La 1ère Chambre préliminaire de la Cour Pénale Internationale (CPI) vient d’ordonner la réouverture de l’enquête sur le massacre perpétré par l’armée israélienne contre les bateaux de la Flottille de la Liberté pour Gaza, il y a cinq ans.
Le 31 mai 2010 à l’aube, des commandos de la marine israélienne avaient attaqué, dans les eaux internationales, les bateaux transportant des militants qui voulaient ainsi briser le blocus inhumain de la bande de Gaza.
A bord du navire Mavi Marmara, les soldats devaient assassiner 10 hommes désarmés (comme tous les autres voyageurs), 9 de nationalité turque, la dixième victime mortelle ayant la double nationalité turque et étatsunienne.
De nombreux autres passagers furent blessés, tant sur le Mavi Marmara que ceux les autres bateaux de la flottille, aussi bien lors de l’assaut que pendant leur détention ultérieure en Israël.
Saisie par la République des Comores (puisque le Mavi Marmara battait pavillon comorien), la procureure Fatou Bensouda, qui a systématiquement manifesté sa réticence à mettre en cause Israël, ne pouvait nier le caractère criminel du sanglant assaut pirate.
Mais elle statuait, cyniquement, qu’il n’y avait pas eu assez de morts pour que la CPI examine plus sérieusement la plainte !
C’est cette décision scandaleuse de Mme Bensouda que les trois juges siégeant à la Chambre préliminaire à La Haye (Pays-Bas) viennent de casser.
Dans un communiqué de presse, ils informent que par un vote de 2 contre 1, ils ont conclu à la présence de « d’erreurs graves » dans le travail de Mme Bensouda. En particulier, ils lui reprochent d’avoir « sous-estimé la gravité des actes commis, tant concernant leur nature que la manière dont ils ont été perpétrés ». C’est bien le moins, concernant l’exécution sommaire, par des soldats surarmés, de civils aux mains nues.
Il est donc enjoint à Mme Bensouda de rouvrir l’enquête « sans délai ».
Parallèlement, indique le site Electronic Intifada, un magistrat espagnol vient de demander à son gouvernement de ne pas laisser pourrir le dossier de trois citoyens espagnols, eux aussi passagers du Mavi Marmara, et eux aussi blessés par les soldats israéliens. Ces trois Espagnols, deux militants et un journaliste, ont porté plainte contre Netanyahou et six autres ministres israéliens pour détention arbitraire et torture.
Mais, soucieux de complaire à Israël, le gouvernement espagnol fit adopter en 2014 une loi abrogeant des dispositions permettant à la justice espagnole de traiter de crimes et délits commis à l’étranger. C’est une telle législation, par exemple, qui avait permis dans les années 1990 à un magistrat espagnol de faire arrêter l’ex-dictateur chilien Augusto Pinochet.
« J’ai envoyé tous les documents au ministère de la Justice, et lui demande de transférer le dossier à la Cour Pénale Internationale. Ainsi, si Benjamin Netanyahou ou d’autres ministres israéliens concernés posent le pied en Espagne, je serai en mesure de reprendre le procès », a déclaré le magistrat Jose de la Mata.
CAPJPO-EuroPalestine