C’est ce mercredi que doivent être jugés à Ramallah les 4 militants palestiniens qui ont manifesté pacifiquement leur soutien à la campagne BDS. C’est du monde entier que ce sont élevées les voix, y compris celle d’Amnesty International, pour protester contre le comportement de Mahmoud Abbas en la matière.
L’Autorité Palestinienne et tous ses représentants à l’étranger, par le biais des ambassades de Palestine, ont reçu de nombreux courriers faisant état de l’indignation des associations de défense de droits de l’homme concernant la répression de Palestiniens engagés dans la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS).
La police de Mahmoud Abbas s’attaquant à des manifestants à Ramallah, lors d’une visite de l’ex-secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, en juillet 2006 (Photo MaanImages/Fadi Arouri)
A son tour, Amnesty International exige de l’Autorité de Ramallah qu’elle cesse de harceler les militants BDS. Dans un communiqué publié dimanche, cette ONG a demandé à l’AP «d’ abandonner les charges pénales contre quatre militants de la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions ( BDS) et à veiller à ce qu’une enquête indépendante et impartiale ait lieu concernant les allégations de mauvais traitements »
Zaid Shuaibi, Fajr Harb, Fadi Coran et Abd al-Fatah Hamayel ont été arrêtés par la police de l’Autorité palestinienne au cours d’une protestation pacifique, le 12 avril dernier au Théâtre Al-Kasaba à Ramallah, contre la présence de la troupe de danse classique indienne Kathak, qui s’était auparavant produite à Tel-Aviv.
Les organisations des droits de l’homme ont critiqué les actions de la police palestinienne pendant et après l’incident, affirmant qu’une force disproportionnée et agressive avait été utilisée. Amnesty estime que « le traitement dont il est fait état concernant les quatre hommes, une fois en garde à vue, a miné leur droit à un procès équitable et suscite des préoccupations sur le risque qu’ils soient punis pour leur protestation politique. »
Selon Eric Goldstein, directeur adjoint d’Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, il est « absurde que le système de justice palestinien poursuive les victimes de la brutalité de la police plutôt que leurs agresseurs. » Dans un communiqué publié par l’organisation, Eric Goldstein déclare que « la Palestine doit commencer à respecter ses obligations en matière de droits de l’homme en exonérant les victimes et en obligeant la police à rendre des comptes ».
Le ministère de la Culture (AP de Ramallah] a publié une déclaration peu après l’arrestation accusant les manifestants de « violence » et « de propos injurieux », ces accusations étant rejetées par les manifestants.
Il faut rappeler que cette campagne internationale BDS a été lancée en juillet 2005 par plus de 170 associations, partis, syndicats, palestiniens, n’en déplaise à l’AP.
En France, l’ambassade de Palestine n’a pas envoyé de réponse aux courriers reçus et s’inquiétant de ces poursuites. Ci-dessous un autre exemple de courrier similaire adressé à Lela Shahid par le CPJPO- Luxembourg :
Madame Leila Shahid,
Ambassadeur de l Autorité palestinienne auprès de l’UE, de la Belgique et du Luxembourg
Rue Franklin, 111 – 1000 Bruxelles
Chère Madame,
Nous avons appris que les forces de sécurité de l’AP ont arrêté et maltraité quatre activistes BDS, Zaid Shu’aibi, Fajer Harb, Fadi Quran et Abed al-Fatah Hamaye, alors qu’ils participaient le 12 avril 2014 à une action non-violente au Al-Qasaba Theatre à Ramallah pour protester contre la tenue d’un événement en contradiction avec l’esprit de la campagne BDS, lancée par 171 organisations non-gouvernementales palestiniennes et soutenue par de nombreuses organisations internationales, dont le CPJPO. Ces événements ont été rapportés par de nombreux témoins.
Les quatre personnes doivent comparaître devant une cour pénale ce 28 mai, accusés de “troubler l’ordre public” et de “provoquer une émeute”. Sur la même ligne qu’Amnesty International et Human Rights Watch, le CPJPO est de l’avis que des protestations pacifiques n’ont pas lieu d’être criminalisées. Nous regrettons vivement que les forces de sécurité de l’AP se laissent à ce point dicter des actions répressives contre ses propres citoyens par l’occupant israélien.
Nous nous permettons également d’informer le Président Mahmoud Abbas de notre inquiétude et nous serions heureux d’avoir une réaction de votre part, avec éventuellement plus d’informations.
Veuillez accepter Madame l’expression de notre estime et l’assurance de notre solidarité avec la cause palestinienne
Claude Grégoire, Président du CPJPO-Luxembourg
CAPJPO-EuroPalestine