La Palestine dans quel Etat ? Lettre à nos députés

Vous êtes appelés à débattre ce 28 novembre prochain, et à voter le 2 décembre, sur une résolution demandant au gouvernement français de « reconnaître un Etat Palestinien ».

Nous sommes heureux de savoir, une fois n’est pas coutume, que ce sujet sera abordé dans votre enceinte, car il préoccupe une partie importante de la population de ce pays.

Pas uniquement des musulmans ou des habitants des « banlieues et des quartiers » (comme semble le croire M.Benoit Hamon), mais tous celles et ceux qui se demandent si le droit international et les droits de l’homme sont toujours d’actualité, ou bien s’ils ont si peu de valeur en réalité, que l’un des alliés privilégiés de la France peut les bafouer en permanence et en toute impunité.

La question, telle qu’elle vous est posée, n’a pas beaucoup de sens puisqu’elle n’évoque ni les frontières d’un tel Etat, ni les mesures qu’il faudrait prendre pour qu’Israël se résolve à mettre fin à une occupation et une colonisation illégales.

On vous propose de renvoyer les deux parties dos à dos pour des négociations, dont on sait qu’elles durent depuis plus de 20 ans, avec pour seul effet, de permettre aux dirigeants israéliens d’intensifier le vol des terres palestiniennes et le nettoyage ethnique des Palestiniens — qu’ils soient musulmans ou chrétiens, soit dit en passant.

Depuis quand a-t-on vu un voleur restituer ce qu’il a volé, lorsque rien ne l’y oblige ?

En fait, la reconnaissance de la Palestine et les droits fondamentaux des Palestiniens sont déjà inscrits dans le droit international. Les résolutions de l’ONU et les Conventions de Genève, signées par la France, sont très claires en ce qui concerne les droits du peuple Palestinien à disposer de lui-même, à jouir de Jérusalem-Est comme capitale, tout comme le droit au retour pour tous les réfugiés (Résolution 194).

Nous ne vous demandons pas une faveur pour le peuple palestinien, mais le respect du droit international et des droits de l’homme, qui signifie l’égalité des droits pour tous sur la terre de Palestine, qu’ils soient musulmans, juifs, chrétiens ou athées.

La vraie question qui vous est posée est la suivante : le gouvernement français peut-il continuer à entretenir des collaborations et relations privilégiées avec un Etat raciste et colonial, tant que ce dernier dépossède, persécute, expulse, et massacre tout un peuple depuis près de 70 ans ?

Comment ne pas interpréter comme un encouragement à torturer des enfants, emprisonner, emmurer des êtres humains, les priver d’eau potable, d’électricité et de soins, le fait de ne prendre aucune sanction contre l’occupant israélien ?

Nous ne vous demandons pas de larguer des bombes sur la population israélienne, ni même de la priver de nourriture ou de soins, comme cela est malheureusement le cas lors de sanctions prises par nos dirigeants contre d’autres pays jugés hors la loi.

Nous vous demandons de vous prononcer, comme ce fut le cas pour l’Afrique du Sud de l’apartheid, pour l’arrêt de toute collaboration militaire et de tous les privilèges accordés à Israël, qui jouit actuellement des avantages accordés aux pays européens, sans en accepter les obligations.