Des militants palestiniens sont de plus en plus souvent emprisonnés pour avoir dénoncé la corruption de l’Autorité Palestinienne (AP).
C’est le cas de Kifah Quzmar que des hommes en civil ont suivi dans les toilettes d’un café de Ramallah pour le kidnapper et l’enlever, en raisons de ses critiques de l’AP sur Facebook.
Commentant l’arrestation par l’AP de son ami Seif al-Idriss, en avril dernier, Kifah a écrit sur FB : « Savez-vous pourquoi le service d’espionnage de l’AP est pourri ? Parce que l’AP toute entière est pourri. »
Son frère fait remarquer que ce n’est pas la première fois que Kifah Quzmar est arrêté par l’AP pour ses critiques du système au pouvoir en Palestine.
C’est également le cas de Abdel Sattar Qassem, professeur de sciences politiques à l’université An-Najah de Naplouse, arrêté pour avoir dit du mal de l’AP
« L’AP multiplie actuellement les arrestations de militants de gauche et islamistes qui critiquent la collaboration de l’AP avec l’occupant israélien, explique ce dernier à Electronic Intifada en précisant qu’il est difficile de connaître leur nombre, la plupart des familles n’osant pas en parler de peur de représailles.
“C’est une manière de protéger Israël et de prévenir tout soulèvement contre l’occupation, tout en préservant ses privilèges issus de cette collaboration ».
Mahmoud Abbas lui-même a qualifié de « sacrée » , en octobre dernier, la coopération avec les services secrets israéliens.
Les arrestations pour des motifs politiques par l’AP sont également un lien avec les campagnes électorales des syndicats étudiants dans les universités palestiniennes, estiment les observateurs.
Les militants à gauche du Fatah ainsi que ceux du Bloc Islamique, qui sont devenus majoritaires à l’université de Birzeit (traditionnellement Fatah par le passé), constituent les principales cibles de la répression conjuguée de l’AP et des services israéliens.
Les arrestations se déroulent dans les dortoirs universitaires ou au domicile des étudiants, leur pic ayant été atteint en mars dernier, un mois avant les élections dans la plupart des universités de Cisjordanie occupée. Et les étudiantes sont nombreuses parmi les étudiants arrêtés. Leurs ordinateurs sont souvent confisqués.
Alaa Manasra, étudiante à l’Université d’Hébron, a été arrêtée sur son chemin vers l’université le 7 mars. et relâchée après 7 heures d’interrogatoire sur son militantisme.
Parfois les militants sont arrêtés et détenus pour suspicion de vouloir mener des attaques contre Israël. C’est le cas de Bassel al-Araj, Haytham Siyaj et Muhammad Harb, arrêtés par l’AP en avril.
Et régulièrement les militants arrêtés par l’AP, sont ensuite kidnappés par l’armée israélienne dès qu’ils sont libérés par l’AP, ce qui ne laisse aucun doute à la population palestinienne sur la coopération établie entre l’occupant et l’AP.
C’est ainsi le cas de Khalil Canaan, arrêté par l’armée israélienne à son domicile, dans le camp de réfugiés d’Aïda à Bethléem, il y a une semaine, deux jours après qu’il ait été libéré par l’AP.
“C’est d’une certaine manière encore plus dur d’être arrêté et détenu par ceux qui se disent de notre camp et sont censés défendre la cause palestinienne », souligne Qassem qui a fait plusieurs séjours dans les geôles de l’AP et qui fait remarquer : « en outre, la solidarité avec les prisonniers de l’AP est moins évidente à manifester que le soutien aux Palestiniens emprisonnés par Israël ».
*Reportage de Budour Youssef Hassan, écrivain palestinien, diplômé en droit et vivant à Jérusalem occupée.
Blog: budourhassan.wordpress.com. Twitter: @Budour48
(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)
Source https://electronicintifada.net/content/jailed-calling-palestinian-authority-rotten/16871?utm_source=EI+readers&utm_campaign=ed44079564-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_e802a7602d-ed44079564-290649781
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