Il y a, en cette journée internationale de la femme, 60 d’entre elles qui croupissent dans les geôles israéliennes, et qui ont toutes été torturées avant leur incarcération. C’est notamment le cas de l’avocate Shireen Issawi détenue depuis 3 ans par l’occupant israélien, en raison de sa défense exemplaire des prisonniers palestiniens.
Depuis le début de l’occupation en 1967, l’association Addameer a recensé 10.000 femmes palestiniennes arrêtées et emprisonnées par Israël en toute illégalité, puisque les Conventions de Genève interdisent à une puissance occupante de transférer tout ou partie de la population occupée sur son territoire.
Parmi ces femmes actuellement détenues 13 l’ont été alors qu’elles étaient mineures, et 10 le sont toujours.
Les femmes palestiniennes sont toujours arrêtées de manière violente, dans les rues de Palestine occupée, aux checkpoints ou lors de raids dans leurs foyers, par des soldats souvent accompagnés de chiens d’attaque.
Leurs maisons sont souvent saccagées à cette occasion, et elles sont embarquées de force dans des jeeps de l’armée, mains attachées dans le dos, yeux bandés, et sont brutalisées dans les véhicules militaires où elle peuvent rester aplaties sur le sol pendant des heures, et transférées d’un endroit à l’autre avant de subir des interrogatoires.
Dans les centres d’interrogatoires, où on leur refuse quasi sysmatiquement de leur indiquer le motif de leur arrestation, elles sont privées d’avocat et peuvent rester des jours, voire des mois en interrogatoires, brutalisées, torturées.
Souvent placées en isolement, dans des cellules épouvantables, privées de sommeil, obligées de rester attachées dans des positions douloureuses, privées de nourriture et d’eau, comme d’aller aux toilettes, de se laver et de se changer pendant de très longues durées, elles sont insultées et harcelées sexuellement.
Et même une fois terminées les périodes d’interrogatoire, elle subissent des traitements cruels et inhumains, dûment documentés par les associations de défense des droits humains, interdits par la convention internationale contre la torture, dont se fiche éperdument l’allié privilégié de nos gouvernants.
Le personnel médical pénitentiaire leur dénie souvent tous soins après qu’elles aient été brutalisées, l’objectif étant de leur infliger un traumatisme physique et psychologique durable.
Marah Bakeer de Jérusalem, âgée de 16 ans, et arrêtée le 10 octobre 2015, a par exemple reçu 10 balles dans le bras gauche, alors qu’elle ne transportait rien de dangereux sur elle. Ce qui n’a pas empêché le soldat qui l’avait blessée, d’exiger qu’elle lève les mains en l’air, et de la jeter alors brutalement à terre, sa tête cognant le sol. Et là, la police l’a déshabillée en public, ne trouvant rien dans ses vêtements et sous-vêtements.
Transférée nue dans une ambulance israélienne, elle s’est retrouvée, toujours dévêtue à l’hôpital Hadassah Ein Karem, où elle a été interrogée par un policier venu lui demander si « elle avait eu l’intention d’attaquer un soldat », alors qu’elle continuait à réclamer de quoi se couvrir.
Elle fut ensuite obligée d’entrer dans une salle d’opération sans qu’on veuille lui dire la nature de l’intervention qu’elle allait subir. Puis elle fut attachée à un lit d’hôpital, flanquée de deux soldats, qui passaient leur temps à l’insulter et à prendre des « selfies » à ses côtés contre sa volonté.
Marah a été présentée à un tribunal militaire en fauteuil roulant avec ses pieds menottés, et souffrant de fractures du bras., puis transférée à la prison d’Ashkelon le 20 novembre dernier.
où elle ne reçut aucun soin et fut ensuite emmenée à la prison de Ramle.
Le cas de Merah n’est pas une exception, mais le lot de toutes les femmes palestiniennes emprisonnées par Israël.
En prison, elles sont longtemps placées en cellules d’isolement, mesure punitive destinée à créer des dégâts physiques et mentaux sur les victimes, y compris quand elles n’ont pas été jugées.
Une autre mesure punitive consiste à les priver de visites familiales.
