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Artistes palestiniens boycottés : l’exemple de Larissa Sansour

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Larissa Sansour, artiste palestinienne, photographe et réalisatrice de films, a la chance de vivre désormais en Europe. Mais elle raconte comment, malgré cela, elle paie le prix fort du fait même de sa nationalité palestinienne. ON NE DANSE PAS AVEC L’APARTHEID !


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« Bonjour,

Les exemples d’artistes palestiniens vivant à l’étranger mais rencontrant des obstacles du fait même qu’ils sont palestiniens, ne manquent pas. Je pourrais vous en citer beaucoup, comme celui de Sama Alshaibi, Palestinienne ayant la nationalité américaine, qui est allée en Palestine pour enseigner l’an dernier, et qui a été totalement déshabillée, et fouillée nue par les Israéliens, à l’aéroport.

Moi même , chaque fois que je veux me rendre dans ma famille à Béthléem et me déplacer dans d’autres villes palestinienne, notamment à Ramallah qui est devenue de fait la seule ville où peuvent se retrouver les artistes et les expositions, je rencontre des tas d’obstacles. Au lieu des 30 minutes qu’il faut normalement pour aller de Béthléem à Ramallah, cela prend maintenant au moins deux heures, avec des tas de harcèlements par les soldats sur la route, et on s’estime heureux quand on arrive à bon port. Ce qui fait que les artistes palestiniens ont beaucoup de mal à rester en liaison les uns avec les autres.

J’ai également essayé d’obtenir une résidence artistique à Jérusalem, ville dans laquelle je suis née, mais on m’a toujours refusé le permis, bien que Jérusalem soit situé à 10 minutes de Béthléem. Je ne m’en suis toujours pas remise.

Et bien entendu, je n’ai jamais réussi à obtenir un permis pour aller à Gaza, où les artistes palestiniens sont complètement isolés. Et internet reste le seul moyen de communiquer comme si nous vivions tous dans des pays différents.

Le comble, c’est qu’il m’arrive souvent, malgré cela, d’être invitée à exposer en Israël, et je refuse systématiquement. Pouvez-vous imaginer que l’on accepte d’exposer dans un pays où vous n’avez pas l’autorisation d’entrer ? C’est une situation carrément surréaliste !

Par ailleurs, les fois où j’ai été invitée à exposer aux Etats-Unis, des salles ont été menacées d’être fermées, du seul fait de la présence d’artistes palestiniens.

Mais « la meilleure », c’est certainement ce qui m’est arrivé il y a 3 ans, lorsque j’ai été sélectionnée avec 7 autres candidats pour un prix remis par le Musé de l’Elysée en Suisse, et qu’à la dernière minute, le sponsor de ce prix, Lacoste, a retiré mon nom de la liste des 8 lauréats potentiels. Et quand on a demandé à Lacoste la raison de son geste, il a répondu que mon travail était « trop palestinien » !

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Dans cette série de photographies d’un prodigieux humour noir, intitulée « Nation Estate », Larissa Sanssour figurait le futur Etat palestinien comme un un gratte-ciel, avec chaque étage représentant une ville en Palestine. Un décor en quelque sorte, permettant de dire « vous voyez, vous avez votre Etat, un Etat moderne, de quoi vous plaignez-vous ? »

Larissa : « Une histoire que vous connaissez bien puisque votre association a réagi à l’époque, en faisant campagne contre cette discrimination, et que finalement le jury du musée suisse a décidé de ne remettre aucun prix dans ces conditions, et a annulé l’exposition qui devait se tenir dans le musée. »

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Dessin de Latuff figurant la victoire de Larissa contre le racisme de Lacoste

« Il est très difficile pour l’opinion publique d’imaginer les difficultés rencontrées par les artistes palestiniens où qu’ils soient, car tout est fait pour nous baillonner, et pour que notre travail ne rencontre aucun écho. Mais nous devons lutter contre ce « statu quo » et nous battre pour changer cette situation.

Et malgré l’incompréhension à laquelle nous nous heurtons le plus souvent, pour faire comprendre, à l’extérieur de la Palestine, le rôle de l’art en politique, nous devons faire prendre conscience que les problèmes ne se résoudront pas par le biais d’un dialogue entre Palestiniens et Israéliens de bonne volonté.

C’est faire preuve de beaucoup de mépris et de condescendance que de nier le lien qui existe entre l’art et la politique dans le contexte de la politique israélienne. Et je suis en colère chaque fois que je suis invitée, par des gens naïfs, à participer à des ateliers mettant côte à côte des artistes palestiniens et israéliens, comme si les uns n’étaient pas sous la botte de l’occupation des autres. »

MERCI DE BIEN VOULOIR DIFFUSER LARGEMENT CE MESSAGE AUTOUR DE VOUS, SANS OUBLIER LE DIRECTEUR DE L’OPERA DE PARIS, qui a invité la troupe de dance Batshava, « meilleur ambassaderu d’Israël » à se produire à l’Opéra Garnier du 5 au 9 janvier :
slissner@operadeparis.fr ; info@benjaminmillepied.com ; [service.spectateurs@info.operadeparis.fr
->service.spectateurs@info.operadeparis.fr]

Larissa Sansour est née à Jérusalem et a grandi à Béthléem. « En 1988, quand l’occupant a fermé toutes les écoles lors de la première Intifada, j’ai quitté la Palestine, avec bon nombre de mes amis, pour poursuivre mes études à l’étranger. J’avais 15 ans à l’époque, mais je suis revenue là l’âge de 17 ans pour ma dernière année dans le secondaire, avant de repartir faire mes études supérieures d’Art à l’étranger. Je reviens chaque année voir ma famille ».

