Pour la deuxième journée consécutive, des milliers d’Israéliens d’origine éthiopienne sont descendus dans la rue pour protester contre la brutalité raciste de la police.
Après Jérusalem samedi, c’est à Tel-Aviv qu’a eu lieu dimanche la principale manifestation.
La police n’a pas exercé le niveau de violence auquel elle s’adonne contre les Palestiniens. Mais à coups de matraques, de charges à cheval et de grenades assourdissantes, elle a blessé plusieurs dizaines d’Ethiopiens (46 selon un décompte établi dimanche soir) et en a arrêté des dizaines d’autres. Confessant, sans le vouloir, son parti pris foncièrement raciste, le gouvernement israélien avait indiqué plus tôt dans la journée, qu’il ne ferait pas appel aux policiers à la peau foncée pour contrer les manifestants !
L’incident qui a déclenché la colère de cette minorité, laissée pour compte de la société juive israélienne, avait été la semaine dernière la révélation –filmée-, d’une agression policière manifestement gratuite contre un jeune homme –militaire en uniforme qui plus est-, dont le seul «défaut » est la couleur de sa peau.
A regarder, ci-dessous, la sauvage agression du soldat d’origine éthiopienne Damas Pakada.
Pour beaucoup, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
« Nous avons tout essayé pour nous faire accepter ; un grand nombre de jeunes Ethiopiens se portent volontaires pour faire leur service militaire dans les unités d’élite ; mais dans notre vie quotidienne, nous sommes constamment contrôlés au faciès par les flics, insultés pour la couleur de notre peau », déclare dans le Haaretz Eli Masala, 26 ans.
Dana Sibaho, 29 ans, transférée de son Ethiopie natale à l’âge de 5 ans, rejette dans un premier temps la comparaison avec ce qui se passe en ce moment à Baltimore, où un nouveau décès de jeune noir aux mains de la police a mis le feu aux poudres. « Mais c’est vrai qu’il y a des points communs entre nous et les Noirs américains ; on est les boucs-émissaires de la société israélienne ; jamais une marque de reconnaissance. Quand il y a une offre d’emploi intéressante, tu as beau avoir le meilleur CV parmi les candidats, la couleur de ta peau fera la différence, et tu n’auras pas le job. Nos parents se sont tus, ils ont été dociles. Mais on ne se laissera pas faire. C’est parti pour durer », commente la jeune femme.
Le vieux militant d’origine marocaine Charlie Biton, animateur dans les années 1970 du mouvement dit des « Panthères Noires », des jeunes juifs originaires du monde arabe et méprisés à ce titre par l’establishment sioniste foncièrement occidental, est venu dimanche apporter son soutien aux manifestants éthiopiens., et il a salué la spontanéité du mouvement.
Il reste maintenant à la jeunesse éthiopienne d’Israël à prendre conscience que l’Etat qui l’opprime est le même que celui qui persécute un autre peuple, le peuple palestinien, et qu’elle a avec ce dernier lui un même intérêt à lutter contre le racisme et l’apartheid.
Ci-dessous, quelques unes des photos et vidéos des manifestations de samedi et dimanche à Jérusalem et Tel-Aviv : matraquages, arrestations, charge de la police montée…
Vidéo : la police à cheval charge https://www.facebook.com/RevNews/videos/502666153220285/
CAPJPO-EuroPalestine