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Egypte : la dictature militaire développe une vague de xénophobie sans précédent

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La dictature militaire instaurée en Egypte après le renversement du président-élu Mohamed Morsi s’accompagne d’une campagne de xénophobie sans précédent, touchant pêle-mêle les Palestiniens, les réfugiés syriens, ainsi que des Occidentaux ayant eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.


Témoin l’emprisonnement, depuis plus de 40 jours maintenant, de deux citoyens canadiens, le journaliste John Greyson et le médecin Tarek Loubani. arrêtés le 16 août dernier au Caire, au soir d’un des grands massacres opérés par l’armée contre des manifestants désarmés sur la place Ramsès.

C’est très vraisemblablement parce qu’ils ont été les témoins de ce massacre que Greyson et Loubani, dont le projet initial était de se rendre dans la bande de Gaza, sont toujours emprisonnés, estiment les membres du Comité de soutien qui s’est formé au Canada.

Voici, traduit par le site info-palestine.eu, le communiqué de leur comité de soutien, suivi de l’appel au secours lancé par Tarek et John.

Nous avions retenu cette déclaration, par crainte que les autorités égyptiennes ne nuisent à Tarek et John si nous l’avions diffusée. Mais compte tenu de l’annonce de charges imminentes dans le Toronto Star d’aujourd’hui, nous pensons que leurs propres paroles expliqueront le type de « preuves » que les autorités égyptiennes prétendent avoir en leur possession. Nous pensons que ces accusations imminentes ont avant tout à voir avec ce à quoi Tarek et John ont assisté le 16 août.

« Nous sommes au 12e jour de notre grève de la faim à Tora, la principale prison du Caire, située sur les rives du Nil. Nous sommes confinés ici depuis le 16 août dans des conditions absurdes : pas d’appels téléphoniques, peu ou pas d’exercice, le partage d’une cellule de 10m x 3m avec 36 autres prisonniers politiques, dormant entassés comme des sardines sur le béton avec des cafards, partageant un seul robinet d’eau boueuse du Nil.

« Nous n’avions jamais prévu de rester en Égypte plus d’un seul jour. Nous sommes arrivés au Caire le 15 août avec des visas de transit et toute la paperasse nécessaire pour nous rendre à notre destination : Gaza. Tarek est bénévole à l’hôpital Al -Shifa à Gaza, et il amène les gens avec lui à chaque voyage. John avait l’intention de réaliser un court-métrage sur le travail de Tarek.

« Suite au putsch militaire, la frontière officielle à Rafah ouvrait et fermait au hasard,et nous nous sommes retrouvés au Caire pour la journée. Nous avions une caméra portable (un spot, un microphone, le HD Canon de John, deux Go-Pros) et un équipement pour l’hôpital (un routeur de réseau wifi si nécessaire, et deux hélicoptères de la taille d’un jouet et démontés pour tester le transport d’échantillons médicaux).

« En raison des protestations sur la place Ramsès et à travers le pays le 16 août, nous ne pouvions pas nous rendre en voiture à Gaza. Nous avons décidé d’aller sur la place, à cinq pâtés de maisons de notre hôtel, portant nos passeports et le caméscope de John. La manifestation était à ses débuts – paisible avec des chants, une légère odeur de gaz lacrymogène, un hélicoptère tournant paresseusement au-dessus – quand soudain on appelle un « docteur ». Un jeune homme était porté par d’autres venus de Dieu-sait- où, saignant d’une blessure par balle. Tarek est alors redevenu médecin … et il a commencé à intervenir et à faire des interventions d’urgence, essayant de sauver des vies, alors que John saisissait ce qui se passait avec sa vidéo, enregistrant des vues du carnage qui se déroulait. Les blessés et les mourants n’ont jamais cessé de défiler. Rien qu’à nous deux, nous avons vu plus de cinquante Égyptiens mourir : des étudiants, des travailleurs, des professeurs, de toutes les conditions, tous les âges, sans armes. Nous avons ensuite appris que le décompte des morts pour la journée était de 102.

« Nous sommes repartis le soir, quand la situation était plus calme, essayant de revenir à notre hôtel sur le Nil. Nous nous sommes arrêtés pour manger une crème glacée. Mais nous n’avons pas pu trouver un chemin à travers les cordons de police, et finalement nous avons demandé de l’aide à un point de contrôle.

