Les faits sont connus depuis longtemps : le Mossad israélien a joué un rôle important dans l’enlèvement puis l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, en octobre 1965 à Paris, dans le cadre d’une opération commanditée par feu le roi Hassan II.
C’est en effet dès 1966 qu’un journaliste et militant anticolonialiste israélien, Maxim Ghilan, avait révélé le soutien apporté par le Mossad à l’équipe de barbouzes françaises et marocaines (dont les tortionnaires Oufkir et Dlimi) dans l’affaire Ben Barka.
Pour avoir révélé le crime, Ghilan fut accusé d’espionnage par le gouvernement israélien, et envoyé en prison pendant près de 5 mois.
Alors, maintenant que tous les protagonistes israéliens sont morts et ne peuvent donc plus être inquiétés au niveau judiciaire, deux journalistes du Yediot Ahronot, Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, ne prennent guère de risques en fournissant quelques détails sordides sur le martyr de Mehdi Ben Barka.
D’autant plus que leur long papier, publié la semaine dernière dans le quotidien
(http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4639608,00.html), s’efforce de protéger la réputation et même « l’éthique » (oui, oui, ils osent le mot) de la centrale israélienne.
Certes, indiquent-ils, ce sont bien des agents israéliens qui ont fait disparaître le corps martyrisé de Mehdi Ben Barka, et l’ont arrosé d’acide afin de le dissoudre, avant de l’ensevelir quelque part dans la forêt domaniale de Saint-Germain en Laye, près de Paris (dans une zone désormais occupée par une section de l’autoroute A14, précisent-ils, afin de dissuader toute éventuelle tentative d’exhumation).
Mais ce faisant, l’équipe du Mossad n’a fait que réparer le « travail salopé » (du « travail d’Arabe » en quelque sorte) de l’équipe conduite par le colonel marocain Dlimi, qui ne savait plus quoi faire du cadavre de Ben Barka, victime du supplice de la baignoire dans un appartement en plein Paris … fourni par le Mossad.
Car voyez-vous, expliquent avec le plus grand sérieux Bergman et Nakdimon, au Mossad, on ne torture pas, et l’assassinat de Ben Barka n’avait jamais été envisagé par la direction israélienne. Au contraire, il est même suggéré, avec quelque fiel, que Ben Barka avait lui-même de la sympathie pour Israël, qui le lui rendait bien en lui versant une allocation mensuelle !
Belle duperie : nous préférons pour notre part saluer la mémoire de Maxim Ghilan, le journaliste israélien courageux qui avait révélé le scandale en 1966, au prix de sa liberté.
Né en 1931 en France, juif originaire de Roumanie, Maxim Guilan avait réussi à échapper au génocide en Europe, et était parvenu à entrer en Palestine en 1944. L’adolescent qu’il était fut alors recruté par le groupe terroriste Lehi (également appelé groupe Stern).
Mais après l’expulsion des Palestiniens et la création de l’Etat d’Israël, la direction sioniste, avec à sa tête David Ben Gourion, entreprit de donner un visage « présentable » à ses forces armées : les milices devinrent « Tsahal », l’armée « la plus morale du monde ».
Ghilan, le jeune fasciste récalcitrant, se retrouva alors en prison. Et c’est là que se produisit pour lui le déclic, quand il assista à la torture de jeunes prisonniers palestiniens par leurs geôliers, « de gauche » eux.
A partir de ce moment (vers 1949-50) et jusqu’à sa mort prématurée en 2005, Ghilan, qui fut l’un des tout premiers juifs israéliens à entrer en contact avec l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), se battit pour une paix juste au Proche-Orient, où Arabes et Juifs vivraient avec les mêmes droits les uns que les autres.
CAPJPO-EuroPalestine