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« La Nakba israélienne », par Gideon Levy

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Le journaliste israélien Gideon Levy, qui a souvent reçu des menaces de mort en Israel, persiste et signe : il est l’un des rares Israéliens à montrer publiquement le visage hideux de l’occupation israélienne, et à appeler au boycott d’Israël.


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Il écrit à nouveau dans Haaretz :

« Israël doit se draper dans la douleur sur ce qui est arrivé depuis ce terrible été de 1967, quand il a gagné une guerre et a perdu presque tout. C’est une année jubilaire : 50 ans après la plus grande catastrophe juive depuis l’Holocauste, 50 ans après la plus grande catastrophe palestinienne depuis la Nakba. C’est le jubilé de leur deuxième et de notre première Nakba.

Un moment avant le début des célébrations pour marquer le 50e anniversaire de la « libération » des territoires, il faut nous rappeler que ce fut un désastre. Un grand désastre pour les Palestiniens, bien sûr, mais aussi une catastrophe funeste pour les Juifs ici. 2017 devrait être une année d’introspection en Israël, une année de tristesse sans pareil. Mais il est clair qu’elle ne le sera pas. Au lieu de cela, le gouvernement envisage d’en faire une année de célébration, en célébrant l’occupation. Dix millions de shekels (2,74 millions de dollars, 2,57 millions d’€) ont déjà été alloués pour célébrer les 50 ans de suppression d’un autre peuple, 50 ans de pourriture et de destruction interne. (…)

Tout cela a commencé en 1967. Non que 1948 ait été si pur, loin de là, mais 1967 a accéléré, institutionnalisé et légitimé le déclin. Il a donné naissance au mépris permanent pour le monde, à la vantardise et l’intimidation. En 1967, l’occupation a commencé. Elle s’est métastasée sauvagement vers l’intérieur, des barrages routiers en Cisjordanie aux boîtes de nuit à Tel-Aviv, des camps de réfugiés aux routes et aux queues de supermarchés. La langue d’Israël est devenue le langage de la force, partout. Le succès de la guerre des Six Jours était trop pour lui – certains succès sont comme ça – et c’est après qu’est venue la fanfaronnade : « tout nous est permis, à nous ».

Gideon Levy

(Traduit par Fausto Giudice)

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A LIRE EGALEMENT, SON APPEL AU BOYCOTT D’ISRAEL :

« Boycottez les boycotteurs », par Gidéon Levy

Alors, qu’Israël a imposé un boycott culturel, académique, politique, économique et militaire aux territoires occupés,qu’il menace d’agresser la flotte humanitaire qui navigue en direction de Gaza, Gidéon Lévy, journaliste israélien, dénonce le chantage à l’antisémitisme et trouve légitime de « Boycotter les boycotteurs ».

 » Alors qu’il est admis que le boycott de l’Afrique du Sud a entraîné la chute du régime, ici, en Israël on considère que comparer les deux situations n’a absolument aucun sens.

La plupart des gens ici sont horrifiés à l’idée que qui que ce soit à l’étranger puisse envisager de boycotter leur pays, leurs produits et leurs universités. On considère en effet en Israël que les boycotts sont illégitimes. Celui qui appelle au boycott est considéré comme un antisémite, quelqu’un qui déteste Israël et qui remet en question le droit à l’existence du pays.

En Israël même, ceux qui appellent au boycott sont traités de traîtres et d’hérétiques. L’idée qu’un boycott, même partiel, puisse convaincre Israël de changer de politique – pour son propre bien- n’est pas tolérable ici.

Même une démarche logique et évidente – comme le boycott de l’Autorité Palestinienne des produits fabriqués dans les colonies- est considéré comme une provocation par les Israéliens hypocrites. De plus alors qu’il est admis que le boycott de l’Afrique du Sud a entraîné la chute du régime, ici, en Israël, on considère que c’est ridicule de comparer les deux situations.

