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La détention d’un enfant de 5 ans était « légitime », tranche l’armée israélienne

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Tout est bien qui finit bien. L’armée israélienne vient de faire savoir, qu’après étude de la question, ses soldats ont eu raison d’arrêter et de détenir l’enfant palestinien de 5 ans, qui aurait jeté une pierre à Hébron, parce qu’il « constituait une menace pour la sécurité ».


Cela va mettre de l’huile dans les rouages des négociations, n’est-ce pas Mahmoud ?

Le journaliste israélien Gideon Levy (Haaretz), est pour sa part revenu sur l’arrestation et la détention de cet enfant, pour en tirer d’autres conclusions… et informations.

Voici ce qu’il écrit :

« Nous ne savions pas que Wadi’a était en réalité un détenu récidiviste: il avait 5 ans et 9 mois quand il a été arrêté la semaine dernière par des soldats israéliens devant les caméras de l’organisation  » B’Tselem ». Ce n’était pas sa première arrestation mais la troisième.

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Le petit garçon apparait traumatisé: il ne sourit pas, parle peu, se recule à la moindre tentative de caresse, il a peur dès qu’un soldat passe, il fait pipi dans son lit la nuit, il se réveille en hurlant et refuse de dormir dans sa maison située en face de la Tombe des Patriarches à Hébron.

Wadi’a est entré dans la conscience publique israélienne et internationale après que huit soldats armés de la brigade Givati de l’armée israélienne l’ont arrêté en pleine rue et emmené dans leur jeep blindée avec l’accusation d’avoir jeté une pierre sur les roues d’une voiture appartenant à des colons. Les caméras de B’Tselem ont témoigné de ce qui s’est passé: le petit garçon détenu pleure près de son père menotté et les yeux bandés, assis à côté de lui.

Le Bureau du rapporteur de l’IDF a condamné l’association B’Tselem et le travail qu’elle accomplit.

Cette semaine, nous voulions nous rendre chez l’enfant qui pleurait mais la police des frontières au check point du Tombeau des Patriarches nous en a empêchés sous divers prétextes. Alors, nous avons rencontré l’enfant et son père dans la rue, à l’endroit exact où tout a eu lieu mardi dernier.

Karam, 31 ans, est un ouvrier du bâtiment occasionnel à Hébron, il a trois enfants. Il a passé globalement sept ans de sa vie dans les prisons israéliennes à cause de heurts violents avec les soldats du quartier où se trouve la petite communauté juive d’Hébron.

Wadi’a et Karam sont nés dans le même appartement loué devant le Tombeau des Patriarches pour lequel la famille paie 5 000 NIS par an et que le père voudrait quitter. Karam aimerait passer dans la zone de Hébron sous contrôle palestinien ou en Jordanie ou n’importe où, pourvu que ses enfants ne souffrent plus. Il n’est plus disposé à se soumettre aux humiliations constantes que chaque Palestinien qui vit ici doit subir au quotidien, de la part des soldats, de la police des frontières, des colons.

Seules deux familles sont restées. Les autres, plusieurs milliers, se sont enfuies en silence. Ceux qui sont restés ne pouvaient pas se permettre de partir. En 2002, l’interdiction a été faite a Karam de travailler en Israël, alors il vit de petits travaux sporadiques à Hébron et Halhul. Il se trouvait à Halhul quand un membre de la famille l’a appelé pour lui dire que Wadi’a avait été arrêté.

Il s’agissait, nous le répétons, de la troisième arrestation de cet enfant. Karam raconte qu’il y a un peu plus d’un mois, les soldats sont venus chez lui un soir pour se plaindre du fait que le petit garçon était monté sur le toit de sa maison. Monter sur le toit- terrasse est interdit aux Palestiniens et les soldats ont arrêté Wadi’a. Le petit garçon a été libéré seulement vers 1h du matin, soit trois heures après avoir été arrêté. Il a été ensuite arrêté une seconde fois, il y a environ trois semaines : les soldats sont entrés chez lui et ont demandé où était le père. Karam n’était pas chez lui mais Wadi’a a de nouveau été emmené et détenu pendant plusieurs heures.

Le Bureau du rapporteur de l’IDF a fait la déclaration suivante: « L’IDF n’a pas d’informations au sujet des arrestations et des détentions précédentes. L’incident qui est décrit dans la vidéo fait l’objet d’une enquête et les instructions pour traiter les incidents de cette sorte ont été intensifiées”.

Karam lui-même était sorti d’une prison israélienne six mois auparavant. Il avait été arrêté après avoir essayé de rentrer chez lui un soir alors qu’un policier de frontière ne lui avait pas permis de traverser le barrage juste en face de chez lui. Il dit qu’il était quelques minutes avant 21h , heure à laquelle tous les habitants palestiniens du quartier doivent rester à l’intérieur de leurs maisons, selon le couvre-feu nocturne qui leur est imposé ici.