LE CAS DE SHIREEN ISSAWI
Shireen Issawi, avocate et défenseure des prisonniers, a été kidnappée par l’armée en mars 2014, dans le village d’Issawya à l’Est de Jérusalem occupée, et se trouve en prison depuis cette date.L’armée a saccagé sa maison, en même temps que des avions de combat survolaient le secteur.
Son principal tort : avoir animé la campagne pour la libération de son frère Samer Issawi qui a mené la plus longue grève de la faim de l’histoire.
Le gouvernement israélien, obligé de libérer Samer, s’est vengé en emprisonnant sa soeur.
Dans le même temps la soldatesque envahissait la Fondation jérusalémite d’Eliya et kidnappait son autre frère Shadi.
Célèbre avocate, Shireen a contribué à faire connaître au monde entier les conditions de détention des prisonniers palestiniens et le sort réservé par les geôliers israéliens à ceux qui menaient des grèves de la faim. C’est ce qui lui vaut aujourd’hui la vengeance de l’occupant. Placée de longs mois en isolement, son état de santé est critique.
Elle a raconté : « Je m’étais mise en grève de la faim du 15 au 22 juin et on m’a déplacée dans une autre prison, celle de Ramla. La cellule était trop petite et ses portes hermétiquement fermées. Ils ont même scellé la porte avec du plastique. Je ne pouvais pas respirer et je me suis évanouie avant qu’ils n’enlèvent le plastique pour permettre un peu d’air de passer. »
« Je n’avais pas de draps ni de couvertures. Je devais dormir à même le sol ; ils ont confisqué la totalité de mes affaires, la cellule n’avait aucun sanitaire et était insalubre. Chaque fois qu’ils m’emmenaient pour voir mon avocat ou les rares fois où j’ai brièvement pu accéder à la cour de la prison, les soldats m’ont toujours menottée, aux poignets et aux chevilles ».
Elle a également expliqué comment à chaque fois que les soldats emmènent les détenus au tribunal, ils commencent le transfert vers trois heures à l’aube, et ne les ramènent que le lendemain après minuit : »Ils font en sorte que le processus soit très épuisant pour nous.I lls nous privent délibérément de sommeil, ou même de la possibilité de se reposer ».
Cette courageuse avocate, qui défend les droits des prisonniers palestiniens, a été maintes fois kidnappée et emprisonnée par Israël pour cette raison. Elle a fait partie du millier de détenus qui ont été libérés, en octobre 2011 lors de l’échange contre le soldat Shalit.
Le 6 Mars 2014, à la fois Shireen et son frère Medhat Al-Issawi, qui est aussi avocat, ont été enlevés avec de nombreux avocats de Jérusalem occupée. Rappelons le suicide provoqué de l’avocat Amjad Safadi après plusieurs séances de tortures par le Shinbet et la suspension volontaire de son traitement anti-dépresseur.
La plupart des avocats ont été libérés sous caution, alors que la sécurité intérieure israélienne a exigé de garder Shireen en prison sous l’accusation d’avoir fait passer des « lettres de contrebande à des détenus palestiniens, » de la part de leurs familles de la bande de Gaza. La Haute Cour israélienne a refusé à plusieurs reprises de la libérer sous caution. Après son enlèvement, Shireen a été déplacée vers le centre d’interrogatoire d’al-Maskobiyya de Jérusalem, et y a été placée en isolement, en plus des interrogatoires intensifs pendant 30 jours, chaque jour à partir de 10 heures du matin jusqu’à minuit.
Le mardi 15 Juin 2015, Shireen se mettait en grève de la faim, et était alors renvoyée pour six mois à Ramla, subissant de nouveaux « interrogatoires ».
Le prix Alkarama a été décerné à Shireen Issawi, au Centre œcuménique de Genève le jeudi 11 décembre 2014, pour sa défense des droits de l’Homme.
« En tant qu’avocate palestinienne, Shireen a dévoué sa vie à la défense des droits des prisonniers de conscience palestiniens illégalement détenus par Israël, en particulier ceux en détention administrative. « L’action continue de Shireen a rehaussé le profil des prisonniers politiques palestiniens, les avançant sur l’agenda international des droits de l’homme, et attirant l’attention du monde sur la pratique par Israël de la détention administrative d’adultes et d’enfants palestiniens, la plupart d’entre eux incarcérés sans inculpation », a déclaré Rachid Mesli, directeur juridique d’Alkarama.
(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)
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