« C’est à ce moment-là que nous avons été arrêtés, fouillés, mis en cage, interrogés et encore interrogés, filmés avec un ’Syrien terroriste’, giflés, battus, ridiculisés, mis en cage, interdits d’appels téléphoniques, dépouillés, la tête rasée, accusés d’être des mercenaires étrangers. S’agissait-il de nos passeports canadiens, ou des images de Tarek intervenant comme médecin, ou de nos emballages de crème glacée qui ont déclenché leur colère ? Ils criaient « des Canadiens » alors qu’ils nous frappaient à coups de pied. John a conservé une ecchymose due à une trace de pied imprimée sur le dos pendant une semaine.

« Nous étions deux parmi les 602 arrêtés cette nuit-là, tous ces 602 faisant face au même ramassis d’accusations ridicules : incendie criminel, complot, terrorisme, possession d’ armes à feu et d’explosifs, attaque d’un poste de police… Les récits de l’arrestation de nos compagnons de cellule égyptiens sont remarquablement similaires au nôtre : des Égyptiens qui ont été ramassés dans les rues sombres après la manifestation, par des voyous ou des flic, à des blocs d’immeubles ou à des kilomètres de la station de police qui est le site présumé des crimes dont on nous accuse.

« Nous sommes ici dans la prison de Tora depuis six semaines, et nous sommes maintenant dans une nouvelle cellule (3,5 mx 5,5 m) que nous partageons avec « seulement » six autres détenus. Nous sommes encore en train de dormir sur le béton avec des cafards, et encore en train de partager un seul robinet d’eau du Nil. Mais maintenant nous avons (presque) un exercice et une douche chaque jour. Toujours pas de coups de téléphone. Le procureur ne dira pas s’il y a une question en suspens qui bloque toute procédure. Le routeur Wifi, les équipements pour filmer, ou les images de Tarek traitant des plaies par balle tout au long de ce long après-midi sanglant ? En effet, nous serions heureux d’être présentés devant un vrai tribunal avec des preuves matérielles, parce que ces images nous serviraient d’alibi tout en servant de témoignage sur le massacre.

« Nous méritons une procédure régulière, et pas des cafards sur le béton. Nous exigeons d’être libérés.

John & Tarek

Contacts : Cecilia Greyson, cgreyson_AT_gmail.com, Justin Podur , justin_AT_podur.org
Consulter le site de solidarité : http://tarekandjohn.com/

28 septembre 2013 – Vous pouvez consulter cet article à :
http://tarekandjohn.com/press-releases/
Traduction : Info-Palestine.eu – Naguib

Parallèlement, le quotidien britannique The Guardian, qui rend compte de la situation des deux Canadiens et de la mort dans une prison égyptienne d’un Français de 49 ans habitant le Caire, Eric Lang, confirme que ces événements interviennent dans le contexte d’hystérie xénophobe développée par les militaires au pouvoir.

http://www.theguardian.com/world/2013/sep/18/egypt-frenchman-dies-syria-morsi

« La propagande xénophobe n’est pas une nouveauté en Egypte, mais elle a atteint cet été des niveaux insoupçonnés, lorsque le nouveau gouvernement et ses soutiens ont lancé une campagne de diabolisation de Morsi et de ses partisans, les présentant comme des terroristes agents de l’étranger, les ‘étrangers’ en question allant du Hamas au président américain Barack Obama », écrit le correspondant du Guardian.

« Morsi se retrouve ainsi accusé d’avoir eu partie liée avec le Hamas pendant la révolte de 2011, avec un agenda hostile aux intérêts de la nation égyptienne. Dans la même veine, le quotidien officiel du régime, Al Ahram, est allé jusqu’à écrire que les Frères Musulmans complotaient avec les Etats-Unis pour démanteler l’Egypte », ajoute-t-il.

« Des chaînes de télévision soufflent sur les braises, tous les soirs, s’en prenant aux puissances occidentales qui n’avaient pas donné un blanc-seing explicite aux auteurs du coup d’Etat, lequel a bénéficié d’un assez large soutien dans le pays lui-même ».

« Salah Zevada, gouverneur de province, s’est de son côté répandu dans la presse pour affirmer que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont un plan pour financer les Frères Musulmans afin de parvenir à l’éclatement de l’Egypte, dont la Palestine obtiendrait un morceau, la Libye un autre, et les Chrétiens un troisième, prélude à une guerre de 50 ans ».

« Habitant le Caire depuis plus de 25 ans, Mme Cathy Costain, une citoyenne britannique, dit qu’elle n’a jamais vu ça auparavant ».

Les Palestiniens ont toujours été en butte aux vexations des autorités égyptiennes, même si cette politique s’était légèrement atténuée sous le règne éphémère de Morsi, pour reprendre de plus belle depuis le coup d’Etat.

S’y ajoutent maintenant les réfugiés syriens, systématiquement associés aux Frères Musulmans, même si cela n’a aucun rapport avec la réalité.

CAPJPO-EuroPalestine

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