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Israël et la Shoah : les morts honorés, mais beaucoup de rescapés méprisés

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Un quart des survivants du génocide juif vivent dans la pauvreté en Israël. En ce 28 avril, Israel commémore les 6 millions de victimes, et va faire respecter 2 minutes de silence à 10 H du matin, comme chaque année, tandis que nombre de rescapés sont quant à eux victimes d’une grande précarité, relève Le Monde.


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« Ruth Krieger est sans doute la seule octogénaire d’Israël à avoir participé, en 2011, aux manifestations des « indignés« contre la vie chère. Quelle meilleure façon de dire les fins de mois difficiles, les aléas d’une vie matérielle réduite à l’essentiel faute de moyens ? A 84 ans, celle qui a fui l’Ukraine pendant la guerre et vu sa famille brisée par la barbarie nazie, veut continuer à faire entendre sa voix. Au nom de tous ceux qui, comme elle, sont des rescapés et peinent aujourd’hui à joindre les deux bouts.

Parmi les quelque 190 000 survivants recensés en Israël, on estime qu’un sur quatre vit dans la pauvreté. « Combien de personnes n’ont pas de quoi acheter un médicament, ou un morceau de pain ? Nous n’avons pas la force de demander », se désole Ruth Krieger dans un témoignage vidéo diffusé il y a peu par l’organisation Latet qui fournit une assistance matérielle et psychologique aux plus défavorisés. « Pourquoi devons nous souffrir ? N’avons-nous pas assez souffert ? ».

622 EUROS PAR MOIS

Le 28 avril, l’Etat hébreu commémorera officiellement les six millions de juifs victimes de la Shoah. A 10 heures du matin, comme chaque année, le pays se pétrifiera pendant deux minutes, au son lancinant d’une sirène. Et comme chaque année, cette journée de souvenir et de deuil, baptisée Yom Hashoah, suscitera son lot de commentaires effarés sur la précarité dans laquelle se débattent bon nombre des survivants de la Shoah.

Car, si la situation est connue de longue date, les dernières statistiques montrent qu’elle ne s’arrange pas. D’après un rapport publié en janvier par la Fondation pour le bien-être des victimes de la Shoah, 86 % de ceux qui réclament une aide financière doivent faire avec moins de 5 000 shekels par mois (1 040 euros), et pour 66 % d’entre eux avec moins de 3 000 shekels (622 euros)…

En 2013, la Fondation révélait qu’un rescapé sur cinq s’était déjà trouvé contraint de sauter des repas par manque de ressources financières. « Il est absurde et tragique que des personnes qui ont réchappé de la Shoah, des camps, des ghettos soient confrontées aujourd’hui, et ici, en Israël, à des problèmes de malnutrition » , s’indigne Anna Shloman, une responsable de l’organisation humanitaire Latet.

UNE MONTAGNE DE PAPERASSERIE

Alors, à qui la faute ? Les uns pointent le manque d’aides sociales, les autres la dispersion des responsabilités entre le gouvernement et les multiples associations. Tous dénoncent la gigantesque machine bureaucratique qui régit le système d’allocations. Une montagne de paperasserie et d’innombrables coups de téléphone sont la rançon de tout rescapé souhaitant faire valoir ses droits. A cela il faut ajouter des critères d’éligibilité d’une rare complexité pour arriver à toucher telle ou telle subvention. Rien d’évident pour une population dont la moyenne d’âge tourne autour de 85 ans.

Si empressé à honorer la mémoire des morts, le gouvernement affirme avoir enfin pris la mesure des besoins des survivants. Le grand argentier israélien Yaïr Lapid en a d’ailleurs fait une affaire personnelle, lui dont le père fut aussi un rescapé de la Shoah. « On met plus d’argent, on travaille jour après jour à simplifier les procédures » , fait-on valoir au ministère des finances.

Depuis les élections législatives de janvier 2013, une aide supplémentaire de 850 millions de shekels sur cinq ans a été annoncée. « Le gouvernement fait des gestes, mais c’est trop peu et trop tard, rétorque Anna Shloman. Le problème a été mis de côté pendant si longtemps qu’il a pris d’immenses proportions. » Les responsables associatifs soulignent que le temps joue contre eux.

A mesure que les survivants vieillissent, leurs besoins s’accroissent. Tout comme leur sentiment d’isolement. Selon les études, ils seraient 40 % à souffrir de solitude. « Cette situation est encore plus difficile pour ceux, nombreux, qui souffrent de problèmes psychologiques et voient ressurgir des terreurs anciennes à la fin de leur vie » , souligne Jay Schultz, patron de l’association Adopte une grand-mère qui envoie des volontaires tenir compagnie aux survivants. Entre 30 et 40 rescapés meurent chaque jour. « Nous n’avons plus le temps, alerte M. Schultz. C’est maintenant qu’il faut rendre leur vie plus douce. »

Par Marie de Vergès

http://www.lemonde.fr/le-magazine/article/2014/04/27/ces-rescapes-de-la-shoah-qui-vivent-dans-la-misere_4406479_1616923.html

CAPJPO-EuroPalestine

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