Elle a étudié les Beaux arts à Londres, Copenhague et New York. Photographe, elle a également réalisé de nombreuses films et installations futuristes.

Elle travaille actuellement sur la production d’un film de science fiction de 30 mn, intitulé : « Dans le futur, ils mangeaient dans de la belle porcelaine« . Ce film s’inspire de la manière très politique dont Israel effectue les fouilles archéologiques en Israel/Palestine.

« Dans un mélange de couleur et de noir et blanc; d’animation et de photos d’archives, le film explore le rôle du mythe et de la fiction dans les faits, l’histoire et la manière dont se forge l’identité nationale. C’est un film de résistance sur un mode poétique et science fictionnel.« , explique Larissa.
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Interview réalisée par CAPJPO-EUroPalestine

rouge]MERCI ENVOYER CE TEXTE AU DIRECTEUR DU THÉATRE DE L’OPÉRA EN LUI DEMANDANT DE NE PAS ACCUEILLIR EN JANVIER PROCHAIN LA TROUPE DE DANSE BATSHEVA, QUALIFIÉE PAR LE GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN DE « MEILLEUR AMBASSADEUR D’ISRAEL »[/rouge] : [slissner@operadeparis.fr ; info@benjaminmillepied.com
service.spectateurs@info.operadeparis.fr

CAPJPO-EuroPalestine

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[violet]ENGLISH TEXT (AS SENT BY LARISSA SANSOUR)

There are samples of Palestinians in the diaspora who also experience a lot of obstacles by fact of being Palestinian. I know Sama Alshaibi which is Palestinian American, she went to teach in Palestine a year ago and although she holds an American passport, she was strip searched by Israeli authorities at the airport.

Whenever I go back to Palestine, I have a hard time leaving my hometown Bethlehem to visit other Palestinian cities, because to get from one Palestinian city to another you have to cross Israeli checkpoints. Ramallah which has now become the de facto capital of Palestine is where all art venues and most artists live, but since I am from Bethlehem, it is very hard for me to engage with the art scene there. Without complications, Ramallah is about 30 min. away from Bethlehem, but now it takes about two hours to get to Ramallah and with a lot of hassle and uncertainty, so the cultural scene in Palestine invariably gets disconnected. And of course I was never given a permit to go to Gaza, so artists in Gaza live an isolated experience. They can also not leave Gaza, so communication between all these places most often happens through long distance means, as if we live in different countries.

I also often get invited to show in Israel, but I always refuse. Can you imagine showing in a country where your work gets shown, but you as an artist are not allowed to enter? That is how surreal the situation is on the ground.

I also at some point wanted to do an art residency in Jerusalem, but I couldn’t get a permit to enter Jerusalem, even though I was born Jerusalem and it is only 10 min away from Bethlehem. That was a big missed opportunity.

I have been in a couple of shows in the US, that were threatened to be closed down, just because there were Palestinian artists in it.

I was also nominated for a photography prize sponsored by Lacoste at a Swiss museum 3 years ago, where my name was suddenly taken out a day before they revealed the 8 photographers’ work. When asked, a CEO at Lacoste thought my work was too Palestinian.

So, it is very hard to imagine an artist and let alone an artist who comes from such a troubled area, an area where the war is all about silencing the original population, to function and work in a vacuum. As artists, we respond to the contexts we find our selves in and I think it is out job to respond critically to the world around us. Otherwise, the status quo will always win.

The worst thing is that I constantly experience a miscomprehension from the world outside of Palestine as to the role of arts in politics. People assume that the problem on the ground in Palestine will be solved if Palestinians and Israelis get to engage in a dialogue. Also there is a strong tendency to disconnect the arts from politics, which is next to impossible. This is a very condescending way of looking at things and it disregards the bigger picture and the Israeli governments set policies. I always get invited to take part in such naive workshops of bringing the two sides together, hence trivialising the cause of all the unrest in the area.

I was born in Jerusalem and grew up in Bethlehem. In 1988 when the first Intifida broke, all schools in the West Bank closed and a lot of my friends and myself left Palestine to continue our education abroad. I was 15 at the time, but I came back when I was 17 and studied for my last year of high school in Palestine and then left Palestine for good when I was 18. I still visit on a yearly basis.

I studied Art in London, Copenhagen and got my masters in New York.

I am working on the post production of a new 30 min. film called « In the Future, They Ate From the Finest Porcelain.

The film is a a 30 minute science fiction piece inspired by the politicised archaeology carried out in present day Israel/Palestine. Held in a mixture of colour and black/white and combining live motion, CGI and archival photographs, the film explores the role of myth and fiction for fact, history and national identity.

The film takes the form of a fictional video essay. A voice-over based on found audio from a rare interview with the female leader of a narrative resistance group reveals the philosophy and ideas behind the group’s actions. The leader’s thoughts on myth and fiction as constitutive for fact, history and documentary translate into poetic and science fiction-based visuals.
The fundamental idea of the resistance leader is that history is not based on truth and fact, but rather on myth and fiction. As long as myth is established, implemented and widely spread, it is never hampered by its truth value. And the longer a myth persists, the more likely it is to gradually take the form of fact and documentary.

PLEASE, HELP US CIRCULATE THIS TEXT. THANK YOU ![/violet]

[rouge]And please send it to the Paris Opera that want to invite The Batsheva dance company to perform in Paris in January. And remind them that this company financed by the Israeli governement has been declared to be « the best ambassador for Israel abroad »
/rouge] : [slissner@operadeparis.fr ; info@benjaminmillepied.com
service.spectateurs@info.operadeparis.fr

CAPJPO-EuroPalestine

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