Le garde-frontières n’a pas laissé passer Karam, quelques mots ont été échangés, peut-être un peu de violence aussi. Le policier a dit que Karam entravait l’exercice de sa fonction et a appelé des renforts. Karam a été arrêté, condamné à six mois de prison et à deux mois supplémentaires d’exil en Jordanie, loin de sa femme et de ses jeunes enfants.

Karam dit que les soldats ont l’habitude d’envahir sa maison et de la perquisitionner. Le quartier qui est sous occupation israélienne comprend huit barrages de contrôle militaire dont trois ou quatre le long du parcours qui mène à l’école maternelle que fréquente Wadi’a. De violentes altercations ont souvent lieu à cet endroit. Les voitures palestiniennes n’ont, bien sûr, pas le droit de s’approcher de cette zone tandis que celles conduites par les colons peuvent le faire.

Leurs enfants, continue Karam, attaquent périodiquement les enfants palestiniens mais, ils ne sont jamais arrêtés. La dernière fois que c’est arrivé à Wadi’a, c’est il y a deux semaines environ, quand un colon de 12 ans l’a littéralement frappé en pleine rue alors qu’il allait acheter du pain.

Mardi dernier, huit soldats aux bérets violets ont arrêté Wadi’a dans la rue. Un colon s’était plaint parce qu’un enfant avait jeté une pierre contre sa voiture. Wadi’a affirme avoir voulu jeter une pierre contre un chien errant mais que le tir a abouti par erreur sur une roue de la voiture. Les membres de B’Tselem sur place à ce moment, Manal al Jabri et Imad Abu Shamsia, affirment qu’il y avait bien un chien à cet endroit.

Les deux hommes de B’Tselem ont vu que le petit garçon était encerclé par huit soldats et ils ont commencé à filmer. Wadi’a a été emmené sur la jeep, escorté par un membre de sa famille. Le film montre qu’il pleurait beaucoup et qu’il frappait des pieds par terre. Quand Karam est arrivé chez lui après convocation urgente, il a vu que son petit garçon avait été ramené à la maison car les officiers de la station de police avaient refusé de l’arrêter.

Karam a trouvé son fils blotti à l’intérieur d’une armoire. Les soldats continuaient à vouloir emmener l’enfant en détention mais accompagné de son père, cette fois. Pendant tout ce temps, Wadi’a se terrait dans l’armoire et pleurait d’épouvante. Son père et lui ont été amenés à pied au Checkpoint 56, près de Beit Hadassah où le père a été menotté et où on lui a bandé les yeux devant son petit garçon.

Karam affirme qu’ils voulaient aussi menotter l’enfant mais il aurait dit aux soldats et aux policiers « Aucune loi n’autorise à menotter un enfant de cinq ans ». Alors, ils ont frappé Karam à coups de pied comme le confirment les nombreuses ecchymoses et plaies visibles sur un de ses genoux puis toujours avec les mains liées et les yeux bandés, ils l’ont fait assoir sur une chaise près du check point, le tout devant le petit garçon terrorisé.

Un bénévole de B’Tselem, Abu Shamsia, a filmé cela aussi. Il a déclaré avec Karim avoir entendu un officier de l’Administration Civile, le lieutenant- colonel Avi, s’en prendre aux soldats pour avoir détenu père et fils en présence de caméras. Il aurait dit « Vous êtes de nouvelles recrues. Si vous voulez faire les choses comme ça, faites-les chez nous, pas devant des caméras, on a déjà eu assez de scandales comme ça » – ou quelque chose d’analogue.

Dans la vidéo dont la qualité sonore n’est pas bonne, le lieutenant-colonel Avi semble dire quelque chose au sujet de « l’élément hasbara » (communication vers l’extérieur ou propagande); sur la vidéo on peut voir alors le père les yeux bandés, son fils près de lui et un groupe de soldats qui les encercle. L’officier Avi a ensuite donné l’ordre de transférer les deux détenus à la police palestinienne qui les a libérés non sans avoir, au préalable, exigé de Karam qu’il signe une garantie pour un dépôt de 5 000 dinars jordaniens au cas où l’enfant jetterait d’autres pierres.

Ce dernier a d’abord refusé de signer disant aux policiers “ce n’est qu’un enfant” mais sa famille l’a persuadé de signer pour qu’enfin le détenu , Wadi’a, cinq ans et neuf mois, puisse rentrer chez lui. »

(Traduit par Laurence D. pour CAPJPO-EuroPalestine)

CAPJPO-EuroPalestine

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