L’enquête de la chaîne de télévision al-Jazeera, révélant en détail les besognes criminelles des agents israéliens en Grande-Bretagne, dont nous avions publié un extrait la semaine dernière (http://www.europalestine.com/spip.php?article12566), est désormais disponible sur youtube dans son intégralité.
Les révélations d’al-Jazeera sur l’entreprise de corruption de la classe politique britannique ont déjà conduit l’ambassade d’Israël a présenter des excuses une fois que ses agents ont été découverts, et à les démettre de leurs jobs.
L’agent provocateur Shai Masot, animateur et financeur du réseau de lobbying, aux ordres du ministre israélien des « Affaires stratégiques » Gilad Erdan, qui s’est juré d’avoir « la peau » de la campagne BDS, a été renvoyé dare-dare en Israël, tandis que la nommée Maria Strizzolo, une lobbyste d’Israël employée jusqu’à présent comme assistante d’un parlementaire, a été contrainte de démissionner de son poste.
Surtout, des voix s’élèvent pour que le gouvernement lance une enquête contre les agents israéliens et leurs collaborateurs sur le fondement d’espionnage.
En effet, les agissements de Masot et compagnie, tels que démontrés par les journalistes d’al-Jazeera tournant en caméra cachée, répondent apparemment parfaitement à la définition du crime d’espionnage, tel que défini par les autorités britanniques. A savoir, constitue une activité d’espionnage « le fait de chercher à influencer des décisionnaires et leaders d’opinion au profit des intérêts d’une puissance étrangère ».
Conscients que l’impunité de leurs crimes n’est pas éternelle, les dirigeants israéliens veulent s’assurer, par tous les moyens, dont la corruption matérielle (Masot se vante d’avoir un budget de « communication » dépassant le million de Livres, et le chantage (que ce soit le chantage « politique » à l’antisémitisme ou la recherche de détails gênants sur la vie privée des politiciens), une docilité totale de la part du personnel politique et de ses relais médiatiques.
Les mêmes méthodes que celles employées en France depuis de nombreuses années, mais en l’absence de la moindre investigation à ce sujet.
Les agents israéliens avouent que leur objectif est de nuire à la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), que le parti travailliste est leur cible principale, qu’il faut y détourner les jeunes des critiques contre Israel. A cet effet, tous les coups bas sont permis. Outre les voyages « guidés » en Israël aux frais de la princesse, des postes et tremplins pour leur carrière, des sommes rondelettes leur sont proposés par le lobby en relation étroite avec l’ambassade d’Israel, s’ils acceptent de les aider à dégommer des mouvements étudiants et autres organisations de gauche, les responsables qui dénoncent la politique israélienne. A coup de calomnies, de rumeurs, et des « classiques » accusations d’antisémitisme.
Malia Bouattia, une responsable du mouvement étudiant, calomniée et particulièrement visée par la campagne d’intox du lobby israélien
Israel est particulièrement inquiet à la suite de l’élection outre-Manche, à la tête du Parti Travailliste, de Jeremy Corbyn, un homme qui défend franchement les droits du peuple palestinien et demande des sanctions contre l’Etat d’apartheid.
Certes, le Parti Travailliste est aujourd’hui dans l’opposition, mais ce n’est pas forcément pour toujours, et l’objectif israélien est donc de le faire « rentrer dans le rang ».
D’autant que la campagne BDS a gagné du terrain dans de nombreux campus universitaires, ainsi que dans le milieu syndical et des municipalités britanniques ces dernières années, parallèlement à l’amplification sans fard de la colonisation et des violations des droits des Palestiniens par le régime fasciste israélien.
Les reportages d’al-Jazeera, d’une durée totale de plus d’une heure divisée en 4 épisodes, montrent de ce point de vue les multiples initiatives israéliennes pour « dégommer » Corbyn et ses nombreux partisans.
La scène tournée à la Conférence annuelle du Parti Travailliste en septembre dernier à Liverpool est particulièrement instructive. On y voit notamment la présidente des Amis Travaillistes d’Israël, la députée Joan Ryan, incapable de répondre à la plus bénigne des questions sur les colonies, se contentant de bêler qu’elle est « pour la solution à deux Etats », avant de mettre fin abruptement à sa conversation avec une militante soucieuse des droits du peuple palestinien, la déléguée Jeans Fitzpatrick. Pour tenter de se venger, Joan Ryan accusera le lendemain sa contradictrice d’avoir prononcé « des paroles antisémites », parfaitement imaginaires, et il faudra plusieurs semaines avant que la commission de discipline du parti rende son honneur à Mme Fitzpatrick, de la Palestinian Solidarirty Campaign.
Le reporter d’al-Jazeera, qui a réussi à se faire recruter par le lobby, assiste à d’autres scènes scandaleuses : les menaces physiques proférées par une jeune femme nommée Ella Rose, elle aussi des Labour Friends of Israel, qui se vante d’avoir passé une année de formation dans des organismes israéliens (où elle aurait appris, entre autres, le Krav Maga !), et qui se propose de boxer une sympathisante de Corbyn, Mme Jackie Walker, qui a une expérience de plusieurs décennies de lutte contre le racisme et les bandes fascistes britanniques. La scène où Mme Rose fond en larmes parce que sa subordination à l’Etat d’Israël a été mise au jour est particulièrement savoureuse.
L’offensive israélienne contre la campagne BDS fait également appel au « grand frère » états-unien, l’AIPAC, qui se vante d’avoir les 535 parlementaires fédéraux des USA dans sa poche.
Bref, l’enquête réalisée par le service anglophone de la chaîne qatarie a bien plombé la campagne de désinformation israélienne.
Même si le gouvernement britannique a déclaré « l’incident clos » après les excuses de l’ambassadeur à Londres Marc Regev et le renvoi au pays de Masot, la « déligitimation » de l’Etat d’Israël, pour reprendre le jargon inventé par ces officines, aura été largement boostée par les intéressés eux-mêmes.
La série « The lobby », découpée en quatre épisodes de 25 minutes chacun, est accessible (en langue anglaise, avec beaucoup d’incrustations de textes et citations facilitant la lecture par quelqu’un ne maîtrisant pas complètement la langue de Shakespeare) à partir des 4 écrans suivants (vus des centaines de milliers de fois depuis le début du week-end)
Episode 1 :
Episode 2 :
Episode 3 :
Episode 4 :
CAPJPO-EuroPalestine