Le juge des référés du tribunal administratif de Montreuil, saisi de la demande du préfet de Seine St Denis, d’annuler la délibération du conseil municipal de Bagnolet qui a élu citoyen d’honneur de la ville le prisonnier politique Georges Ibrahim Abdallah, rendra sa décision ce vendredi.
Ce jeudi après-midi, l’avocat d’un plaignant, le conseiller municipal UMP Jacques Nio, a plaidé, sur la forme, que la convocation à la réunion du conseil municipal ne mentionnait pas explicitement ce sujet bien qu’il ait été dûment mis à l’ordre du jour et présenté en séance avant le vote.
Mais il a surtout développé, le fait que cette décision ne présenterait « aucun intérêt public pour la Ville de Bagnolet, Georges Ibrahim Abdallah n’ayant pas joué un rôle positif pour Bagnolet » et qu’elle violerait « le principe de neutralité politique ».
Il a curieusement défendu ce dernier point en arguant d’une « interdiction aux mairies de donner des noms d’hommes politiques à des rues ou des collèges », ou mieux encore sur une décision du Conseil d’Etat refusant à la municipalité de Goussainville de financer des ambulances au profit de l’Espagne Républicaine… en 1941, c’est à dire sous Pétain !
Cela en dit long sur les références de M. Nio.
Me Vasseur, avocat de la mairie de Bagnolet, n’a pas fait remarquer que l’on se trouvait à la station de Métro Robespierre, homme politique s’il en est, (« terroriste » diraient même certains), qui n’a pas fait grand chose pour la ville de Montreuil….
Il n’a pas évoqué l’extraordinaire deux poids de mesures car, aucun préfet que l’on sache, n’a trouvé quoi que ce soit à redire au fait que la mairie de Paris a élu Gilat Shalit, citoyen d’honneur de la Ville de Paris. Le « rôle positif » joué par ce soldat de l’armée d’occupation israélienne, en ce qui concerne la ville de Paris, ne sautant pas aux yeux, a priori.
Ceci sans parler des Esplanade Ben Gourion, Jardin Itzhak Rabin et autres place Théodore Herzl, dont les « rôles » positifs pour la capitale sont également méconnus….
Mais le public qui s’était déplacé en nombre n’a pas manqué de le faire remarquer.
Me Vasseur s’est contenté de souligner :
– que chaque conseiller a voté en toute connaissance de cause
– qu’il s’agissait d’un voeu et non d’une délibération « normative » (pas de plaque de rue au nom du Georges Ibrahim Abdallah, ni de conséquences financières)
– qu’il s’agissait essentiellement de demander la libération de Georges Ibrahim Abdallah, dont la détention depuis 30 ans qui en fait le plus ancien prisonnier politique d’Europe, est choquante en termes de droits de l’homme comme l’a souligné la LDH
– que la justice française avait elle-même demandé sa libération et que seul le gouvernement en la personne de son ministre Valls s’y oppose
– enfin que la Ville de Bagnolet était tout à fait concernée par la situation de Georges Ibrahim Abdallah dans la mesure où, d’une part, un grand nombre des associations de cette ville étaient préoccupées par la situation au Moyen-Orient et, où d’autre part la Ville de Bagnolet était jumelée avec les camps martyrs de réfugiés palestiniens au Liban, Sabra et Chatila.
Pour rappel, en 2012, deux municipalités communistes du Pas-de-Calais (62), Calonne-Ricouart et Grenay, ont déjà fait de Georges Ibrahim Abdallah leur citoyen d’honneur.
Mais c’était du temps où Hollande promettait « le changement », l’indépendance de la justice et.. un « comportement irréprochable »…
La décision du tribunal sera rendue vendredi; a-t-on appris jeudi soir.
Ce même vendredi 31 janvier à 19 H, un hommage sera rendu à Fernand Tuil à l’IMA. Ce militant de la cause palestinienne récemment décédé avait été à l’origine du jumelage entre la ville de Bagnolet et les camps de réfugiés de Sabra et Chatila au Liban.
CAPJPO-EuroPalestine