se souvenir que les « Arabes israéliens » (c’est-à-dire les Palestiniens) qui ont pu rester dans l’Israël de 1948, sont des citoyens de deuxième ordre – beaucoup d’entre eux chassés de leur lieu d’origine, de leur maison natale ; que les Gazaouis sont comme dans un camp de concentration et que les Palestinien de Cisjordanie et de Jérusalem Est vivent sous un régime d’apartheid pire que celui de l’Afrique du Sud de 1948 à 1994.
Demande à Desmond Tutu. Pas un jour ne passe sans qu’un crime ne soit commis par l’Armée d’Occupation ou par les colons armés qui ne cessent de voler, détruire, tuer, blesser ou kidnapper, de construire des « murs de sécurité » et des routes interdites aux « Arabes » là où ils veulent : Postes de contrôle et miradors à perte de vue. Le « Processus de Paix » est grotesque. Il est temps d’agir : de boycotter, de désinvestir et d’appliquer des sanctions contre un état raciste et illégitime qui se dit « juif et démocratique ».
Comment peux-tu accepter ces horreurs en tant que « Chanteur sans Frontières » ? « Ça fait pleurer le Bon Dieu ».
Je t’en supplie, cher Julien, ne te range pas du côté de l’oppresseur, suis l’exemple de Roger Waters et de tous les autres, et annule ton voyage dans ce pays fabriqué sur les ruines et les cadavres de la Palestine. Il n’est pas trop tard.
Courage et meilleurs souhaits.
CHANTAL GUILLIN (Angleterre)
Roger Waters (Pink Floyd) écrit sur le mur de l’apartheid
– LETTRE DE CAROLE A JULIEN
– LETTRE DE JULIEN… A JULIEN (extraits)
Cher Julien Clerc,
J’apprends avec consternation que vous projetez de vous rendre en Israël le 7 juillet prochain, pour y donner un concert.
Je ne peux pas croire que vous alliez vous produire dans un Etat qui procède au nettoyage ethnique de tout un peuple (voir les conclusions du Tribunal Russel sur la Palestine).
Au cas où vous ne le sauriez pas, voici quelques exemples des crimes commis à l’encontre de la population palestinienne :
– Destructions de maisons, de surfaces agricoles.
– Entraves à la liberté de circulation des biens et des personnes (par les fameux Checkpoints), sur tout le territoire palestinien occupé.
– Restrictions d’accès à la terre et aux ressources naturelles (en particulier pour l’eau)
– Mise en danger des femmes et de leurs enfants, en les empêchant, par le biais des checkpoints, de se rendre à l’hôpital (certaines ont accouché à même le sol).
– Torture des prisonniers, et transfert de la plupart d’entre eux dans des prisons en Israël (ce qui ne respecte pas l’article 76 de la 4è Convention de Genève).
– Enlèvements d’enfants, en pleine nuit à leur domicile, emmenés les yeux bandés, puis emprisonnés pendant des jours, voire des semaines, sans pouvoir rencontrer leurs parents ni un avocat
– Fragmentation du territoire palestinien, rappelant ainsi les Bantoustans de l’Apartheid Sud Africain
…. sans parler du blocus imposé sur Gaza et des bombardements répétés de la population civile de Gaza par Israël, qui suffiraient à eux seul à vous abstenir d’aller chanter dans un Etat qui se conduit de la sorte.
Pendant que vous chanterez en Israël, vous couvrirez les voix et les cris des enfants palestiniens, qui pleurent devant leur maisons détruites à coup de bulldozer, qui crient dans les maisons, en pleine nuit, quand ils se font embarquer par 7 ou 8 hommes de l’armée d’occupation équipés de bergers allemands. Vous couvrirez les voix des résistants, ces prisonniers palestiniens détenus sans charges ni procès, qui sont en grève de la faim pour protester contre l’injustice qui leur est faite.
De plus, vous êtes Ambassadeur de bonne volonté du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ? Mais, quel sens donnez vous à cette démarche, quand vous savez, certainement, que 5 millions de réfugiés palestiniens vivent dans des conditions inhumaines, dans les camps de réfugiés de Syrie, du Liban, de Jordanie, outre ceux de la Palestine ?
Je suis le parrain d’Hassan, enfant palestinien de 9 ans, et vivant, avec sa petite soeur et ses parents, dans un camp de réfugiés au Liban. Je vous envoie aussi quelque uns des dessins des enfants du camp de Chatila. Voyez vous-même ! Ces enfants sont privés de leur enfance, de leur insouciance. Ils ont des cauchemars d’adultes, comme vous pouvez le voir dans leur mots, leurs projets.
Quand vous chantez cette si belle chanson « Laissons laissons, entrer le soleil »… là bas, dans les camps, le soleil ne rentre même plus ! Les rêves des enfants s’arrêtent à hauteur des bâtiments !
Lorsqu’en 1984, avec Renaud, vous vous étiez unis pour chanter « Ethiopie » (Loin du coeur et loin des yeux, l’Ethiopie meurt peu à peu ») afin d’aider la population touchée par la famine, ou qu’en 1988, suite au tremblement de terre en Arménie, vous chantiez avec Aznavour « Pour toi Arménie », ces populations étaient malheureusement touchées par des phénomènes naturels, qu’ils soient prévisibles ou non.
Là, si vous chantez en Israël, c’est vous qui contribuerez à faire mourir les Palestiniens, car dans ce pays, c’est un racisme d’Etat qui est responsable de la destruction de tout un peuple et de sa culture.
Ne vous rendez pas en Israël, Julien Clerc. Ne vous rendez pas complice du non droit et de l’impunité dont jouit ce pays.
En tant qu militant pour la paix, je vous remercie de renoncer à commettre un acte qui me décevrait beaucoup de votre part.
Julien GALET
Vous aussi, écrivez à Julien Clerc pour lui rappeler la phrase de l’Archevêque sud-africain Desmond Tutu, qui a lutté aux côtés de Nelson Mandela : « Etre neutre face à une situation d’injustice, choisir le côté de l’oppresseur »
Julien Clerc
VMA
20 Avenue Rapp. 75007 Paris. (ou encore par FAX au : 00 33 1 45 55 77 80)
CAPJPO-EuroPalestine