On pourrait à la rigueur comprendre ces réactions intransigeantes si Israël n’était pas lui-même un des plus actifs boycotteurs de la planète. Non seulement il boycotte, mais il enjoint, et parfois même force d’autres pays à faire de même. Israël a imposé un boycott culturel, académique, politique, économique et militaire aux territoires occupés. Presque personne ne conteste la légitimité de ce boycott. Mais boycotter le boycotteur ? Ca c’est inconcevable.

Le boycott le plus brutal et le plus net est bien sur le siège de Gaza et le boycott du Hamas. A l’injonction d’Israël presque tous les pays occidentaux se sont ralliés au boycott avec un empressement inexplicable. Ce n’est pas seulement un siège qui a maintenu Gaza dans l’indigence ces trois dernières années, non c’est en fait un total (et ridicule) boycott du Hamas excepté pour les pourparlers pour libérer le soldat Gilad Shalit. C’est toute une série de boycotts culturels, académiques, humanitaires et économiques. Israël fait pression sur presque tous les diplomates pour les empêcher d’aller se rendre compte sur place de la situation à Gaza.

De plus Israël interdit l’entrée de Gaza à l’aide humanitaire. Il faut noter que le boycott ne concerne pas seulement le Hamas, mais s’étend à tout Gaza et à tous ceux qui y vivent. Un convoi de navires va bientôt se rendre d’Europe à Gaza pour essayer de briser le siège et apporter des tonnes de matériel de construction, des maisons préfabriquées, et des médicaments. Israël a annoncé qu’il projetait d’arrêter les navires. Un boycott est un boycott.

Docteurs, professeurs, artistes, juristes, intellectuels, économistes, ingénieurs, personne n’est autorisé à entrer à Gaza. C’est un boycott absolu qui porte la mention « made in Israël ». Ceux qui disent que les boycotts sont immoraux et inefficaces boycottent Gaza sans hésitation.

Israël essaie aussi de convaincre le monde entier de boycotter l’Iran. Mais la folie du boycott ne concerne pas seulement Gaza et l’Iran, elle affecte aussi tous ceux qui arrivent en Israël ou en Cisjordanie. Si quelqu’un est soupçonné de sympathie envers les Palestiniens ou s’il parait se soucier de leur sort alors il est boycotté et expulsé. Parmi eux, un clown venu organiser un festival, un militant pour la paix qui devait participer à un colloque, des scientifiques, des artistes, des intellectuels qui ont été soupçonnés de soutenir la cause palestinienne. C’est un boycott culturel et académique tous azimut, exactement le type de boycott que nous refusons de subir.

Mais la liste des boycotts que le pays anti-boycott effectue ne s’arrête pas là. Même un organisme comme J Street, qui se dit pro-israélien, a senti peser sur lui la menace du boycott israélien. Nous, nous avons le droit de boycotter J Street qui milite pour la paix, mais nous ne supportons pas qu’on boycotte nos produits en provenance des colonies qui ont été construites sur de la terre volée.

Refuser l’entrée d’un professeur qui veut se rendre à une université de Gaza ne s’appelle pas du boycott, mais rompre ses liens avec des institutions israéliennes spécialisées dans la formation rapide d’officier de l’armée et d’experts en interrogatoires des services de sécurité du Shin Bet (des gens qui sont souvent considérés dans le monde entier comme des complices de crimes de guerre) est verboten.

Oui, un Israélien qui vit en Israël aura du mal à défendre les vertus d’un boycott interne auprès d’une personne qui ne boycotte pas son propre pays ou sa propre université. Mais il a le droit de croire qu’un boycott pourrait forcer son gouvernement a mettre fin à l’occupation. Tant que cela ne coûte rien aux Israéliens il n’y aura pas de changement.

C’est une attitude morale et légitime. Elle n’est pas moins morale ou légitime que celle de ceux qui affirment que le boycott est un outil immoral et inefficace tout en s’en servant contre d’autres. Vous êtes contre le boycott d’Israël ? Alors cessons de boycotter les autres. »

Gideon Levy – Haaretz

(Traduction de l’anglais : Dominique M sur www.info-palestine.net.)

CAPJPO-EuroPalestine

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