Le CRIF a tenté sans succès de faire supprimer l’expo de la photographe palestinienne Ahlam Shibli, en prétendant qu’elle faisait l’apologie du terrorisme. Non seulement il s’est fait envoyer sur les roses en bonne et due forme, mais il s’est trouvé des lecteurs pour écrire aux sionistes qu’ils feraient bien de commencer par balayer devant leur porte !
Alors que le Musée annonce à propos de la partie de l’exposition « Death » de l’artiste :
« Ce travail porte sur la demande de reconnaissance née de la deuxième Intifada, le soulèvement palestinien contre la puissance coloniale dans les territoires occupés par Israël depuis 1967. La deuxième Intifada, qui a duré de 2000 à 2005, a fait plusieurs milliers de morts dans le camp palestinien.
Death montre plusieurs façons pour ceux qui sont absents de retrouver une présence, une représentation: combattants palestiniens, tombés lors de la résistance armée aux incursions israéliennes, et victimes de l’armée israélienne tuées dans des circonstances diverses (chahid et chahida); militants ayant mené des actions où ils étaient certains de laisser leur vie, entre autre les hommes et les femmes bardés d’explosifs qu’ils ont mis à feu pour assassiner les Israéliens (istichhadi et istichhadiya); et enfin prisonniers. Les premiers sont morts, les derniers vivants, condamnés à la prison pour le reste de leurs jours ou presque.
Ces représentations font de toute personne ayant perdu la vie par suite de l’occupation israélienne en Palestine un martyr.
Death se limite à quelques moyens de représentations des martyrs et des détenus (…) Toutes ces formes de représentations émanent des familles, des amis et des associations de combattants.»
Ahlam Shibli, Sans titre (Death n° 47), Palestine, 2011-2012, Camp de réfugiés de Balata, 7 mars 2012[1]
Le Crif était monté au créneau en demandant la suppression de l’exposition.
et l’ambassade d’Israël à Paris a «saisi les autorités pour leur demander des explications».
Ils ont reçu la réponse suivante, sous forme d’un communiqué envoyé aux rédactions:
«Le Jeu de Paume réfute fermement les accusations d’apologie du terrorisme ou de complaisance à l’égard de celui-ci, et portera plainte contre toutes les personnes lui adressant des menaces.
Ahlam Shibli, artiste internationalement reconnue, propose une réflexion critique sur la manière dont les hommes et les femmes réagissent face à la privation de leur foyer qui les conduit à se construire, coûte que coûte, des lieux d’appartenance.
Death explore la manière dont des Palestiniens disparus – « martyrs », selon les termes repris par l’artiste – sont représentés dans les espaces publics et privés (affiches et graffitis dans les rues, inscriptions sur les tombes, autels et souvenirs dans les foyers…) et retrouvent ainsi une présence dans leur communauté.»
Pour sa part, Carole Sandrel a pris la peine de répondre à un site sioniste ayant publié un article intitulé « Ahlam Shibli : quand les terroristes deviennent des martyrs ».
Carole SANDREL
PARIS, 15 juin 2013
A l’attention de
Charlotte PUDLOWSKI
73, rue Sainte-Anne
PARIS 75002
Bonjour Madame,
Votre indignation exprimée dans Slate en ligne du 13 juin dernier, me paraît bizarrement biaisée. Donc, un artiste ne devrait pas rendre compte de cette violence qu’on appelle terrorisme. De votre point de vue, ce serait « justifier » et « magnifier » le terrorisme, palestinien s’entend.
Je voudrais vous rappeler, pourtant, que les Pères d’Israël n’ont jamais été regardants quant au terrorisme : relisez l’Histoire d’Israël, (la vraie). Vous y verrez que presque tous sont sortis de l’Irgoun, du groupe Stern, du Lehi, pour ne rien dire de l’Unité 101 et j’en passe. Un terrorisme en effet «justifié» et « magnifié « , si bien que ces hommes, qui n’avaient rien d’enfants de chœur, sont aujourd’hui des héros, honorés comme tels, par Israël.
Et je vous rappelle que Jean Moulin, pour ne parler que de lui, ne fut jamais qu’un terroriste, aux yeux de ses bourreaux nazis, tout comme certains des miens et quelques autres….
Bref, votre indignation est indigne, comme l’est la censure de Slate en ligne, qui a simplement zappé ces détails que je m’étais permise de mettre en commentaire à votre papier.
Croyez, Madame, à l’expression de mes sentiments terroristes…..
Carole SANDREL
Pour continuer à aller voir cette exposition jusqu’au début septembre :
Musée du Jeu de Paume
1 Place de la Concorde
Jardin des Tuileries (Paris) – Métro Concorde lignes 1,8 et 12.
CAPJPO-EuroPalestine