Le journaliste britannique Jonathan Cook analyse un sondage israélien montrant que, sans surprise, le racisme et le tribalisme se développent parmi les écoliers et adolescents israéliens.
« Une étude effectuée la semaine dernière auprès d’écoliers montre à quel point ce chauvinisme est maintenant ancré. Elle a permis de découvrir que seul un quart parmi la jeunesse juive estime qu’il est plus important pour Israël d’être une démocratie plutôt qu’une nation juive.
A peine plus que le quart, environ 28%, condamnent les attaques des colons dites « Price-Tag » qui se traduisent par des actes de violences gratuites commis contre la population Palestinienne comme « prix à payer » après chaque action à l’encontre de l’entreprise coloniale.
Un chiffre permet de mieux expliquer ces résultats. Deux tiers des adolescents juifs affirment n’avoir jamais eu de contact avec un membre de la minorité Palestinienne du pays, ce qui représente une personne sur cinq. Ceci n’est pas accidentel.
Les gouvernements successifs se sont appliqués à structurer la société israélienne afin de prévenir tout danger de voir un Israélien développer des relations par delà la barrière ethnique durant les années charnières de sa vie.
L’éducation, tout comme les logements, est presque entièrement ségréguée. Les rares espaces où les populations Juives et Arabes peuvent se croiser apparaissent plus tard, généralement dans le monde du travail par le biais de leurs positions asymétriques respectives.
A ce stage, les préjugés sur les Arabes ont déjà bien été assimilés via l’école, le service militaire et le climat politique global. Aucune demande populaire n’existe pour une éducation binationale, en dehors d’une demi-douzaine d’écoles privées, dont l’une fut bombardée l’année dernière par des militants d’extrême-droite qualifiant le mélange entre Arabes et Juifs « d’assimilation. »
Des professeurs m’ont rapporté que même les parents juifs les plus libéraux s’opposent au concept d’éducation mixte au-delà de l’école primaire. Ils craignent d’exposer leurs progénitures au stress psychologique que provoqueraient des relations amicales avec des Arabes dans la mesure où ils se préparent à servir au sein d’une armée qui traite les Palestiniens comme des sous-êtres.
La plupart des enfants juifs n’apprennent pas l’arabe, ne découvre pas la culture arabe et sont exposés aux Arabes uniquement au travers d’images de guerres et de violence. Bien que vivant au Moyen-Orient, ils sont encouragés à regarder vers l’ouest et non pas vers l’est.
Une majorité d’enfants juifs sont éduqués dans des écoles religieuses qui rejettent consciencieusement l’éducation moderne au profit d’un tribalisme biblique. Pire encore, Naftali Bennet, le représentant des colons, est désormais à la tête du Ministère de l’Éducation qu’il tient de pied ferme.
La déshumanisation des Arabes dans la tête des israéliens gagne en intensité lors du service militaire. Les engrenages d’une occupation prolongée y joue un rôle, de même que l’influence grandissante des colons dans le Corps des Officiers ainsi que les rabbins extrémistes qui endoctrinent les soldats avec la « Conscience Juive ».
Les rabbins sont devenus tellement dominants que le Chef du Personnel Militaire, Gadi Eisenkott, a lancé un appel la semaine dernière afin que leurs rôles soient réduits.
Dans la culture israélienne, les Palestiniens sont uniquement perçus comme des ennemis. Deux émissions offrant une vision rare de la vie sous occupation sont menacées de suspension par le gouvernement.
Une pièce de théatre – traitant des prisonniers politiques palestiniens – fut critiquée notamment par M. Bennett précisément parce qu’elle donnait une dimension humaine à ses personnages.
Dans la sphère politique, l’éternel croquemitaine est le Palestinien, l’Arabe ou l’Iranien.
Les Premiers Ministres Arabes au sein de la Knesset, même les plus modérés, sont à peine tolérés, tandis que la question de l’occupation est repoussée dans les abysses politiques. La semaine dernière, le Parlement a refusé un débat pour marquer les 48 ans de la guerre de 1967.
Les débats politiques régionaux se centrent sur comment faire en sorte qu’Israël atteigne la suprématie militaire. Est-ce qu’Israël devrait attaquer l’Iran seule ou faire pression sur les États- Unis pour qu’ils le fassent eux-mêmes ? Quel est le meilleur moyen pour Israël de détruire le Hezbollah et ses dizaines de milliers de rockets ciblant le centre du pays ? Tous, sauf une infime partie de la gauche, sont d’accord sur le fait que l’existence d’un État Palestinien représenterait un danger existentiel.
Dans ce monde de peur constante, les Arabes et les Iraniens sont vus comme des objets distants et dangereux et non pas comme des êtres humains. Dans le monde des pires possibilités, M. Nethanyahou est roi.
Cependant, les ennemis d’Israël sont en train de changer. Alors que jadis, Israël combattait les États Arabes, aujourd’hui ses tanks et ses hélicoptères luttent contre les tactiques de guérilla du Hamas et du Hezbollah.
Cette même artillerie lourde l’empêchera encore moins de se protéger contre ses nouveaux opposants : la désobéissance civile, la lutte anti-apartheid, le boycott international et les enquêtes contre les crimes de guerre. Au final, M. Nethanyahou a peut-être de bonnes raisons de s’inquiéter.
(Traduit par Fadoua pour CAPJPO-EuroPalestine)
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