« La «cinquième colonne» fait front. Visées par une campagne de diffamation sans précédent du gouvernement israélien, plusieurs dizaines d’organisations de défense des droits de l’homme se sont donné rendez-vous, vendredi 5 février, à Tel-Aviv. «
Des volontaires de l’ONG israélienne Rompre le silence dans leurs locaux de Tel-Aviv
(BAZ RATNER / REUTERS)
« Ces ONG ont organisé un rassemblement festif dans une grande salle de concert, pour lancer un cri d’alarme et montrer qu’elles ne se laissent pas intimider.
Cinq de ces ONG les plus emblématiques ont tenu une conférence de presse, pour exprimer leur colère et leur effarement devant «les efforts orchestrés et coordonnées pour détruire la société civile», selon la directrice de Rompre le Silence, Yuli Novak.
Cette organisation regroupe des vétérans de l’armée qui dénoncent anonymement les exactions commises par l’armée dans les territoires palestiniens occupés. En plus des mesures gouvernementales contre eux, des groupes d’extrême droite les harcèlent, publient les téléphones et les adresses personnelles des activistes, artistes et même d’écrivains comme David Grossman et Amos Oz, accusés d’être des agents de l’étranger pour leur soutien aux ONG de gauche.
Cette «campagne orchestrée» a une double dimension: des textes présentés à la Knesset, le Parlement israélien, et un véritable déchaînement de haine sur les réseaux sociaux, souligne Hagai El-Ad, directeur de B’Tselem.
Ces attaques ne provoquent pas de forte mobilisation au sein de la société israélienne. «Cela fait des années que ce gouvernement et les précédents travaillent pour délégitimer les organisations de défense des droits de l’homme, en les caricaturant comme des défenseurs de l’ennemi, dit Hagai El-Ad. Pour le gouvernement, la démocratie est le règne de la majorité. Or ce ne peut être juste cela. Il y a des valeurs et des droits qui ne dépendent pas d’un vote.»
Plusieurs textes de loi ont été mis sur la table des députés, depuis deux mois. Le premier visait à enregistrer comme «agents étrangers» les organisations touchant des fonds de l’extérieur. Un deuxième, initié par plusieurs députés de la droite radicale et religieuse, réclamait l’interdiction de Rompre le Silence, qualifiée d’«organisation subversive voulant changer la politique d’Israël par des méthodes non démocratiques». Un troisième projet a été avancé par la ministre de la justice, Ayelet Shaked. Ce texte, prétendument «de transparence», pas encore soumis au vote, prévoit que les ONG recevant plus de la moitié de leur financement de l’étranger seront obligés de porter un badge spécial au Parlement.
«On publie déjà tous les trois mois sur notre site la liste de nos dotations», rétorque Yuli Novak.
Netanyahou, ennemi numéro un
Enfin, la ministre de la culture, Miri Regev, veut que son administration ait la possibilité de couper tout financement public pour les institutions qui se rendraient coupables d’outrage contre l’Etat, salirait ses symboles ou nierait l’existence d’Israël comme Etat juif et démocratique. Il y a quelques mois, la ministre avait menacé de retirer les fonds attribués à un cinéma de Tel-Aviv, qui devait organiser un festival consacré à la Nakba, la «grande catastrophe» en arabe, c’est-à-dire l’exode des Palestiniens lors de la guerre israélo-arabe de 1948.
La détermination de la droite radicale à détruire Rompre le Silence dépasse largement le cadre des réseaux sociaux. Selon Yuli Novak, deux taupes ont été découvertes à l’intérieur de l’organisation. Depuis près d’un an et demi, ces hommes mandatés par une organisation d’extrême droite travaillaient comme volontaires, après s’être présentés comme de simples soldats ayant un témoignage à apporter. «Ils ont passé des centaines d’heures avec nous, ils ont participé à des tournées et des conférences, ils ont pénétré dans nos domiciles, comme des amis, et ont enregistré nos conversations, qui seront un jour publiées, dit Yuli Novak. C’est très douloureux. Ces méthodes ont pour but de créer de la paranoïa et de la peur, pour qu’on se consume de l’intérieur.»
Et la « gauche » israélienne se distingue difficilement de la droite, dans ce contexte de diffamation, de répression, et de tentative de déstabilisation de ces ONG.
Source : http://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/en-isra%c3%abl-des-ong-se-d%c3%a9fendent-contre-une-vaste-campagne-de-diffamation/ar-BBpaYJk?ocid=spartandhp
CAPJPO-EuroPalestine